Julius Yego a-t-il décroché sa première médaille d'or de l'histoire de l'Afrique noire en lancer du javelot, sans respecter les règles de l'art ? C'est la question qui est jetée au cœur de ce championnat du monde d'athlétisme. Une victoire historique qui colle pour l'instant aux jambes des athlètes Koki Manunga et Joyce Zakary suspendues temporairement pour dopage. Mais les regards des médias et des observateurs retiennent pour le moment cette victoire qui marquera ces championnats. Avec 11 médailles dont 6 en or, la délégation kényane garde la tête du classement des nations, «notamment au jet phénoménal de Yego à 92 mètres 72 - meilleure performance mondiale de l'année.» A 26 ans, il décroche le titre du premier athlète d'Afrique noire en javelot aux Mondiaux. Incroyable mais le terrain confirme cette palme qui renvoie poliment l'Egyptien Ihab Abdelrahman El Sayed, l'auteur de la toute première breloque de son pays aux Mondiaux d'athlétisme avec ses 88 mètres 99 en seconde position. Un détail fort important est au cœur des commentaires et qui ne manquera pas de maintenir la flamme allumée encore pour très longtemps, à savoir comment un Africain peut-il faire mieux que les athlètes d'Europe centrale et orientale, eux qui détiennent sauvagement le fauteuil de cette discipline. Sauf que «lors des Mondiaux 1997, le Sud-Africain Marius Corbett avait déjà prouvé qu'un Africain pouvait damer le pion aux Européens. Mais Yego est allé plus loin.» «J'ai du mal à l'exprimer mais je suis juste heureux», s'est enflammé Yego au micro d'Olivier Pron. Je le sens dans tout mon corps». «Tout le monde a l'air d'être content pour moi, heureux pour mon pays, heureux pour ma famille. (...) Et cela montre que le Kenya peut maintenant briller partout, dans les lancers et dans le sprint». Puis le lanceur a ajouté, cinglant : «Pour ce qui est des cas de dopage, je peux juste dire que c'est honteux ! Comment quelqu'un peut-il faire ça ? Ce n'est pas bon de gagner en trichant. Je pense depuis toujours qu'on peut gagner en étant propre. Honte a elles ! Cela n'a jamais été dans mon esprit. Je sais que je suis propre». La moisson kényane a pris du poids avec l'or glané par Hyvin Kiyeng Jepkemoi sur 3 000 mètres steeple, en 9 minutes, 19 secondes et 11 centièmes. «Celle-ci a coiffé sur le poteau sa rivale tunisienne Habiba Ghribi (9:19.24). Les Marocaines Salima Elouali Alami et Fadwa Sidi Madane ont respectivement fini 10e et 14e de la finale». Selon France Internationale «ces démonstrations de force du Kenya vont susciter encore davantage de suspicion. En effet, la Fédération internationale d'athlétisme (Iaaf) avait annoncé un peu plus tôt, mercredi, la suspension provisoire de Manunga, éliminée au premier tour du 400 mètres haies, et de Zakari laquelle aux 400 mètres plat avait battu le record du Kenya. Mais le 25 août, elle ne s'était pas présentée au départ des demi-finales, un forfait que sa délégation avait expliqué en disant que l'athlète ne se sentait pas bien.» L'information rapportée par les médias sème un doute «les athlètes, précise l'Iaaf, ont été contrôlées positives les 20 et 21 août, juste avant le début des championnats. Il s'agit de la première affaire de dopage depuis le coup d'envoi des Mondiaux de Pékin, selon Sunday Times. Le Kenya fait partie des pays nommément mis en cause par des enquêtes récentes de la chaîne de télévision allemande ARD et du journal britannique. «Athletics Kenya s'est déjà entretenu avec l'Iaaf et les athlètes concernées et a commencé à enquêter sur les causes ayant mené à ce résultat», souligne une Fédération kényane qui ne compte pas faire davantage de commentaires sur ce nouveau scandale.