Novak Djokovic a touché du doigt la perfection pour s'octroyer dimanche son 6e titre en 2011, à Madrid, mettre fin aux deux ans d'invincibilité sur terre battue de Rafael Nadal (7-5, 6-4), et donner du corps à son ambition de remporter Roland Garros et de devenir n°1 mondial. Avec un mental désormais à la hauteur de son jeu, le Serbe, déjà vainqueur en quart de finale d'un autre grand terrien, David Ferrer, a montré qu'il possédait en son revers l'arme absolue pour faire douter Nadal, y compris sur terre battue. En usant et abusant de ce coup pour l'acculer loin derrière sa ligne de fond et le pousser à la faute, Djokovic a aligné sa troisième victoire consécutive cette saison sur l'Espagnol en finale d'un Masters 1000, après Indian Wells et Miami. C'est aussi la première fois, en dix tentatives, que le n°2 mondial, toujours invaincu en 2011, soit 32 matches d'affilée sans défaite et six titres (Open d'Australie, Dubai, Indian Wells, Miami, Belgrade et Madrid), parvient à faire tomber Nadal sur terre battue. Battu par Nadal ici-même il y a deux ans en demi-finale, après avoir eu trois balles de match, Djokovic a montré tous les progrès accomplis. Il a contrôlé le match d'un bout à l'autre. Jouant souvent trop court, plus fragile sur son coup faible, le revers, Nadal n'a pu opposer que son cœur en défense comme sur cet invraisemblable coup entre les jambes transformé en lob, l'un des gestes les plus incroyables qu'il ait été donné de voir sur un court de tennis. «Il a extrêmement bien joué, en particulier avec son revers, a remarqué Nadal. Je dois être plus agressif sur mon coup droit. Il est mentalement très fort maintenant, il ne fait pas d'erreur. Il joue avec énormément de confiance.» «C'est incroyable» Avec ce succès sur le tenant du titre à Madrid, son 8e dans un Masters 1000, le Serbe frappe un grand coup en vue de Roland-Garros, pour lequel il peut être désormais considéré un favori à l'égal de Nadal, quintuple vainqueur du tournoi parisien. Il marque également des points importants en vue de la place de n°1 mondial, qui devient un objectif très raisonnable à court terme. «C'est incroyable, a avoué Djokovic. Je suis entré sur le court aujourd'hui en croyant que je pouvais gagner. Je suis extrêmement content de la manière dont j'ai joué. Je savais que j'avais ma chance dans de telles conditions, un peu plus rapide que d'habitude sur terre.» Nadal, quant à lui, voit sa série d'invincibilité sur terre prendre fin. Il n'avait plus cédé sur cette surface depuis son échec face au Suédois Robin Söderling en 8e de finale de Roland-Garros en 2009, soit 37 matches sans défaite. Mais il traversait alors l'une des pires périodes de sa carrière et n'était pas au meilleur de sa forme. Cette défaite-ci ne souffre d'aucune discussion. Même si le Serbe a profité des conditions spécifiques à Madrid, où la terre battue est plus rapide qu'ailleurs en raison de l'altitude. Nadal ne renouvellera pas son incroyable exploit de la saison dernière, lorsqu'il avait réussi le Grand Chelem sur terre, en étant titré à Monte Carlo, Madrid, Rome et Roland-Garros. L'Espagnol n'avait perdu que quatre sets au cours de ces 37 matches, dont un samedi en demi-finale face au Suisse Roger Federer, ce qui situe bien la valeur de Djokovic.