,Comme je l'avais prévu dans des interviews et analyses, la rencontre experts-gouvernement sous l'égide du Cnes a eu un impact très mitigé, n'ayant apporté aucune nouveauté ni dans le diagnostic ni dans les propositions. Le constat connu a été pourtant amer : Il existe des potentialités pour l'Algérie, mais devant la gravité de la situation, un changement de cap s'avère urgent qui renvoie à des facteurs à la fois économiques, socio-politiques et culturels. L'Algérie après plus de 50 années d'indépendance excepté les hydrocarbures n'exporte presque rien car pour entrevoir une réorientation de la politique économique et sociale, il faut partir de données objectives réelles. Pour les exportations hors hydrocarbures, en 2014, si on analyse la structure, nous avons les demi- produits, la totalité des dérivées d'hydrocarbures qui sont dominants avec 83,6% pour une valeur totale de 2,34 milliards de dollars sur un total de 2,81 milliards de dollars d'exportation hors hydrocarbures. Ainsi, les solvants-naphta représentent 1,105 milliard de dollars – l'ammoniac pour 610,3 millions de dollars, les engrais pour 312,3 millions de dollars, ces trois produits totalisant plus de 2 milliards de dollars soit 72% des exportations hors hydrocarbures. Ces exportations sont suivies par l'alimentation qui représente 11,5% dont le sucre pour une exportation d'une valeur de 228,14 milliards de dollars, et pour le reste c'est marginal, les équipements industriels pour 0,53%, les biens de consommation non alimentaires (0,36%) les produits bruts seulement de 3,91% (dont le phosphate pour 96 millions de dollars). L'on devra, l'illusion monétaire, le capital argent n'étant qu'un moyen, la remise au travail par la compétence étant le facteur essentiel, mais supposant un renouveau de la gouvernance si l'on veut éviter les effets pervers qui peuvent conduire rapidement à réitérer le scénario de 1986 Sans vision stratégique, toujours le mythe dépassé des industries industrialisantes, après l'installation de Renault, où le ministre de l'Industrie parle d'une unité de Peugeot, de Fiat, et récemment chinoise (voiture essence, diesel, hybride, électrique on ne sait pas quel mode de carburant... ), avec cette règle des 49/51%, sans un cahier de charges précis, où l'Algérie supporte tous les surcoûts, ne favorise- t- on pas la baisse des réserves de change? Qu'en sera-t-il pour l'Algérie entre le marché intérieur et les exportations, le partenaire étranger devant être associé au risque financier et dans ce cas, selon nos informations la majorité ne viendront pas avec cette règle. En ce XXIe siècle, a t- on analysé l'évolution du marché et du pouvoir d'achat des Algériens dépendant de la rente des hydrocarbures à plus de 70% qui risquent de se détériorer en cas de chute persistante de la rente des hydrocarbures, menaçant même le fondement des Caisses de retraite ? Qu'en est-il du tissu de la sous traitance presque inexistant, Renault actuellement souffrant de cette faiblesse, où l'actuel ministre de la Formation professionnelle fait un bilan totalement négatif de son secteur alors qu'il était déjà auparavant ministre? Les petits espaces n'attirent pas les grands investisseurs, l'Algérie et plus généralement le Maghreb ne peuvent-ils pas être le pont entre l'Europe et l'Afrique (voir ouvrage collectif sous la direction du Pr Mebtoul et du Dr Camille Sari assisté de 36 experts internationaux, - le Maghreb face aux enjeux géostratégiques- deux volumes -1050 pages- édition harmattan Paris). Cela ne concerne pas seulement cette filière avec ce mythe lorsque le bâtiment va tout va : voyez la crise en Espagne et ailleurs. En cas de détérioration du pouvoir d'achat ne risque t- on pas une bulle immobilière où ceux qui ont eu un prêt soit au taux normal ou bonifié ne pourront pas rembourser tant le principal que les intérêts composés, assistant déjà au niveau des petites PME/PMI de BTPH, faute de commandes via la dépense publique à des licenciements et beaucoup de bâtiments non occupés réalisés par certains promoteurs immobiliers faute de paiement? Pour en revenir à la filière automobile, l'analyse au niveau mondial fait ressortir, depuis la crise de 2008, une très profonde restructuration, une structure oligopolistique ( peu d'offreurs et une multitude d'acheteurs) et que la rentabilité, pour les gammes moyennes, se fait qu'entre 150 000/200 000 unités par an. 4.-En résumé, si cette réunion experts-gouvernement avait pour objectif d'avaliser certaines décisions d'austérité par les experts, je puis affirmer, que cette méthode relève d'une autre époque et que cela n'était pas nécessaire, surtout de la part d'une structure gelée depuis cinq années. Le peuple algérien est mur pour des sacrifices. La population algérienne a besoin avant tout de voir clair en son avenir, (quel projet de société face à la mondialisation), afin qu'elle puisse y adhérer pleinement, supposant un retour en la confiance sans laquelle aucun développent ne peut se réaliser, devant éviter les discours contradictoires de certains responsables qui se contredisent quotidiennement. La population algérienne consciente, veut un langage de la vérité et de la seule vérité, loin des discours démagogiques source de démobilisation : ni sinistrose, ( car tout ce qui a été réalisé depuis l'indépendance n'est pas totalement négatif avec des erreurs) mais ni autosatisfaction source de névrose collective. Cela passe par une visibilité et cohérence dans la politique socio-économique , la refonte tant de la composante la même depuis plus de 20 ans) que des prérogatives du Conseil économiques, institution importante, lieu, sans exclusive, de dialogue et de propositions stratégiques sur l'avenir du pays ainsi qu'une profonde réforme institutionnelle autour de grands ministères et d'éco-pôles régionaux. La mondialisation n'est pas un mythe mais une réalité où toute Nation qui n'avance pas recule forcément et que sans assise économiques solide, l'Algérie sera isolée de plus en plus au niveau des relations internationales. Nous sommes à l'ère de profondes mutations géostratégiques tant dans le domaine économique que militaire, nécessitant un large front social interne, une moralité sans faille de ceux qui dirigent la Cité, si l'on veut réhabiliter la vertu de l'intelligence et du travail. C'est la condition de la mobilisation de tous les Algériennes et Algériens, sans exclusive tenant compte de leurs différentes sensibilités. C'est que les ajustements seront douloureux à la fois économiques, sociaux et culturels entre 2015/2020/2025. Pour cela des stratégies d'adaptation sont nécessaires. En fait ce que souffre fondamentalement l'Algérie et son principal handicap est le manque de vision stratégique devant s'adapter impérativement aux nouvelles mutations par de nouvelles institutions et organisations qui devraient façonner de nouveaux comportements loin de la mentalité rentière actuelle à tous niveaux: gouvernants et gouvernés (Suite et fin)