Avec ses ruines romaines, des édifices ainsi que des habitations anciens, la ville de Sour El Ghozlane, située à 35 km du chef-lieu de la wilaya de Bouira, est considérée comme une localité qui porte le passé antique de la région. Les Romains y avaient érigé la première cité, dont subsistent à ce jour des pierres tombales qui ornaient les sépultures de princes et notables romains, ainsi que des colonnes utilisées à cette époque pour les constructions des édifices tels que le théâtre romain. Ces vestiges garnissent le jardin de l'ancienne sous-préfecture en attendant les travaux de réhabilitation et de restauration pour échapper à divers facteurs de dégradation. Cette cité a été également marquée par la présence turque, comme en témoignent certaines habitations, à l'image de la mosquée construite dans cette région. A leur arrivée en 1854, les Français ont construit des remparts de défense dotés de quatre portes, pour sauver leur cité, dénommée Aumale et se protéger des attaques lancées par les populations autochtones révoltées. Ces portes portaient les noms de villes vers lesquelles elles étaient dirigées : portes d'Alger, de Sétif, de Bou Saada et de Berrouaghia. Le centre-ville colonial est bâti sur un monticule à 890 mètres d'altitude. En plusieurs endroits, le mur menace ruine. Des brèches sont ouvertes et des pans entiers du mur ont été arrachés par un travail de dépeçage auquel se sont livrés impunément des pilleurs aveuglés par le gain facile. Des pierres taillées et des restes de sépulture ont été utilisés par des habitants de la région pour construire ou décorer leurs maisons. Pendant ce temps, l'extension de la ville, qui s'est faite entre 1970 et 1990 a accentué la dégradation des ruines qui ont été découvertes ; le béton a envahi les sites de ruines sans que les travaux de restauration soient effectués. Sur place, des immeubles d'habitation, des épiceries, des magasins, des ateliers, des kiosques et des cafés, ainsi que des édifices publics furent érigés dans plusieurs quartiers de ladite cité, donnant lieu à une urbanisation parfois anarchique. Ce qui a nécessité la mise en place d'un programme de réaménagement du tissu urbain, qui s'accompagne de la réalisation de boulevards et des opérations d'embellissement de la ville, mais aussi d'un projet piloté par la direction de la culture, en vue de restaurer les vestiges historiques existant dans la ville de Sour El Ghozlane. Cette localité est considérée comme la porte des Hauts Plateaux qui donne accès aux régions steppiques du centre du pays. Elle commence à ressentir le poids de l'exode rural des populations qui ont quitté les localités voisines au milieu des années 1990, pour des raisons de sécurité, et sont venues s'installer en ville. Ce n'est qu'avec le retour de la sécurité au début des années 2000 et de la mise en œuvre des programmes de développement rural que les familles commencent à retourner vers leurs villages et hameaux. La campagne commence à se repeupler graduellement grâce au programme de l'habitat rural, soutenu par l'Etat à hauteur de 50 millions de centimes au début, puis de 70 millions de centimes depuis une année. Ainsi, des visiteurs de la région remarquent, de jour en jour, que les hameaux de la région ont changé de visage. Après la rentrée des classes, la ville de Sour El Ghozlane donne l'impression, en ce début de novembre, de sortir de sa torpeur et la poussière dans lesquelles elle s'est morfondue pendant tout l'été. En même temps, les éclats de rire des écoliers qui fusent aux heures de pointe, marquent de gaieté et de joie l'activité urbaine de cette cité de près de quarante mille habitants.