En visite en Suisse, la chancelière allemande, Angela Merkel, a indiqué que l'Allemagne et la France sont d'accord sur le principe de « quotas contraignants » pour l'accueil des demandeurs d'asile par les pays de l'Union européenne. « Nous devons obéir à des principes de base, à savoir que ceux qui ont besoin de protection (...) la reçoivent et que nous avons besoin de quotas contraignants au sein de l'Union européenne pour se partager les devoirs, c'est le principe de solidarité », a-t-elle déclaré en précisant que « la puissance économique joue un rôle ici et la taille du pays un rôle, mais autrement (sans quotas, ndlr) nous ne pourrons pas résoudre ce problème ». Cette initiative franco-allemande vise aussi à « assurer le retour des migrants irréguliers dans leur pays d'origine, et apporter le soutien et la coopération nécessaires avec les pays d'origine et de transit », a ajouté, pour sa part, la présidence française. L'accord franco-allemand n'a pas été sans effet sur la Commission européenne, qui a, officiellement, demandé aux Etats membres de répartir en urgence 120.000 réfugiés supplémentaires au sein de l'UE. Cette proposition, soutenue par les deux pays précités, doit être officialisée par le président, Jean-Claude Juncker, lors de son discours sur l'Etat de l'Union ce mercredi, après avoir reçu l'accord des commissaires. Elle vient s'ajouter à la réinstallation de 40.000 migrants annoncée en mai, qui ne concerne par ailleurs que l'Italie et la Grèce. Jeudi dernier, le président du Conseil européen, Donald Tusk, avait aussi appelé les Européens à « redoubler les efforts de solidarité » avec « une répartition équitable d'au moins 100.000 réfugiés », alors même que les 28 pays de l'Union ont jusqu'ici résisté à un système de redistribution des demandeurs d'asile proposé par Bruxelles, n'offrant que 32.256 places, contre les 40.000 demandées. De leur côté, les Nations unies ne veulent pas rester les bras croisés dans l'espoir de peser sur la politique européenne. Le haut-commissaire de l'ONU pour les réfugiés (HCR), Antonio Guterres, a appelé, hier, à la répartition d'au moins 200.000 demandeurs d'asile dans l'Union européenne (UE). « L'Europe est confrontée à son plus grand afflux de réfugiés depuis des décennies », a-t-il dit, estimant que « la situation exige un effort commun massif qui est impossible avec l'approche fragmentée actuelle » qui existe au sein de l'UE. Il a expliqué qu' « il s'agit avant tout d'une crise de réfugiés, pas seulement d'un phénomène migratoire », car la grande majorité de ceux qui arrivent en Grèce viennent de pays connaissant des conflits, comme la Syrie, l'Irak et l'Afghanistan. Le haut-commissaire estime que la seule façon de résoudre ce problème est de mettre en place une « stratégie commune basée sur la responsabilité, la solidarité et la confiance ». « L'UE doit être prête, avec le consentement et l'appui des gouvernements concernés - principalement la Grèce et la Hongrie, mais aussi l'Italie - de mettre en place des capacités d'accueil et d'enregistrement d'urgence des personnes », a-t-il poursuivi.