Bordj Bou-Arréridj, à l'image de toute l'Algérie qui en recèle, est riche de vestiges antiques qu'on ne se donne pas la peine de voir de plus pires pour pouvoir remonter loin dans le temps. Pour celui qui s'intéresse aux sites anciens, l'Algérie est beaucoup plus riche que les pays méditerranéens qu'on a coutume de visiter pour connaître leur passé. Où que l'on aille, en Algérie on découvre des lieux porteurs de marques historiques. Là, c'est une fontaine construite dans un style dont seuls les connaisseurs, spécialistes en archéologie ou en histoire peuvent vous apporter des indications sur ses origines. Plus loin, c'est une plaque portant des caractères d'une écriture ancienne aujourd'hui inconnue. On n'a pas sensibilisé les jeunes à l'importance de l'histoire comme fondement d'une culture solide. Ainsi que de grottes, de ruines multimillénaires de tombes, de symboles gravés dans la pierre, d'outils de mots demandent à être interrogés pour vous livrer de précieuses informations sur notre passé ! Beaucoup d'endroits comme Ténès ou Tamenfoust donnent à voir des superpositions d'édifices représentatifs d'étapes historiques allant des Phéniciens à nos jours. Exploration par un archéologue, Kamel Mokhtari, enfant du pays Travail d'un enfant de Bordj Bou Arréridj, sitôt pourvu du diplôme d'archéologue qui l'officialise dans ses recherches avec des orientations de travail précises pour des investigations fructueuses. En écrivant cet ouvrage intitulé « Ruines et civilisations » riches d'enseignements malgré sa brièveté, Kamel Mokhtari a apporté un plus considérable à la connaissance de notre patrimoine. Nul doute qu'il pourra susciter d'autres vocations de chercheur. Beaucoup de nos jeunes ne connaissent pas le passé de leur pays. Pour la présentation de son travail d'investigation, notre archéologue a procédé méthodiquement : respect de la chronologie, illustration, dotation des faits et objets. Ce qui rend agréable la lecture et suscite l'envie de connaître auprès des plus jeunes. Kamel Mokhtari parle d'abord de la période préhistorique devant s'étaler sur des millénaires d'histoires dont on retrouve quelques vestiges : outils en silex destinés à des travaux manuels, « l'agriculture traditionnelle. Ça et là on a découvert des gravures taillées dans la roche dont des inscriptions lyriques, ancêtres de l'alphabet berbère. L'auteur a donné des indications précises sur les sites archéologiques sous forme de ruines : de Sidi Embarek, Tagalaït, Rabta, El Ksour, Ghalaïssa. Toute cette reconstitution d'un passé lointain montre que nos aïeux étaient nombreux à Bordj Bou-Arréridj et qu'ils ont su faire face aux aléas de la vie sur les plans : vestimentaire, alimentaire, artisanal. Les ressources étaient essentiellement d'origine agricole, animale, minérale. Puis ce fut la période romaine débuté avant l'ère chrétienne, Cherchell, Tipasa et Timgad ayant été construite peut être plus d'un siècle avant l'avènement du christianisme. Bordj Bou-Arréridj a été marquée jusqu'à 430 ans après J.C par la colonisation romaine dont il est resté des vestiges : des moulins à huile remontent aux Phéniciens, des constructions et canaux hydrauliques, d'acqueducs pour l'irrigation des terres. Souvenez-vous ce qu'on disait à l'époque de l'Algérie : qu'elle était le grenier de Rome. Parmi les villes romaines dont il reste aujourd'hui de nombreux vestiges, il y a celle de Hammadia signalée par les ruines d'édifices portant des inscriptions latines et des motifs architecturaux d'une civilisation qui se voulait florissante pour consolider une colonisation qu'elle sert en premier lieu. Toutes les ruines romaines montrent bien à quel point les conquérants ont essayé jusqu'à leurs descendants de la dernière génération, de se maintenir pour mieux se servir. On y voit des ruines de villes qui avaient été construites au profit exclusif d'une colonisation de peuplement. Et comme les Romains écrivaient sur les pierres en gravant dans la pierre, on n'a pas de mal à retrouver les noms des constructeurs, des chefs qui ont gouverné, fondé, organisé la vie. On a trouvé par exemple cette inscription « Cet aqueduc bien conservé a été réparé sous le règne des deux Philippe. Les noms des empereurs y ont été martelés légèrement dans l'antiquité ». Les Musulmans, après l'avènement de l'Islam ont su marquer leur différence par la construction au style arabo islamique, les industries en tous genres et les pratiques agricoles ou artisanales de cette période ancienne ou le machinisme n'avait pas encore fait son apparition. Les vestiges sous forme de fragments d'ustensiles, les écrits anciens, les ruines d'édifices religieux ou de cités urbaines sont là pour en témoigner. Des sites historiques à faire connaître par leur sauvegarde Toute l'Algérie, du nord au sud, de l'est à l'ouest, recèle des sites historiques qu'on ne se donne même pas la peine de voir de plus près pour mesurer les millénaires qui les ont marqués. C'est pourquoi, l'initiative de Kamel Mokhtari mérite d'être louée pour son impact sur un public de vieux ou de jeunes, totalement dé démotivés et de connectés de la réalité algérienne. Nous aurions voulu qu'il y ait beaucoup de jeunes archéologues pour faire le même travail d'exploration, dans chaque wilaya, des vestiges anciens à l'image de la ville en m ines à l'extrême ouest, pas loin de T lemcen, laissée par les Zianides des restes d'occupations coloniales à l'extrême est sinon les peintures rupestres de l'extrême sud. Il y a du travail et à mettre en forme d'images en po ??? et d'écrits. Ce qu'a fait Mokhtari pour sa région est admirable et digne d'intérêt parce qu'il est en version bilingue. Boumediene Abed Bordj Bou Arréridj, ruines et civilisation, Kamel Mokhtari. Version bilingue : arabe, français, 71 pages, publié dans le cadre du festival culturel de Bordj Bou Arréridj.