Introduit en 2004 dans le sillage de la réforme du système de l'enseignement supérieur, pour en améliorer le rendement, le système LMD (licence-master-doctorat) reste, plus de dix ans après, le problème n°1 autour duquel se tient le débat entre les principaux acteurs de la vie universitaire en Algérie. Le ministre de l'Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique, Tahar Hadjar, a appelé, dès sa nomination, à «une évaluation» du système LMD pour cerner ses points positifs et négatifs. C'était dans une intervention à l'université d'Alger 1 (Benyoucef-Benkheda) à l'occasion de la Journée nationale de l'étudiant, le 19 mai dernier. Il estime que cette évaluation doit se faire avec la participation de toutes les composantes de la famille universitaire (organisations estudiantines, étudiants, enseignants et acteurs socio-économiques). Son appel a trouvé un écho chez l'Union nationale des étudiants algériens (UNEA) qui insiste sur l'organisation d'une conférence nationale pour l'évaluation de ce système afin d'en déceler et traiter les carences dont certains observateurs disent qu'elles touchent à la qualités de la formation. Mais pour l'UNEA, dans l'immédiat, le problème est de définir les critères d'accès au master et au doctorat et de permettre aux étudiants du système classique de poursuivre leurs études au titre du mode LMD et d'arrêter un délai maximum pour la clôture des délibérations. De son côté, le Syndicat national des enseignants universitaires (SNEU) souhaite un débat approfondi sur le système LMD pour «déceler ses points forts et ses faiblesses». Le SNEU n'a pas l'intention de remettre en cause ce système mais veut, au contraire, le renforcer. Pour les dirigeants du SNEU, le LMD est un système adopté à l'échelle mondiale, mais son évaluation périodique est plus que nécessaire afin que les universités du pays puissent assurer une formation de qualité aux étudiants. Ce syndicat a, d'ailleurs, dédié sa deuxième université d'été à l'évaluation du système LMD et il a expliqué dans quel but : «mieux cerner la réalité des réformes initiées dans le secteur de l'enseignement supérieur, et mettre en exergue les forces et les faiblesses de cette expérience pour apporter les solutions adéquates». Pour schématiser, rappelons que le LMD comprend la licence qui correspond à un bac+ 3 ouvrant la possibilité soit de sortir du système pour entrer dans le monde professionnel, soit d'accéder aux programmes du master qui équivaut à un niveau bac+ 5 et qui se déroule en deux années, la première année donne la possibilité de choisir entre poursuivre sur un master 2 (deuxième année) à finalité professionnelle et une voie à finalité recherche. Le master à finalité recherche se poursuit dans le doctorat qui correspond à un bac+ 8 et qui se déroule en trois années, au terme desquelles, et après sa soutenance de thèse, l'étudiant (doctorant) obtient le grade de docteur. Dans le système LMD, les enseignements supérieurs sont organisés en semestres composées d'unités d'enseignement (U.E.) et l es formations sont regroupées en domaines de formation. Un domaine de formation est un édifice cohérent recouvrant plusieurs disciplines. L'offre de formation est construite par l'équipe de formation et proposée par l'établissement sous forme d'un cahier des charges. Les cahiers des charges sont soumis à une procédure d'évaluation et d'habilitation. Certains experts estiment que le LMD est un système qui a montré son efficacité dans tous les pays où il a été appliqué. Ils défendent ce qu'ils considèrent comme un choix irréversible pour l'Algérie et sont convaincus que les dysfonctionnements relevés ne portent pas sur son essence ou sa philosophie, mais résident essentiellement dans les mentalités qu'il faut changer. Le SNEU pense qu'il faut une stratégie médiatique pour expliquer et vulgariser le système LMD. L'évaluation permettra d'éclairer les positions des uns et des autres et de dégager les bonnes solutions.