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Aimer le football sans contrepartie, est-ce possible ?
Publié dans La Nouvelle République le 29 - 05 - 2015

,Fin de partie pour Blatter. Entre les soupçons sur l'attribution des Coupes du monde de football 2018 et 2022, respectivement au Qatar et à la Russie, et avec cette nouvelle enquête, ses cartes semblent tomber.
Ses collaborateurs arrêtés à Zurich, mercredi par la police suisse sont placés en détention. Leur extradition vers les Etats-Unis à la demande du procureur fédéral de New York est imminente. Le PG recherche en tout quatorze personnes. L'accusation porte sur l'attribution de droits en matière de médias, de commercialisation et de sponsoring lors de la diffusion de tournois de football aux Etats-Unis et en Amérique latine. La fissure est grande, elle laisse échapper cette odeur, qui dénonce et enveloppe cet homme fort du football de la planète. Un grand nombre d'observateurs pensent que : «Valaisa doit désormais gérer la plus grave crise politique de sa carrière». L'argent fait rêver et séduit grand nombre de dirigeants notamment dans le sillage de la multiplication des chaînes de télévision et de l'explosion des droits de retransmission des images sportives. Comment abandonner à tel terrain fertile qui rapporte gros. La presse internationale, oriente ses phares sur ce dossier, qui enflamme le monde sportif. La Coupe du monde de 2022 a suffi pour enfoncer le président de la FIFA et avec lui son confrère Issa Hayatou. France Football avait allumé la mèche pour alerter le monde sur ce qui se tramait dans les coulisses. «Quand la nature aura enfin accompli son œuvre et que Sepp Blatter aura donc quitté ce monde, soyons-en sûrs, ce ne sera pas la honte qui l'aura étouffé», écrit Jim White dans The Daily Telegraph. Le chroniqueur se réjouit que «la fin de la figure la plus nuisible du sport mondial est peut-être maintenant en vue, et qu'elle n'arrivera jamais trop tôt». Il dit ne pas être étonné que Blatter refuse de démissionner, «de se rendre», et continue à affirmer qu'il est «le mieux placé pour nettoyer les écuries d'Augias de la Fifa». «Chose curieuse, s'étonne White, étant donné qu'il est justement la personne qui a présidé pendant deux décennies à l'accumulation de la saleté.» Platini soutient le prince Ali ben Al-Hussein (39 ans), «je n'ai pas le droit de vote dans cette élection (ce sont les 209 présidents des fédérations membres de la FIFA qui l'ont), mais je soutiens, à titre personnel, le prince Ali. J'ai l'intime conviction qu'Ali, que je connais en personne depuis des années, pourrait faire un grand président de la FIFA. Il a toutes les qualités pour cela. Il a bien sûr la passion du football chevillée au corps, et ça c'est indispensable. Il a ensuite toute la légitimité que lui procure son parcours au sein des instances. Il est président d'une fédération nationale depuis une quinzaine d'années, il a été membre du comité exécutif de sa Confédération puis vice-président de la FIFA. Il connaît donc parfaitement les rouages des institutions mais il n'a pas encore eu le temps de se faire broyer ou déformer par ces dernières. Suit de la page 24 ,Ou en tout cas, il a résisté car il a une grande liberté d'esprit et une indépendance qui font sa force... J'ai déjà pris position puisque j'ai déjà dit à de nombreuses reprises que la FIFA a besoin d'un nouveau leader, du sang neuf et de l'air frais», poursuit Michel Platini. Je n'ai rien contre Sepp, c'est un homme que j'apprécie en privé et que je respecte. Je l'ai d'ailleurs soutenu dans le passé puisque je l'ai beaucoup aidé, en 1998, pour sa première élection, puis pour les trois élections qui ont suivi. Nous avons vécu des moments forts ensemble que rien ni personne ne pourra effacer. Il a fait de très bonnes choses et a su prendre de bonnes décisions, parfois dans des situations difficiles. Ce sont les raisons pour lesquelles je ne l'attaque jamais personnellement. Je suis au-dessus de cela. Mais je dis simplement qu'à un moment, il faut savoir passer la main et ne pas essayer de s'accrocher à son trône coûte que coûte. C'est d'ailleurs ce qu'avait dit Sepp à Lennart Johansson, en 2007, quand je m'étais présenté contre ce dernier pour