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Combien de Aylan Kurdi doivent mourir pour faire bouger le monde et l'
Le sort réservé aux migrants s'apparente à un crime contre l'humanité
Publié dans La Tribune le 05 - 09 - 2015

Les Etats en sont encore et toujours aux appels et propositions, contraignantes ou non, qu'ils enrobent, hypocritement, d'expressions d'affliction, empathie et contrition. La Commission européenne a bien proposé, jeudi dernier, à ses membres de répartir 120 000 demandeurs d'asile alors que le couple franco-allemand demande «un mécanisme permanent et obligatoire» d'accueil des réfugiés en Europe. Les ministres des Affaires étrangères de l'Union européenne (UE) se sont rencontrés, hier, à Luxembourg, pour débattre de la question des migrants-réfugiés. Mais dans le même temps, les Premiers ministres de quatre pays du groupe de Visegrad (Hongrie, Pologne, République tchèque et Slovaquie), qui ont constitué un front de refus contre toute politique migratoire européenne qui se voudrait solidaire et accueillante, se sont, eux, retrouvés, hier à Prague, pour conforter leur opposition à tout système de quotas de migrants à accueillir par les Etats de l'UE. La position du groupe a été clairement définie par le Premier ministre slovaque qui a déclaré, dimanche dernier à la télévision nationale : «Je ne serai jamais d'accord avec un système de quotas. Si un tel mécanisme était adopté, nous nous réveillerions un matin avec 100 000 Arabes à nos portes.» Son homologue hongrois, Viktor Orban, sera tout aussi tranchant et xénophobe. «La réalité, c'est que l'Europe est menacée par un flux massif de personnes, plusieurs dizaines de millions de personnes pourraient venir en Europe. Aujourd'hui, on parle de centaines de milliers, mais l'année prochaine nous parlerons de millions et c'est sans fin [...]. Tout à coup, nous allons nous apercevoir que nous sommes une minorité sur notre propre continent», a-t-il dit, hier, sur la radio publique. Interrogé sur la photo du petit Aylan, Orban répond froidement : «Nous devons dire aux réfugiés de ne pas venir. Restez en Turquie, c'est un pays sûr.» La veille, il avait déclaré que l'afflux des réfugiés en Europe, «musulmans dans leur majorité», constituait «une menace pour l'identité chrétienne de l'Europe».
C'est dans cette situation de profondes divergences au sein de l'UE que le haut-commissaire de l'ONU pour les réfugiés (HCR), Antonio Guterres, a appelé, hier, à la répartition d'au moins 200 000 demandeurs d'asile dans l'UE. «Les personnes qui ont une demande de protection valide doivent ensuite bénéficier d'un programme de réinstallation de masse, avec la participation obligatoire de tous les Etats membres de l'UE. Une estimation vraiment préliminaire semble indiquer le besoin potentiel d'accroître les opportunités de réinstallation à 200 000 places», écrit-il dans un communiqué. «L'Europe est confrontée à son plus grand afflux de réfugiés depuis des décennies, la situation exige un effort commun massif qui est impossible avec l'approche fragmentée actuelle» qui existe au sein de l'UE, a relevé M. Guterres. Plus de 300 000 personnes ont traversé la Méditerranée depuis le début de l'année, et plus de 2 600 sont mortes en effectuant ce périple, selon le HCR. L'Organisation internationale pour les migrations (OIM) donne plus de 350 000 personnes qui ont risqué leur vie de janvier à juillet 2015 en traversant la Méditerranée, et 2 643 qui y sont mortes. «Après leurs arrivées sur les côtes et les frontières de l'Europe, ils poursuivent leur voyage, dans le chaos», a déploré le haut commissaire, qui dénonce la façon inhumaine, criminelle, dont ces personnes sont traitées. Pour le HCR il s'agit avant tout «d'une crise de réfugiés, pas seulement d'un phénomène migratoire», car la grande majorité de ceux qui risquent leur vie dans ces traversées le font pour échapper à la mort et la guerre que l'Occident a porté dans leurs pays, la Syrie, l'Irak, la Libye, l'Afghanistan...
Le HCR est cependant loin de remporter la partie. Même si le Royaume-Uni s'est dit prêt à «accueillir des milliers de réfugiés syriens supplémentaires» et que la France et l'Allemagne s'allient pour convaincre les autres membres de l'UE d'adopter un programme de «répartition» de migrants entre eux. «Je peux annoncer aujourd'hui (vendredi) que nous en ferons davantage [...]. Nous poursuivons notre démarche qui consiste à aller les chercher dans les camps de réfugiés [...]. Cela leur offre une voie plus directe et plus sûre vers le Royaume-Uni, leur évitant de prendre le risque d'un voyage hasardeux qui a fait tant de morts», a affirmé le Premier ministre britannique, David Cameron, devant la presse à Lisbonne. «La Grande-Bretagne réagira avec sa tête et son cœur, en donnant de l'assistance à ceux qui sont dans le besoin tout en travaillant à des solutions à long terme», a-t-il insisté. De leur côté, Hollande et Merkel ont cosigné une lettre adressée aux autorités européennes, où ils détaillent leurs propositions concernant la crise des migrants.
Mais ce ne sont jusque-là que des promesses et des intentions alors que la réalité est, elle, peu prometteuse. Le président du Conseil européen, Donald Tusk, s'est d'ailleurs inquiété de la «division entre l'est et l'ouest de l'Union européenne». «Certains Etats membres ne pensent qu'à endiguer la vague de migrants, ce qui est symbolisé par la clôture controversée en Hongrie», à la frontière avec la Serbie, «tandis que d'autres veulent plus de solidarité», a-t-il regretté.
Et l'histoire nous a montré qu'une fois l'émotion du moment, la mort du petit Aylan en l'occurrence, retombée, les vieux reflexes nationalistes, xénophobes, néo-colonialistes, racistes... reviennent. On l'a vu avec la noyade d'un millier de migrants en avril dernier qui a soulevé une vague d'indignation et de promesses de l'UE qui, à ce jour, n'ont pas été concrétisées. La même indignation a accompagné la diffusion de l'image de l'enfant palestinien de 12 ans, Mohammed al-Durah, tué par balles alors que son père tentait de le protéger, lors d'échanges de tirs entre les forces de sécurité palestiniennes et l'armée israélienne, le 30 septembre 2000, au début de la seconde Intifada. Israël continue de tuer des civils sans que le monde ne bouge le petit doigt. En 1993, la photographie d'un enfant soudanais décharné, squelettique, recroquevillé par la faim devant un vautour qui attend sa mort, a aussi suscité une vive émotion dans le monde. La faim et le manque de soins tuent toujours un bébé toutes les 7 secondes, sans empêcher les riches de ce monde de dormir sur leurs deux oreilles, après s'être engagés de tout faire pour éradiquer ces fléaux. Aylan est mort. Il a mis un nom et une image sur les milliers d'Aylan morts ou en sursis et des millions de déplacés sont menacés du même sort. Le monde et l'UE prendront-ils cette fois les mesures nécessaires pour mettre un terme à cet autre drame de l'humanité qu'ils ont provoqué ? Les prochains jours nous le diront.
H. G.


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