Un album collectif de bande dessinée exposant en huit petites histoires le point de vue de jeunes bédéistes algériens sur le conflit israélo-palestinien, a été récemment édité par le porteur de ce projet Samir Toudji sous le titre «Freelestine». C'est après l'offensive menée par l'armée israélienne contre la population civile palestiniennes à Ghaza en 2014 que Samir Toudji, plus connu sous le nom de «Togui», a entamé ce projet intégrant sept autres dessinateurs dont Nawel Louerrad, Dalila Siahmed, Sofiane Belaskri ou encore Amine Siamer pour, dit-il, apporter un «modeste soutien» à la cause palestinienne. Dans un petit album sans titre, Nawel Louerrad reprend des dessin sombres au trait sobre dégageant une grande détresse humaine pour illustrer la souffrance du peuple algérien exposé aux affres du terrorisme pendant les années 1990 et qu'il porte tel un poids invisible, à ce jour. A partir de cette réflexion, la dessinatrice extrapole pour tenter de représenter l'agression perpétuelle subie par le peuple palestinien et qu'elle reproduit sous la forme d'un homme (l'oppresseur) se tenant debout sur la tête d'un autre, à plat ventre, pour l'immobiliser. Plus proche de la bande dessinée et des comics, Sofiane Belaskri et Amine Si Amer reproduisent tous deux des scènes du quotidien d'enfants palestiniens dont la vie s'arrête brutalement, sous les bombardements ou les balles de l'armée d'occupation, pendant que d'autres, témoins directs de l'assassinat de leurs proches, découvrent soudain la cruauté dans toute son absurdité. Cette écriture se basant sur le quotidien faussement ordinaire de Palestiniens qui basculent brusquement dans l'horreur, se retrouve également dans les planches de Dalila Siahmed racontant l'histoire de quatre amis fauchés par des bombardements, et arrachés ainsi à leur proches occupés à préparer eux- mêmes un heureux événement, alors que ces enfants jouaient en toute innocence au football sur une plage. «Togui», qui a coordonné ce projet, propose pour sa part un petit album avec l'empreinte autobiographique habituelle, où il expose avec beaucoup d'humour, de finesse et de sincérité son rapport à ce conflit qu'il avait découvert et exploré tout seul à l'âge de six ans sur les bancs de l'école avec tout ce que cela implique comme incompréhension. «Togui» revient également, avec le même humour et la même dérision, sur la manipulation des médias occidentaux et l'usage abusif des réseaux sociaux qui se sont substitués à l'acte solidaire, le réduisant à un simple click ou un partage de photos sur la Toile. Edité à compte d'auteur, «Freelestine» a reçu récemment le prix du meilleur «Fanzine» (fantastic magazine) lors du concours international du 8e Festival international de la bande dessinée d'Alger (Fibda) tenu du 6 au 10 octobre.