«L'opération de bancarisation des fonds informels, lancée en août dernier, a drainé plus de trois milliards de dinars », a indiqué, hier, le PDG de la Banque de développement local (BDL), Mohamed Krim, au forum d'El-Moudjahid à Alger. «Les banques ont mobilisé tous les moyens nécessaires pour bien mener l'opération de la mise en conformité fiscale volontaire qui a drainé, depuis son lancement, entre 3 et 3,5 milliards de dinars au niveau de toutes les banques», a déclaré M. Krim qui était invité, en compagnie du PDG du Crédit populaire d'Algérie (CPA), Omar Boudieb, lors d'une conférence de presse animée au forum du quotidien national El-Moudjahid. Selon le premier responsable de la BDL, les capitaux circulant dans l'informel représentent 26% de la masse monétaire présente sur le marché, tandis que «l'objectif fixé est de drainer au moins 10% à 15% de cet argent», ajoutant que ces montants permettront aux banques de les exploiter pour contribuer dans le financement des entreprises et de l'économie nationale. Selon la Banque d'Algérie, l'argent liquide circulant dans l'informel oscillerait entre 1 000 et 1 300 milliards de DA. « L'Algérie aujourd'hui a besoin d'investir énormément pour diversifier son économie, et nous devons développer les autres secteurs, parce qu'il y a plusieurs secteurs qui ont besoin de financement comme le secteur du tourisme, l'agriculture...», a insisté le PDG du BDL. Concernant l'e-paiement, le premier responsable de BDL a indiqué que d'ici juin 2016, la généralisation de l'e-paiement sera une réalité pour tous les Algériens. Rappelant que pour assainir le secteur informel, la loi de finances complémentaire 2015 permet aux détenteurs de fonds hors circuit bancaire de déposer leur argent auprès des banques dans le cadre d'un «programme de mise en conformité fiscale volontaire» contre le payement d'une taxation forfaitaire libératoire au taux de 7%. L'opération est en vigueur depuis mi-août dernier et devrait durer jusqu'à fin 2016. Selon Mohamed Krim, «le taux de bancarisation en Algérie est considéré comme faible, vu que nous avons une agence bancaire pour 25 000 habitants». 72% des financements vont à l'investissement Les surliquidités dans les banques s'amenuisent de l'aveu même du gendarme des banques, conséquence de la chute brutale des prix du pétrole. Interrogé sur le devenir du financement de l'économie dans un très proche avenir, c'est-à-dire lorsque les liquidités seront taries, le PDG de la BADR s'est voulu rassurant en indiquant que 72% des financements vont à l'investissement, démentant ainsi l'idée selon laquelle les banques n'accompagnent pas les investisseurs. «Pour l'instant, nous avons encore une marge de manœuvre, mais si nous devons manquer de liquidités, nous ferons appel au marché interbancaire.» En plus, les banques comptent énormément sur la conformité fiscale pour renflouer leurs caisses. Pour l'heure et déclinant le bilan des crédits, les deux responsables ont précisé, se basant sur les statistiques de la Banque d'Algérie de 2014, que «les crédits accordés au secteur privé sont de 3 120 milliards de dinars, soit 48% du total, contre 3 382,9 milliards de dinars (52%). Les crédits à l'immobilier représentent 360 milliards de dinars. Quant aux créances douteuses ou ce qu'on appelle communément les créances non performantes, elles étaient de l'ordre de 9,2% en 2014». Les deux responsables sont revenus sur la problématique de la monétique, la non-centralisation des banques et reconnu le retard criard en la matière. Quand on ne dispose que d'une agence pour 25 000 habitants, l'on ne peut espérer un taux élevé de bancarisation, alors que la norme dans l'Union européenne est d'une agence pour 2 500 habitants. Et encore moins entrer de plain-pied dans l'e-paiement et le e-banking.