Après la réponse du ministre de l'Intérieur et des Collectivités locales, voilà les déclarations du Premier ministre, Abdelmalek Sellal, qui viennent mettre un terme aux rêves de l'ex-chef terroriste. A cet effet, le Premier ministre a déclaré, mercredi dernier en marge de l'ouverture de la session d'automne du Conseil de la nation : «Nous ne permettrons pas aux personnes impliquées dans la tragédie nationale d'enfreindre la charte pour la paix et la réconciliation nationale et créer un parti politique et ce dans le cadre des lois de la République notamment l'article 26 de ce texte.» Plus explicite encore, il a ajouté : «Il ne sera permis à quelque personne que ce soit de rééditer la crise que le peuple algérien a vécue dans les années 90 (....), aucun agrément ne sera délivré pour la création d'un parti fondé sur les décombres du FIS dissous», avant de rappeler que «la charte pour la paix et la réconciliation nationale impose aux individus impliqués dans la tragédie nationale des obligations qu'ils doivent observer». Plus de concessions, donc, car «la décennie noire est une page tournée de notre pays», a-t-il enfin affirmé. Cependant, l'ex-chef de l'Armée islamique du salut (AIS) ne l'entend de cette oreille. Mercredi dernier, il s'est encore manifesté en postant, sur Youtube, une vidéo de plus d'une heure, exposant le déroulement du congrès tenu à Jijel. Dans son intervention, vacillant entre objurgations, paradoxes et ambigüité, il a déclaré : «J'aurais aimé qu'ils m'ouvrent les portes pour que je rentre dans le monde de la politique facilement. Ils les ont toutes fermées et m'obligent ainsi de les défoncer et rentrer en politique !» On se demande alors par quels moyens Madani Mezrag compte s'y prendre pour «défoncer» les portes. Et pourtant, un peu plus loin, il rassure : «Il est hors de question de porter les armes à nouveau... Maintenant, il y a la politique, daâwa (l'appel). On ne peut pas rester comme ça et vivre dans le passé, il est temps que notre organisation passe d'une organisation de catégorie à une organisation générale.» En matière de daâwa, il évoque notamment le travail de l'ex-FIS pour la promouvoir. «En dix ans, nous avons ramené la société algérienne qui baignait dans le communisme et les idées occidentales stupides à l'islam, la mosquée, le carême !» La société algérienne vivait-elle dans la Djahiliya avant la venue du FIS ? Une simple référence à l'imam Abdelhamid Ben Badis aurait suffi à lui rappeler que le peuple algérien est musulman. Cela étant, Madani Mezrag veut tenir le congrès de son parti le plus rapidement possible. «Des gens avec lesquels nous avons fait la réconciliation sont morts ou sont en train de mourir. Vous connaissez l'état (de santé, ndlr) du président, que Dieu lui prête vie, si on continue comme ça notre accord va disparaître.» En réaction à cette situation, le président de l'Organisation des victimes du terrorisme à Tizi Ouzou Khaled Boutaba a, à son tour, réagi mercredi dernier en déclarant : «Fermer les yeux sur la tenue des rassemblements de Jijel et Mostaganem, qui ont été suivis de l'annonce de la création d'un parti politique, n'est qu'un indice révélateur des connivences entre le terroriste et le pouvoir en place.» Il a également qualifié de «grave» le mutisme et le silence des pouvoirs publics devant les sorties de Madani Mezrag. Ce dernier déplore le fait qu'au lieu «de demander des excuses au peuple algérien, il persiste et signe et se considère comme un sauveur de la république». Selon le représentant de l'Organisation des victimes du terrorisme à Tizi ouzou, la sortie de Madani Mezrag est une «insulte à tout le peuple algérien et touche les familles des victimes dans leur amour propre». Enfin, dans cette atmosphère de pseudo-turbulences, le président du Conseil de la nation, Abdelkader Bensalah, a appelé mercredi à Alger la classe politique et la société civile à «resserrer les rangs et unifier les positions afin de préserver les acquis et barrer la route devant les ennemis de l'Algérie qui veulent attenter à sa stabilité et la plonger dans l'inconnu». Un message on ne peut plus clair à ceux qui cherchent à perturber une rentrée sociale «sereine».