Le «manque d'information» et la «question de confiance» jouent négativement contre cette mesure. Ce sont à peine trois milliards de dinars, provenant des fonds informels, qui ont été drainés jusqu'à ce jour par l'ensemble des banques algériennes depuis le lancement en début août dernier de l'opération de bancarisation des fonds informels. Cette révélation a été faite hier au Forum d'El Moudjahid par le P-DG de la Banque de développement local (BDL), Mohamed Krim. Le P-DG n'a pas manqué de souligner que «les banques ont mobilisé tous les moyens nécessaires pour réussir cette opération de mise en conformité fiscale volontaire», pour aboutir à une résultat tout à fait décevant à voir la masse importante que les banques étaient appelées à collecter en 18 mois et qui devait s'élever à près de 100 milliards de dinars au moins. Krim, qui était invité en compagnie de son confrère le P-DG du Crédit populaire d'Algérie (CPA), Omar Boudieb, a indiqué que les capitaux circulant dans l'informel représentent 26% de la masse monétaire mise sur le marché, alors que «l'objectif fixé est de drainer au moins 10 à 15% de cet argent». Cela montre l'importance du travail qu'il reste à abattre pour atteindre les objectifs assignés à cette opération, censée donner aux banques plus de liquidités afin de contribuer dans le financement de l'économie nationale. Il faut savoir que selon la Banque d'Algérie, l'argent liquide circulant dans l'informel oscillerait entre 1000 et 1 300 milliards de DA. Pour assainir le secteur informel, la loi de finances complémentaire 2015 permet aux détenteurs de fonds hors circuit bancaire de déposer leur argent auprès des banques dans le cadre d'un «programme de mise en conformité fiscale volontaire» contre le payement d'une taxation forfaitaire libératoire au taux de 7% devant être instantanément versée à la direction générale des grandes entreprises (Dge). Cette mesure est applicable sur les sommes déposées auprès des banques dans le cadre d'un programme inédit en Algérie: la mise en conformité fiscale volontaire (Mcfv) dont la date limite a été fixée au 31 décembre 2016. L'opération est en vigueur depuis mi-août dernier et devrait durer jusqu'à fin 2016. Ce long laps de temps confortable permet d'espérer une meilleure adhésion des détenteurs de ces fonds «invisibles» et non créateurs réels de richesse et d'emplois à cette initiative «révolutionnaire» dans son genre. Boualem Djebbar, président de l'Association des banques et établissements financiers (Abef), avait admis au début de l'opération qu'il ne fallait pas «se focaliser sur les premiers montants de fonds déposés tout en pensant qu'il faut un certain temps pour atteindre les objectifs escomptés». Le ministre des Finances lui-même, qui s'exprimait devant le Parlement, avait reconnu implicitement le manque d'enthousiasme des citoyens par rapport à cette opération arguant à la fois du «manque d'information», et aussi de «question de confiance des Algériens à l'égard de l'institution bancaire». De son côté, le patron de la Badr, avait assuré que l'institution qu'il gouverne entend profiter de son grand réseau national qui compte plus de 300 agences, pour «essayer de collecter le maximum de fonds». Il avait annoncé que des équipes de cette banque publique «se déplaceront sur le terrain et se rapprocher des citoyens pour les sensibiliser et les convaincre» d'adhérer à cette initiative Mcfv, qui est l'une des principales dispositions de la LFC-2015.