Après trois attentats en une semaine, l'avion abattu au niveau du Sinaï, en Turquie, puis au Liban, l'Etat Islamique (EI) a revendiqué l'attentat de Paris. Le terrible drame qui affecte toute la France nous touche également, l'Algérie ayant vécu pendant une décennie noire, ce terrible drame face au terrorisme qui est une menace planétaire. A cette occasion, j'exprime toute ma sincère compassion et me recueille à la mémoire des victimes et souhaite un prompt rétablissement aux blessés. Mais attention à toute amalgame car l'Islam autant que toutes les réligions monothéistes, le judaïsme et le christianisme est une religion de tolérance et de paix. Il s'agit de replacer ce lâche attentat dans le cadre des tensions géostratégiques au Moyen Orient et dans la région sahélo-saharienne qui risquent de déstabiliser tant l'Europe que le reste du monde. Cela nécessite des stratégies d'adaptation qui interpellent tant l'Algérie et plus globalement le Maghreb, les USA et l'Europe, d'une large coopération internationale, objet de cette contribution qui relate différentes rencontres internationales à ce sujet, auxquelles j'ai eu l'honneur de participer. 1.-Nous avons débattu en décembre 2013 à Paris au siège de l'IFRI de l'important ouvrage collectif publié sous la direction de Mansouria Mokhefi et Alain Antil qui dirigent respectivement les programmes «Maghreb/Moyen Orient» et «Afrique subsaharienne» (1) de l'Institut français des relations internationales intitulé «le Maghreb et son sud : vers des liens renouvelés» qui répond à certains questionnements à savoir la sécurité du Maghreb et de l'Europe. A ce titre, il a été mis en relief particulièrement le rôle stratégique de l'Algérie comme facteur de stabilisation de la région. Par la suite le 17 février 2014, à l'invitation de Jean-Pierre Chevènement, ancien ministre français de l'Intérieur, de l'Education nationale et de la Défense et grand ami puisqu'il est président de l'Association Algérie-France, en présence d'importantes personnalités (politiques, députés, sénateurs, experts internationaux) des deux rives de la Méditerranée en partenariat avec l'Union européenne, j'ai animé à cette occasion, au siège du Sénat français, une conférence sur le thème "Face aux enjeux géostratégiques pour un co-partenariat entre le Maghreb et l'Europe, facteur de stabilité de la région". Pour m'en tenir à l'intéressant ouvrage et les débats qui s'en ont suivis, il met en relief les relations entre les deux rives du Sahara et les dynamiques de la conflictualité saharienne actuelle interpellent l'Europe qui doit être attentive aux stratégies des pays du Maghreb en direction de leur Sud et sur les relations de toutes natures entre le Maghreb et l'Afrique subsaharienne. En effet, depuis des siècles, le Maghreb est lié avec l'Europe beaucoup plus étroitement qu'avec ses voisins du sud. Ainsi sont analysées, les politiques africaines de l'Algérie et du Maroc, politique de l'Afrique du Sud vis-à -vis du Maghreb, les mutations de la géopolitique saharienne après l'effondrement du régime libyen, les conséquences pour la région de la sécession d'un Nord-Mali, l'importance des échanges économiques (formels et informels) et des échanges humains de part et d'autre du Sahara, les flux migratoires notamment des migrants subsahariens qui s'installent désormais dans les pays du Maghreb. Les auteurs expriment ainsi l'unité croissante d'un espace jusqu'ici renvoyé à des logiques géopolitiques divergentes, et renouvellent aussi la vision que les Européens, peuvent avoir de notre Sud en évitant une vision européo-centriste. Ils mettent en relief l'ancienneté du système caravanier transsaharien, l'unité culturelle forgée autour de l'Islam et l'existence d'un «complexe de sécurité» dans la bande sahélienne et les dangers de la pénétration de l'islamisme radical à ne pas confondre avec l'Islam religion de tolérance à l'instar du judaïsme ou du christianisme avec des menaces réelles tant au Maghreb, qu'en Europe. Et sans oublier qu'existent des influences religieuses autour de la conception de l'Islam qui influence largement les dirigeants politiques au niveau du Sahel. Entre les frères musulmans qui encouragent le maraboutisme (zaouias) dominants d'ailleurs au Maghreb, et les djihadistes qui y voient une dérive de la religion, comme en témoigne la destruction des mausolées au Mali. 2.- Du point de vue géographique et politique, le Maghreb comme le rappelle justement les auteurs, aspects qui sont largement développés dans d'autres contributions notamment nos deux ouvrages sur le Maghreb face aux enjeux géostratégiques (Edition Maarifa mars 2014 Algérie et édition Harmattan Paris juillet 2014) (2) était et reste toujours une sorte de barrière sur la voie des réfugiés illégaux des pays d'Afrique subsaharienne en Europe. Bien avant et surtout depuis la chute du régime de Kadhafi le Sahel est l'un de ces espaces échappant à toute autorité centrale, où se sont installés groupes armés et contrebandiers. Kadhafi disparu, ce pays n'ayant jamais eu d'Etat au sens proprement dit, des centaines de milliers, dont 15 000 missiles sol-air étaient dans les entrepôts de l'armée libyenne, puis ont équipé les rebelles au fur et à mesure de leur avancée dont une partie a été accaparée par de différents groupes qui opèrent au Sahel. Déjà, les rapports entre le Sahel et la Libye de Kadhafi étaient complexes, ce dernier s'appuyant sur les Touaregs, minoritaires dans tous les pays de cette région, et s'estimant maltraités aussi bien par les Arabes au nord que par les subsahariens au sud, leur donnant des