Les islamistes qui activent légalement sont fatigués de trop avoir donné la chasse aux démocrates. Parfois, ils sortent de leur léthargie quand l´opportunité leur est offerte, puis se rendorment aussitôt. Quant aux démocrates, ils en ont fini de pourfendre les islamistes. Le jeu, pour les deux courants, n´en vaut plus la chandelle. Le pouvoir a fini par les exténuer, les réduire à l´état de «sans voix» et quand il leur arrive de parler, d´élever le ton, de se plaindre, c´est pour faire le constat de leur impuissance. Mais quand on parle de pouvoir, on ne l´identifie jamais. On accrédite volontiers la thèse que le président est la source unique du pouvoir : on dit aussi des partis de l´alliance qu´ils sont au pouvoir. Serait-ce pour devenir le pouvoir, pour être les instruments du pouvoir, ou bien tout simplement parce qu´ils ne sont pas dans l´opposition? Il y a cependant un constat à faire: les présidents viennent et partent mais les partis au pouvoir ou du pouvoir demeurent. De même, ceux qui étaient dans l´opposition du temps de Zeroual sont encore dans l´opposition, cette fois-ci à Bouteflika. Deux remarques sont alors à faire. Zeroual est parti, mais en partant, il a fait cadeau de «ses» partis à Bouteflika. Le seul changement est que la coalition a changé de nom pour s´appeler «alliance». Coalition autour de Zeroual contre l´opposition, alliance autour de Bouteflika contre l´opposition. Coalition ou alliance, c´est toujours la même. L´opposition, c´est encore la même. La ligne de fracture entre le pouvoir et l´opposition, opposait-elle Zeroual à l´opposition, puis Bouteflika à la même opposition, ou alors la coalition à l´opposition, puis l´alliance à l´opposition? Donc quand Bouteflika est venu, il est rentré dans le moule, en héritant des mêmes soutiens et de la même opposition, ce qui reviendrait à dire que rien n´a réellement changé et que rien ne peut réellement changer. Finalement, l´opposition à la coalition a glissé pour devenir opposition à Zeroual, et l´opposition à l´Alliance a glissé pour devenir opposition à Bouteflika. Zeroual est venu, puis il a été déstabilisé et il est reparti. Par contre, la coalition n´a pas été déstabilisée et n´est pas repartie. Zeroual ne vient pas du même horizon que Bouteflika. Des idées différentes, des cursus différents. Et pourtant, les deux sont pris en charge par la même «trilatérale» qui leur a fourni la même majorité présidentielle. S´agit-il alors d´une majorité présidentielle qu´a construite le président, tant l´ancien que l´actuel, ou alors d´une majorité appartenant à l´alliance qu´on a appelée à l´occasion «présidentielle» pour prendre en charge le président? Il y aurait donc en présence un pouvoir temporaire, celui du président, et un pouvoir durable, celui de l´alliance qui avait changé de nom, mais pas de visage. Alors, si le président veut bien donner son bilan, le bilan de l´alliance commence avant celui de l´actuel président pour englober ce dernier. L´alliance serait alors en attente du futur président pour le faire hériter de la même majorité présidentielle.