la présidence de l'UEFA.» «Il ne faut pas se mentir, ajoute-t-il. Nous savons tous qu'il ne reste pas parce qu'il n'a pas fini sa mission ou parce qu'il a encore de grands projets pour la FIFA. Après quarante ans à la tête d'une institution, ce discours ne peut pas être crédible. Non, il a simplement peur du lendemain car il a consacré sa vie à la FIFA, à tel point qu'il s'identifie aujourd'hui complètement à elle. Je comprends la peur du vide qui doit l'habiter, c'est humain. Mais s'il aime vraiment la FIFA, il aurait dû penser à elle avant de penser à lui. Et tant qu'il restera en place, qu'il le veuille ou non, que ce soit juste ou pas, la FIFA aura un déficit de crédibilité, d'image et donc d'autorité.» Enfin dans ce dossier de la corruption, le Maroc est cité par la justice américaine, Ainsi, rapporte un journal Marocain : «Membre des comités de candidature marocains pour les Mondiaux de 1994, 1998, 2006 et 2010, Belkhayat indique que Abdellatif Semlali, ministre de la Jeunesse et des sports, avait promis de l'argent à Jack Warner pour les votes pour le Mondial-1994 mais rien n'a finalement été versé». «Pour le Mondial-2006 avec Driss Benhima, celui-ci a refusé de donner un seul dollar à Warner qui s'était plaint que Semlali n'ait pas tenu sa promesse». Le journal marocain évoque le dossier du Mondial-1998 suivi par le ministère américain de la Justice depuis quatre ans – et non deux ans – «Jack Warner ne voulait pas travailler pour le Maroc sur ce dossier, réclamant l'argent promis par Semlali pour les votes du Mondial-1994». Pour rappel, la ministre américaine de la Justice Loretta Lynch indiquait mercredi 27 mai que «ces individus et organisations étaient engagés dans des pratiques de corruption pour décider qui retransmettrait les compétitions, où se tiendraient-elles et qui dirigeraient l'organisation chargée de superviser le football à l'échelle mondiale». Révélations sur révélations, vraies, douteuses ou fausses, l'enquête évoque la feuille de route de la CM de France 1998 . Pour Belkhayat, «la France a bien préparé son affaire avec un engagement très fort de Jacques Chirac». «Paris a réagi très fortement après la rencontre entre Hassan II et Joao Havelange en 1992 après les JO de Barcelone. Lorsque Paris a vu que Rabat mettait le paquet, Jacques Chirac n'a rien ménagé et les Français avaient un bon dossier. Nous, on avait trop de maquettes et on avait peu renouvelé par rapport à notre précédente candidature». Les dossiers marocains de 1994 et 1998 étaient pilotés par Abdellatif Semlali. S'agissant du dossier marocain pour le Mondial-2010 géré par Saâd Kettani, Saïd Belkhayat décrit pour le journal pour l'Asie, Rabat avait «sécurisé» les voix du Qatar et de la Corée du sud à travers Mohamed Bin Hammam alors président de la Confédération asiatique. «En 2011, Bin Hammam et Warner avaient dû démissionner du comité exécutif de la FIFA sur de forts soupçons de corruption, le Qatari tentant d'acheter des voix de la Concacaf (Amérique centrale et Caraïbes). Suite aux deux démissions, la FIFA avait classé l'affaire. «Saâd Kettani avaient assuré les quatre voix européennes sur huit : celles de la France, l'Espagne, la Turquie et de la Belgique», poursuit Belkhayat. Pour l'Afrique, les trois voix étaient côté marocain, ils restaient donc les trois voix des Amériques. C'était le rôle d'Allan Rothenberg que le Maroc avait recruté après qu'il ait dirigé le comité d'organisation du Mondial US de 1994». Poursuivant sa lecture des faits, il confiera que «Allan Rothenberg avait une prime de réussite située entre 5 et 10 millions je crois sans en être certain. A Zurich le 14 mai 2004, nous avons dormi gagnants et nous nous sommes réveillés perdants», souligne Said Belkhayat. «On ne voulait pas payer pour avoir des voix mais on voulait payer après obtention du résultat... Nelson Mandela est arrivé la veille à Zürich, et cela a eu un impact. Jack Warner qui devait apporter ses trois voix au Maroc les a mises du côté sud-africain. Prétoria voulait sauver la face de Mandela et avoir la Coupe du monde». Les déclarations s'enchaînaient sur des points, qui mettent du piment dans les dossiers des Coupes du monde.

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