Une pièce consacrée à Salah-Bey par l'association «Chihab» d'Annaba, la seconde en quelques mois après une première œuvre montée autour du même personnage par le théâtre régional de Constantine (TRC), présentée mardi soir sur les planches du TRC, a été très bien accueillie par le public. Mise en scène par Sami Ghrissi sur un texte de l'écrivain et historien algérien Hassan Derdour, la pièce s'ouvre sur trois belles algéroises éblouies par le passage du cortège de Salah Bey se dirigeant vers le Trésor (Beit El Mal) pour remettre la redevance annuelle du Beylick de l'Est. Dans une euphorie indescriptible, les trois belles femmes se donnent la réplique pour relater les actions d'éclat et les réalisations du «Bey des Beys» envers sa population, et vantent le courage et l'ambition de celui dont la réputation a dépassé son Beylick pour atteindre la capitale. Arrive alors la princesse, épouse du Dey d'Alger Hocine Pacha et fille du Khaznadji (chargé de la trésorerie) dont la mort est attribuée à Salah-Bey. La princesse, animée par un esprit de vengeance «chuchote» à l'oreille de son époux et lui murmure d'exécuter Salah Bey. Dans un voyage intemporel entre Alger et Constantine, les tableaux se succèdent, les faits s'accélèrent et se compliquent et les conspirations contre Salah-Bey s'amplifient de toutes parts jusqu'à ce que le Dey d'Alger le relève de ses fonctions et le remplace par un nouveau Bey, Brahim Bousbai. Salah, dont le rôle est campé par Mohamed-Laïd Kabouche, refuse d'abdiquer, défie la Sublime Porte et tue le nouveau Bey au cours d'un duel. Constantine, alors assiégée par l'armée du Dey d'Alger, est secouée par une vive agitation opposant partisans et rivaux de Salah. Celui-ci, dans un moment de lucidité, comprend les conséquences sur la population d'une telle rébellion et finit par accepter son sort. Le rideau tombe sur l'exécution de Salah Bey sur fond de la célèbre chanson «Galou lârab galou», cette mélopée qui immortalisa le plus grand gouverneur de l'époque Ottomane que Constantine ait connu. Suivie avec beaucoup d'intérêt par un public averti et connaisseur du 4e art, la pièce est, selon un spectateur, «un autre voyage à travers la si riche histoire de Constantine et de la régence d'Alger». De son côté, le metteur en scène, soulignant que la pièce «perpétue la légende de Salah Bey», a estimé que ce travail, inspiré d'un texte écrit il y a près cinquante ans, permet au public d'avoir «une autre vision» sur celui que l'on appelait le Bey des Beys. Il a également tenu à saluer la performance des jeunes acteurs distribués dont certains, a-t-il affirmé, montent pour la première fois sur les planches. Inscrite dans le cadre du programme du département Théâtre de la manifestation «Constantine, capitale 2015 de la culture arabe», cette pièce de l'association Chihab dont la scénographie est signée Nadjem Cherrad, sera présentée dans les wilayas d'Oum El Bouaghi, de Batna, de Bejaia, de Sétif, de Djelfa et de Naâma, a fait savoir le metteur en scène.