Ces derniers jours, le duel à distance entre Marocains et Sud-Africains a vraiment chauffé. Distancée d?une toute petite longueur, le 5 juillet 2000 (12 voix contre 11) par l?Allemagne, l?Afrique du Sud est revenue encore plus forte grâce au soutien indéfectible de Nelson Mandela, qui a fait de la phrase «La Coupe du monde est la clé de l?avenir de notre pays» son leitmotiv. Mais également du président Thabo Mbeki, réélu à la présidence de l?Etat il y a un mois et qui en a fait une de ses grandes priorités. Déjà candidat en 1994, 1998 et 2006, le Maroc a joué la mobilisation générale de tout un peuple et de tout un pays, à commencer par le roi Mohammed VI en personne qui a délégué son frère cadet, le prince Moulay Rachid, à la tête de la délégation se trouvant depuis deux jours à Zurich. Tirant les leçons du passé, le comité Morocco 2010, sous la présidence de Saâd Kettani, a fait appel à l?Américain Allan Rothenberg, qui dirigeait la commission d?inspection en 2000, comme? consultant afin de l?aider à mettre en place un montage financier et une stratégie de communication gagnants. Jusqu?à hier, les Marocains avaient grand espoir d?être le premier Etat d?Afrique à organiser la Coupe du monde. Réagissant au dernier rapport d?expertise de la Fifa qui a donné l?Afrique du Sud favorite, l?association Maroc 2010 a estimé que le royaume chérifien a un «potentiel énorme», surtout que le gouvernement a engagé le pays dans un immense chantier selon le programme «Vision 2010» quelle que soit l?issue du vote d?aujourd?hui. Comme quoi, après trois tentatives, les Marocains ne veulent pas lâcher prise. Emboîtant le pas aux autres officiels, le ministre marocain de la Jeunesse et des Sports, Nabil Benabdallah, a estimé, pour sa part, que le rapport de la commission d?inspection de la Fifa ne diminuait en rien les chances de son pays et qu?il était inexact parce qu?il paraît amoindrir le poids des acquis qu?a obtenus la candidature marocaine. Entre les deux «candidats du c?ur», le Maroc et l?Egypte, il y a la candidature «de la raison», celle de l?Afrique du Sud. Sur la base du rapport d?inspection, cette dernière, qui dispose déjà d?atouts de premier choix au niveau des infrastructures, des liaisons aériennes et routières, ainsi que des communications, présente également un budget avec un excédent de 65,130 millions de dollars, sans aucune contribution de la Fifa. Ce qui peut être un argument de poids dans le choix final. Toutefois, le responsable de la candidature sud-africaine, Danny Jordan, se voulait prudent en rappelant l?épisode de 2000 et la défaite face à l?Allemagne. Même si on prête au président Blatter des liens affectifs avec le pays de Mandela. Les observateurs les plus avertis estiment que les voix de l?Amérique du Sud et de la Concacaf ? à l?exception, peut-être, de celle de l?Américain Chuck Blazer ? iront à l?Afrique du Sud. Deux Asiatiques et un Océanien risquent de faire le même choix. Restent les Africains et les Européens qui devaient départager deux candidats se livrant un véritable coude à coude. Sur les deux continents, les voix sont partagées : si les Anglo-Saxons semblent pencher pour les Sud-Africains, la France et l?Espagne ont ouvertement appuyé la candidature marocaine. Pour leur part, Issa Hayatou, Slim Alloulou et Amadou Diakité ne se sont pas positionnés ; en revanche, le Botswanais Bhamjee, qui tient rancune aux Sud-Africains lors de l?élection présidentielle à la CAF, roulerait pour le Maroc. Pour Mohamed Bin Hammam, le Qatari, le choix était déjà fait en s?affichant ouvertement pour le Maroc également. De quoi donner au scrutin de ce matin un plus de suspense et d?incertitudes.