Il y a eu des changements de gouvernement, il y a eu nombre de remaniements, mais qu'y a-t-il comme changement ? C'est pratiquement le même gouvernement qui a géré les affaires du pays depuis la mi-décennie 90. Quand c'est le même gouvernement, alors qu'il y a eu changement de président, il serait légitime de se poser la question de savoir à qui réellement imputer la paternité du programme appliqué. Serait-il possible que Zeroual et Bouteflika possèdent deux programmes différents qu'ils font appliquer par le même gouvernement ? Quel hasard avait fait que les deux présidents aient rencontré les mêmes hommes pour qu'ils constituent leur gouvernement ? Qui a fait qui ? Qui a fait quoi ? Plusieurs combinaisons. La première. Zeroual a fait cadeau à Bouteflika de son programme et de son gouvernement. Soit les hommes, les textes les idées et le mode d'emploi. La deuxième. Les auteurs des «instructions d'en haut» ont désigné Zeroual, ont choisi les hommes qui vont le gérer, ont donné à ces derniers les principales orientations qu'ils vont transformer en programme, ont décidé du moment où Zeroual doit partir (un scénario a été mis en place avec des quotidiens activés), puis ont désigné Bouteflika et les hommes qui vont le gérer avec un programme remanié. Dans les deux cas, ce ne sont pas les mêmes présidents, mais c'est le même gouvernement, à quelques changements près. S'il y a des insuffisances, des insuffisances trop lourdes, faut-il les imputer aux deux présidents ou au même gouvernement ? Nous ne sommes plus dans la situation où les gouvernements (plutôt les chefs de gouvernement) jouent le rôle de fusible des présidents. On a bien vu que les présidents partent et le gouvernement reste. Si on demande par exemple au gouvernement de faire son bilan, il s'agit d'un bilan qui doit commencer en 1996, quand l'alliance s'appelait coalition. Il ne s'agirait pas de bilans Zeroual, Bouteflika, mais d'un bilan de la coalition alliance qui a changé de nom pour tromper l'adversaire et faire croire à la diversité. Habilement, le président est poussé à jouer le rôle de fusible. Les membres du gouvernement ont vulgarisé la thèse selon laquelle c'est le président qui décide de tout. Il est l'unique source du pouvoir. Rien ne pourra se faire sans son accord. Rien ? Vraiment rien ? C'est grave. Lui faudrait-il endosser la responsabilité de tous les péchés commis à son ombre ? Un deuxième Jésus ?