Plus de 80 000 anciens clients de Khalifa Bank en liquidation ont été soit indemnisés, soit remboursés, a indiqué, hier à Blida, le liquidateur judiciaire de cette banque, Mouncif Badsi. Plus de 76 000 des clients de Khalifa Bank concernés par l'indemnisation plafonnée par la loi à 600 000 de DA ont été payés par la liquidation à ce jour, et près de 6 000 autres concernés par l'apurement réservé aux grands déposants ont été remboursés, a souligné M. Badsi dans une déclaration , en marge du procès de Khalifa Bank. Quelque 106 349 clients Khalifa Bank, objet du procès en cours au tribunal criminel près la cour de Blida, sont concernés par cette indemnisation dont le montant global s'élève à 7,6 milliards de DA, selon les chiffres avancés par ce responsable. Sur les 106 349 clients, 76 166 ont perçu un total d'indemnisation de 7,2 milliards DA, alors que les 30 000 restants sont des petits déposants, qui n'ont pas encore été payés jusqu'ici. Le liquidateur a expliqué qu'en réalité, quelque 5 000 des 30 000 clients seront indemnisés pour un montant global de 430 000 DA, le reste disposant, alors, d'avoirs insignifiants, relevant qu'il était «à l'aise» quant à ce dossier. S'agissant des titulaires de comptes importants concernés par l'apurement fixé à 10% de la valeur des sommes déposées, M. Badsi a précisé que sur les 11 494 créanciers, dont le montant global à rembourser s'élève à 120,66 milliards de DA, près de 5 000 ont été réglés. «Nous avons versé à près de 5 000 grands déposants un total de 2,3 milliards de DA, et il nous reste 4 000 personnes à qui nous devons 76 milliards de DA, mais nous ne pouvons malheureusement leur rembourser que six milliards de DA dont nous disposons pour l'instant», a précisé M. Badsi présent au procès de l'affaire Khalifa Bank depuis son ouverture le 4 mai dernier. Il a expliqué, à ce propos, que l'opération d'apurement menée par son équipe a donné lieu à l'élimination de 2 623 demandes, pour des raisons de «forme et de non conformité» aux conditions d'indemnisation. En fait, certains déposants usurpateurs ont profité des circonstances de la banqueroute pour réclamer des avoirs qui ne sont pas les leurs, comptant sur un éventuel non-contrôle, a-t-il dit. M. Badsi a indiqué que la liquidation a récupéré dernièrement une somme de sept milliards de DA qui sera versée au clients créanciers de la banque dans le cadre de l'apurement. A ce titre, il a précisé que la liquidation pourrait revoir à la hausse le taux de remboursement dans le cadre de l'apurement des dossiers des grands déposants de 10% à 12% si elle parvenait à récupérer les créances de Khalifa Bank détenus auprès des débiteurs qui se chiffrent à environ 34 milliards de DA. Le liquidateur a affirmé qu'il n'était pas en mesure de rembourser la totalité des avoirs des clients faute d'argent, en affirmant que la somme de 97 milliards de DA que l'ancien PDG de Khalifa Bank «prétendait», lors du procès, avoir laissé dans sa caisse principale, «n'existait que sur les documents». «Les caisses étaient vides», et l'accusé «peut raconter ce qu'il veut pour sauver sa tête», a-t-il dit. M. Badsi a, par ailleurs, fait savoir que sur la décision de la commission bancaire, la liquidation a déposé auprès du tribunal 60 tomes reliés, constituants tous les documents fondamentaux de la banque (dépôts, décomptes...) qui deviennent publics, donc, accessibles à toute personne désirant les consulter. Il a relevé que la liquidation remettait périodiquement un rapport sur son travail à la commission bancaire, et qu'elle n'avait pas de ce fait de compte à rendre directement à la justice. M. Badsi a également indiqué que l'opération liquidation de Khalifa Bank sera clôturée dans deux à trois années. Interrogé sur la récupération des biens du groupe Khalifa à l'étranger, M. Badsi a répondu que la liquidation n'a rien récupéré, précisant que la villa de canne (France) propriété de la compagnie aérienne du groupe, Khalifa Airways, avait été «bradée» par la liquidatrice désignée par la justice française. M. Badsi a qualifié, à ce titre, que le procès de Abdelmoumene Khalifa en France d'«injustice flagrante». L'affaire Khalifa Bank a éclaté après la découverte par la Banque d'Algérie d'un trou de 3,2 milliards de dinars. Le liquidateur judiciaire a été désigné à la tête de cette banque en mars 2003.