Les responsables et cadres des Offices de promotion et gestion immobilières (OPGI) de certaines wilayas de l'ouest du pays, ont nié, jeudi à Blida, les faits qui leurs sont reprochés dans l'affaire Khalifa, indiquant que les placements effectués au niveau de l'agence de Khalifa Bank d'Oran ont été faits conformément à des conventions signées entre les deux parties. Les directeurs des OPGI qui répondent aux accusations de corruption, de trafic d'influence et bénéfice de privilèges et d'avantages en contrepartie de placements au sein de Khalifa Bank ont nié en bloc les faits et ont affirmé qu'«ils ont procédé à ces dépôts en vertu de conventions signées entre leurs entreprises et ladite banque, et avec l'aval, pour certains d'entre eux de leurs conseils d'administration respectifs». L'ex-chef de service des finances et du budget à l'OPGI de Relizane, Bencetta Ali Tayeb, a déclaré devant le juge Menouar Antar qu'il avait déposé un montant de trois milliards de centimes, conformément à la convention signée par le directeur général, Bacha Said, et ramenée à l'unité par son directeur, Ouail Abdelhamid. Ce dernier confirme les propos du chef de service précisant que la direction générale de l'OPGI a déposé 80 millions de dinars et UPI (unité de promotion immobilière) 30 millions de dinars. Le chef de service de l'administration et de la comptabilité de l'OPGI de Relizane Berkat Benachir, a pour sa part indiqué qu'il avait procédé au placement de 80 millions de dinars, comme le stipulait la convention signée entre son entreprise et la banque Khalifa, en réponse au procureur. L'ex-directeur de l'Agence foncière d'Aïn Témouchent a expliqué qu'il avait effectué des placements sur plusieurs tranches, en retirant prés de 100 millions de dinars de la BDL et du CPA, selon la convention signée suite à une résolution du conseil d'administration. L'ex-PDG de l'entreprise publique de réalisation des grands œuvres d'Oran, Belhachemi Khedouja, a expliqué que le placement de 229 millions de dinars au sein de la Banque Khalifa a été motivé par les taux d'intérêt alléchants, mais aussi par les «dysfonctionnements» constatés au sein des banques publiques. Elle déclare détenir des copies des résolutions du conseil d'administration qui lui demandait de procéder à des «placements à des taux attractifs», ajoutant en réponse à une question du procureur sur les garanties que «la garantie pour nous était que cette institution financière était agréée par la Banque centrale». Les accusés qui ont comparu devant le juge ont tous infirmé avoir pris des «commissions, bénéficier de carte de transport gratuit sur Khalifa Airways», allant jusqu'à dire, pour certains, que les noms qui figurent sur les listes trouvés au sein des agences Khalifa ne sont autres que des homonymes et non pas des membres de leurs familles. Il est à signaler qu'au neuvième jour du procès Khalifa, qui se poursuivra samedi, dix accusés ont comparu devant le juge. Au total, 71 accusés (après le décès de 5 autres) sont actuellement jugés dans ce même procès. 21 accusés sont en détention alors que les autres comparaissent libres. Outre la partie civile et les victimes, plus de 300 témoins seront entendus dans cette affaire. L'ex-PDG de Saidal déclare avoir refusé de déposer l'argent à Khalifa Bank L'ex-président-directeur général (PDG) du groupe Saidal, Ali Aoun, a affirmé jeudi devant le tribunal criminel près la Cour de Blida qu'il était l'un des trois gestionnaires sur 25 du groupe Saidal ayant «refusé» de faire des dépôts d'argent au niveau de la banque Khalifa «malgré l'instruction émanant du directoire du Fonds de participation de l'Etat». Lors de son audition par le juge au 9e jour du procès de l'affaire Khalifa, l'ex-PDG du groupe Saidal a indiqué que son implication dans cette affaire relève d'une «série de tentatives menées contre sa personne», afin, a-t-il dit, de «m'écarter de la gestion du groupe». Il a affirmé avoir «toujours refusé de procéder au dépôt de l'argent de Saidal dans la banque Khalifa, malgré l'instruction du Fonds de participation de l'Etat de diversifier les banques pour les dépôts». Dans ce sens, il a déclaré devant le juge que ce refus «lui a valu un blâme de la part de ce même directoire». Le juge Antar Menouar a interrogé Ali Aoun, accusé dans cette affaire de «corruption et de trafic d'influence» notamment, sur les quatre comptes que détenaient les unités de distribution de médicaments du groupe au niveau des agences Khalifa. «Les quatre comptes appartenaient à des unités de distribution, sachant que sur les 300 clients grossistes de Saidal, 60 % payaient par chèque Khalifa. C'est une manière d'escompter ces comptes et cela se faisait le jour même», a expliqué M. Aoun, ajoutant que Saidal «disposait d'un compte au niveau du crédit populaire d'Algérie qui l'a beaucoup aidé pour relancer le groupe». Il a aussi relevé qu'un montant de 59,6 millions de dinars a été récupéré, grâce une technique de gestion qu'il avait lui-même initiée, appelée «transfert de créances». Revenant sur la convention conclue avec le groupe Khalifa médicament, Ali Aoun a précisé que la convention a été signée par l'une des filiales du groupe qui jouissait d'une autonomie financière et de gestion. Il a souligné également que le projet entre la filiale de Saidal, Pharmal, et le groupe Khalifa consistait à produire une trithérapie pour sidéens, dont le coût devait être totalement à la charge du groupe Khalifa. Le groupe privé qui disposait déjà, selon Aoun, du dossier technique, devait importer la matière première, aménager le local et assurer la formation des travailleurs. Concernant le véhicule de marque Citroën, considérée par l'accusé comme «mesure d'accompagnement au projet», Ali Aoun a déclaré qu'il «ne s'était rendu compte que la carte jaune était à son nom que six mois plus tard», insistant sur le fait qu'il avait «payé son prêt auprès du liquidateur avec intérêts en avril 2004». «Pourquoi le groupe Khalifa aurait-il cherché à me corrompre ?» s'est-il interrogé, ajoutant que c'est «plutôt le groupe Saidal qui était bénéficiaire dans cette affaire». Quant à la carte d'accès au complexe de thalassothérapie de Sidi Fredj, l'ex-PDG de Saidal a soutenu que «non seulement, il n'avait jamais utilisé cette carte, mais qu'il ne l'avait jamais vue».