«En ce qui nous concerne, nous sommes décidés à aller au bout de notre projet pour participer avec le courant nationaliste à la stabilisation politique du pays», a déclaré Madani Mezrag, ex-chef de l´Armée islamique du salut (AIS). Leur projet: créer un parti politique sur les bases de l´ex-FIS. Selon Madani Mezrag, le futur parti politique entend se réapproprier le projet politique de l´ex-FIS. Il promet même de soutenir la politique de réconciliation nationale. «Les réfractaires et les opposants à la politique de réconciliation nationale seront combattus par notre parti, si l´Etat est incapable de mener ce combat», a-t-il prévenu. Le voile est levé. Alors qu´il n´est qu´au stade de projet, et ayant encore à passer l´obstacle de la loi, le parti que veut créer Madani Mezrag envisage même de se substituer à l´Etat. En outre, l´ancien responsable de l´ex-AIS affirme que le dossier d´agrément sera déposé au niveau des services du ministère de l´Intérieur, et ce département est libre d´accepter ou «non» la demande. Certes, c´est à l´administration d´apprécier la conformité du projet avec la loi sur les partis. Mais déjà on défie l´Etat. Un remake des années 90. Aussi, d´aucuns se posent la question de savoir ce que sera la réaction des pouvoirs publics à de telles fanfaronnades et dérives. Ce n´est pas la première fois que Madani Mezrag fait monter les enchères. Il a de tout temps revendiqué l´amnistie générale qui, en toile de fond, permettra un pardon sans conditions aux responsables de la tragédie nationale, mais surtout un retour de l´ex-FIS sur la scène politique. Pour lui, la Charte n´est qu´une partie du processus de réconciliation qui a démarré par une trêve et qui devra impérativement, aboutir, selon lui, à «une amnistie générale» et le recouvrement par les responsables de la tragédie nationale de tous leurs droits civiques et politiques. Or les temps ont changé et de plus la Charte sur la réconciliation nationale stipule clairement le non-retour à la vie politique de toutes les personnes impliquées dans la fitna sanglante qui a marqué l´Algérie durant les années 90. Le peuple algérien a adopté la Charte pour la paix et la réconciliation nationale, certes, mais il n´est ni près de faire un retour vers le passé ni donner son blanc-seing au retour sur la scène politique des acteurs de la tragédie nationale. Et c´est ce que feignent d´ignorer les responsables de l´ex-FIS; il y a foule à Alger. On s´y tuait, on a repris à sourire et à rire. Les bancs publics et les parcs ont été restitués aux amoureux. On a tout réparé. Sauf les morts.