Les éléments de la brigade économique et financière (BEF) de la sûreté de wilaya d'Annaba ont mis au jour ce qui apparaît être un réseau de trafic d'équipements, matériels et accessoires hydrauliques importés par l'Etat pour les besoins des structures décentralisées du ministère des Ressources en eau. Animé par ce que les magistrats ont déjà qualifié de membres d'une association de malfaiteurs, ce réseau a pratiquement mis à sac le magasin des équipements, matériels et accessoires hydrauliques de la Société de l'eau et de l'assainissement d'El-Tarf et Annaba (Seata). Il est composé de cadres dirigeants, d'exécution et agents dont plusieurs sont poursuivis dans l'affaire du détournement de deniers publics de l'agence de comptabilité de la Ménadia. Elucidée l'affaire du détournement des deniers publics, c'est une autre de plus grande envergure qui est mise au jour dans la même entreprise dissoute fin 2014. L'audit interne entamé par la direction de l'Algérienne des eaux d'Annaba a confirmé le bien-fondé de l'information portant sur la disparition de plus de 4 000 compteurs à eau et autres joints importés. Et c'est à la suite d'une plainte déposée par les responsables de l'ADE que les enquêteurs de la BEF ont lancé leurs investigations. Ainsi, comme si les poursuites judiciaires, procédure de mise sous contrôle judiciaire, de liberté provisoire, humiliation, abus de confiance, trafic d'influence..., ayant ponctué l'instruction du dossier par la chambre n°2 du tribunal d'Annaba, ne suffisaient pas, voilà que la même cohorte de mis en cause est interpellée une nouvelle fois. C'est dire que les deux directeurs généraux qui s'étaient succédé à la Seata sont, depuis quelques jours, dans une situation humainement invivable. C'est que l'affaire des 4 000 compteurs disparus en l'espace de trois années des magasins de la Seata avait pris une telle ampleur qu'aussitôt saisie du dossier, la direction de l'ADE Annaba a ordonné l'audit. Cette affaire implique deux gros fournisseurs et, aussi paradoxal que cela puisse être, gros clients de la Seata. Ils achetaient à des prix excessivement bas auprès des cadres et agents véreux les compteurs de différents diamètres et calibres acquis par l'entreprise à l'importation au prix fort . Par la suite, les mêmes compteurs sont rétrocédés à la Seata à des coûts très élevés. Même la mafia russe n'avait pas fait aussi bien avec les cargaisons fictives de concentré de tomate au titre de paiement de la dette algérienne des années 1990. Outre la pratique de ces deux clients/fournisseurs, il y a également la contrebande de compteurs à eau algériens à destination de nos voisins de l'est et de l'ouest. L'on a découvert les compteurs algériens portant la griffe Seata/ADE chez des promoteurs immobiliers tunisiens. Le même type de compteurs importés était également commercialisé dans la wilaya d'Oran. A Annaba, les commerçants, dont les deux fournisseurs, les exposaient carrément sur leurs étalages. Mais que vient faire dès lors cette autre quantité de compteurs à eau portant la griffe ADE des wilayas de Guelma et Skikda ? C'est dire que cette affaire forme un véritable écheveau que les enquêteurs de la BEF veulent démêler pour s'occuper d'autres affaires. Actuellement, au siège de la défunte Seata, les travailleurs s'impatientent de voir lancer l'enquête sur les graves anomalies relevées dans la gestion des comptes sociaux en charge du Comité de participation. Chaque jour qui passe donne aux 2 500 salariés de la Seata, la sensation de se rapprocher d'une fatalité car, pour eux, le problème aujourd'hui se situe bien au-delà de l'acte de licenciement infligé au premier directeur général et de la mise en quarantaine de son successeur, tous les deux en liberté provisoire. Pour l'heure, tant du côté de l'ADE que des cadres, agents incriminés et leurs avocats, l'on se refuse à toute déclaration. «Tout ce que je peux dire est que le dossier d'accusation entre les mains des magistrats est bien consistant pour la première comme pour la seconde. Il y aura éventuellement une 3e affaire. Elle devrait porter sur la gestion des finances en charge du comité de participation», s'est limitée à révéler une source judiciaire proche du dossier.