armes et de l'argent avec la possibilité de les utiliser contre les gouvernements du Sahel. Encore qu'il faille ne pas confondre la stratégie des Touaregs, locales, avec les groupes terroristes dont AQMI et l'Etat islamique qui sont des organisations supranationales avec une composante de pays variés ayant ses propres filières de contrebande. Pour Eric Denécé, Directeur du Centre français de recherche sur le renseignement, est clair sur l'origine de la situation présente: «il faut dire et répéter que le facteur déclenchant tout cela est l'intervention occidentale en Libye ». Il est rejoint récemment par le directeur du FBI, James Comey qui a affirmé le 14 novembre 2013 devant le Congrès «qu'Al Qaida au Maghreb Islamique (Aqmi) constituait une forte menace aux intérêts américains et occidentaux dans la région de l'Afrique du nord et du Sahel». Il a cité l'opération terroriste perpétrée contre l'installation pétrolière de Tiguentourine en Algérie (Illizi) ainsi que celles commises contre le consulat américain à Benghazi et la mine d'uranium exploitée par une société française à Arlit (Niger). Pour le directeur du Centre américain du contre-terrorisme, Matthew Olsen, dont les services dépendent du Directeur du renseignement national des Etats-Unis (DNI), devant la commission sénatoriale que si l'intervention militaire conduite par la France au Mali a permis de chasser Aqmi et ses alliés des villes qu'ils contrôlaient auparavant, ces groupes arrivent, cependant, à trouver refuge dans les zones les moins peuplées du nord du Mali et continuent à commettre des attaques de représailles. La plupart des dirigeants du Maghreb de l'Afrique de l'Europe et des Etats Unis d'Amérique s'accordent dorénavant sur la nécessité de coopérer davantage face à la menace de l'insécurité et du crime organisé, insistant sur une coopération étroite des pays du Maghreb et du Sahel , thème qui a été développé lors d'une rencontre internationale des experts le 04 décembre 2013 à Paris, en marge du sommet des 06/07 décembre 2013 à laquelle j'ai participé. La résolution finale a mis l'accent sur l'obligation de mettre en application une stratégie interrégionale qui associe l'ensemble des pays de la zone en plus des partenaires européens –américains du fait que la région est devenue un espace ouvert pour divers mouvements terroristes et autres groupes qui prospèrent via le trafic d'armes ou la drogue, menaçant la sécurité régionale et par ricochet l'Europe et les USA. La résolution finale stipule l'urgence d'une coopération tant africaine que mondiale dans la lutte contre la criminalité transnationale nécessitant une amélioration des bases de données afin de lutter efficacement contre le crime transfrontalier et le terrorisme. 3.- Cela rejoint la position des Etats-Unis d'Amérique, notamment du directeur du FBI, James Comey qui a affirmé le 14 novembre 2013 devant le Congrès qu'Al Qaida au Maghreb Islamique (Aqmi) constituait une forte menace aux intérêts américains et occidentaux dans la région de l'Afrique du nord et du Sahel. Pour le directeur du Centre américain du contre-terrorisme, Matthew Olsen, dont les services dépendent du Directeur du renseignement national des Etats-Unis (DNI), devant la commission sénatoriale que si l'intervention militaire conduite par la France au Mali a permis de chasser Aqmi et ses alliés des villes qu'ils contrôlaient auparavant, ces groupes arrivent, cependant, à trouver refuge dans les zones les moins peuplées du nord du Mali et continuent à commettre des attaques de représailles. C'est dans cet objectif que se sont établis des dialogues stratégiques notamment entre les USA/Algérie et Europe/Algérie. Concernant l'Algérie, cela a été formalisé lors de la première réunion qui s'était tenue en octobre 2012 à Washington, après la 5ème session du dialogue militaire conjoint algéro-américain. Les Etats-Unis considèrent ce dialogue stratégique comme "le fondement" sur lequel les Etats-Unis et les pays du Maghreb dont l'Algérie doit jouer un rôle essentiel afin de renforcer leurs relations futures dans les domaines politique, économique, culturel, scientifique et sécuritaire, notamment de lutter contre le terrorisme international. Il s'agit donc de lever les contraintes du fait que la corruptibilité générale des institutions, pèsent lourdement sur les systèmes chargés de l'application des lois et la justice pénale en général qui ont des difficultés à s'adapter aux nouveaux défis posés par la sophistication des réseaux du crime organisé. La collaboration inter-juridictionnelle est ralentie par l'hétérogénéité des systèmes juridiques notamment en Afrique du Nord et en Afrique noire. De plus, la porosité des frontières aussi bien que la coordination entre un grand nombre d'agences chargées de la sécurité aux frontières posent de grands problèmes. À terme, la stratégie vise à attirer graduellement les utilisateurs du système informel vers le réseau formel et ainsi isoler les éléments criminels pour mieux les cibler tout en diminuant les dommages collatéraux pour les utilisateurs légitimes. 3.-.L'Algérie a vécu un drame avec la menace terroriste. L'Algérie qui partage des frontières terrestres avec ses 7 pays voisins : la Libye, le Mali, la Mauritanie, le Maroc, le Niger, la Tunisie et le Sahara occidental pour un total de 6 343 km a déployé une véritable task-force pour sécuriser ses frontières pour faire face à l'instabilité chronique de l'autre côté des frontières et dont les événements récents confirment la continuelle aggravation et lui ont imposé des dépenses supplémentaires. (Suivra)