Paris est officiellement candidate pour les Jeux olympiques 2024. La capitale française a pour l'instant les faveurs des pronostics face à ces rivales que sont Hambourg, Boston et Rome, alors que Doha, Budapest et Bakou ne sont pas encore sur la ligne de départ. Hambourg, principal concurrent Un engouement populaire très important. Les habitants de la deuxième ville d'Allemagne sont enthousiastes à l'idée de recevoir les JO puisque 64% d'entre eux y sont favorables. Un référendum aura lieu le 29 novembre prochain et devrait envoyer un signal fort au CIO sur la motivation de la cité. Préférée à Berlin, Hambourg a l'avantage de pouvoir localiser un bon nombre d'infrastructures dans le quartier Kleiner Grasbrook (zone industrielle et portuaire), une centralisation relative qui pourrait plaire au CIO. Autre atout, Hambourg est une ville très portée sur l'écologie - elle réserve 20% de sa superficie aux parcs, terrains de sport et forêts - qui ambitionne de réduire de 40% ses émissions de CO2 d'ici 2020. Hambourg veut des Jeux respectueux de l'environnement, ce qui correspond au cahier des charges voulu par Thomas Bach, le président du CIO. Un déficit de notoriété Hambourg n'est pas Berlin, ni Paris ni Rome ou encore Boston en terme d'image dans le monde. ça n'inquiète pas encore Alexander Otto, l'ambassadeur de la candidature hambourgeoise, qui assure dans que la candidature d'Hambourg «est innovante et répond aux nouvelles exigences de transparence et de développement durable». Ce manque de notoriété est symbolisé aussi par l'absence d'un visage pour représenter la ville dans le monde. Paris à Tony Estanguet et tous les sportifs français, Hambourg n'a encore personne même si l'ancien tennisman Michael Stich pourrait endosser ce rôle. Boston, l'ancien favori se pose des questions Le savoir-faire américain. Salt Lake City (2002) ou Atlanta (1996), derniers jeux en date organisés aux Etats-Unis, ont été des succès en terme d'organisation. Boston ne dérogerait donc pas à la règle. Les Américains savent organiser de grands événements et ils ont les armes financières et politiques pour le faire. En revanche, l'engouement, très fort au moment de l'annonce du choix de Boston en début d'année, est en train de retomber. La raison ? La peur du contribuable américain et des autorités locales de devoir payer un éventuel déficit. Le mouvement «No Boston Olympics» ne cesse de gagner du terrain avec 39% d'opinion favorable. Le comité d'organisation de la capitale du Massachusetts réfléchit d'ailleurs à déplacer certains sites dans des villes proches, plus favorables à l'événement. La polémique née du salaire demandé par l'ancien gouverneur Patrick Deval pour défendre la candidature (7 500 dollars par journée d'intervention) n'a pas servi un projet qui, comme Hambourg, manque de têtes d'affiches vendeuses. A tel point que le Comité olympique américain se laisse la possibilité de changer encore de la ville-candidate ou de renoncer à ces JO-2024 pour mieux préparer les prochains. Rome, première déclarée, première éliminée ? Une volonté précoce. Rome est la première ville à s'être déclarée candidate en décembre 2014. Avec l'appui de Matteo Renzi, président du conseil italien, la capitale italienne débordait d'enthousiasme et pouvait compter sur le soutien de Luca Di Montezemolo, l'ancien président de Ferrari. Mais l'enthousiasme des premiers jours ne fait pas tout et Rome a peu de chances de l'emporter malgré un cadre qui, comme celui proposé par Paris, «aurait de la gueule». La «Ville Eternelle», véritable musée à ciel ouvert offre de nombreuses possibilités avec des infrastructures déjà existantes. Mais Rome compte certains soucis. Entre l'endettement public, les scandales de corruption qui fleurissent dans la capitale et un projet décentralisé vers des villes voisines comme Florence, Naples ou Milan, son dossier est plombé. Sans compter que l'opposition à une candidature est grandissante et craint une explosion du coût de l'organisation. Paris, le favori ? L'expérience déjà. Après 1992, 2008 et 2012, Paris se lance une quatrième fois dans la course aux JO. Proche de l'emporter en 2012, elle avait été coiffée par Londres dans la dernière ligne droite. La leçon semble avoir été retenue. Cette fois-ci, pas de politiques sur le devant de la scène pour porter l'étendard parisien, les deux leaders de la candidature sont Bernard Lapasset, président du comité de précandidature et président de la Fédération internationale de rugby et Tony Estanguet, vice-président du comité et triple champion olympique de canoë et membre du CIO. Deux hommes et leurs équipes qui auront les épaules assez larges pour peser sur les discussions du comité d'attribution et faire un lobbying payant, ce qui avait manqué face à Londres. Autre atout, la plupart des infrastructures existent déjà. Paris a son grand stade (le Stade de France), son vélodrome (Saint-Quentin-en-Yvelines), son terrain de tennis (Roland-Garros), plusieurs salles de sport (Bercy, la Halle Carpentier). Seuls la piscine olympique et le village olympique restent à construire. Pour les accueillir, la Seine-Saint-Denis est envisagée, selon la volonté de la maire de Paris Anne Hidalgo. Conséquence des infrastructures déjà existantes, le coût de ces JO ne devrait pas s'envoler. En 2012, Paris avait les cartes en mains avant que Londres, grâce au lobbying payant de Sebastian Coe, rafle la mise. Cet échec avait été mal vécu par Bertrand Delanoë, le maire de Paris de l'époque. Cette attitude de mauvais perdant, très loin de l'esprit de l'olympisme, avait été mal vu et ce vieux dossier pourrait très bien ressortir. Ses concurrentes pourront, aussi, lui reprocher les manifestations antichinoises qui avaient accompagné le passage de la flamme olympique pour les JO de Pékin en 2008. Autre point noir, l'excès de confiance qui a sûrement coûté cher en 2005 à l'époque où Paris était à la lutte avec Londres.