La loi criminalisant la violence à l'égard des femmes longtemps bloquée au Sénat «sera bientôt débloquée», a déclaré, hier à Alger, la ministre de la Solidarité, de la Famille et de la Condition de la femme, Mounia Meslem. La violence à l'égard des femmes compte de nombreuses victimes chaque année. Quelque 7 000 femmes ont osé dénoncer ce qu'elles avaient subi auprès des instances judiciaires et policières, et 22 ont trouvé la mort, au moment où le texte de loi criminalisant de ce phénomène reste bloqué au niveau du Sénat. Ces chiffres ont été communiqués par Mme Meslem, lors de l'émission «l'Invité de la rédaction» sur la Chaîne lll de la Radio nationale. Elle explique que ce phénomène revient à «la décennie noire qui a laissé des séquelles sur la société. Les enfants qui ont vécu les années 90 sont les hommes d'aujourd'hui», et met en cause «l'état psychologique des citoyens qui vivent une situation où la violence monopolise leur vie quotidienne». Interrogée sur la partie qui résiste au niveau du Sénat, la ministre a répondu que «des Algériens, des politiciens en particulier, croient que la religion n'accepte pas qu'une femme violentée par son mari aille dénoncer cela». Elle a, également, défendu cette religion : «L'islam représente la paix et n'autorise pas la violence contre les femmes.» La partie qui bloque cette loi au niveau du Sénat est pour Mounia Meslem celle «des islamistes, n'oubliez pas qu'il y a des partis politiques qui instrumentalisent l'islam et ont un discours très fort au sein de cette institution». Cependant, elle a rappelé qu'un arsenal juridique incriminant toutes formes d'atteintes à l'égard des femmes, tels les harcèlements sexuels et la violence conjugale, a été activé par l'Etat à travers, notamment, l'amendement du Code de la famille et celui du Code pénal. Elle annonce, d'autre part, qu'un programme visant à appréhender et à endiguer cet épineux problème est en train de prendre forme en collaboration avec toutes les institutions de l'Etat pour mieux protéger et assister les femmes contre la violence. Elle annonce, aussi, que des suites des orientations énoncées, en mars 2015, par le chef de l'Etat, le ministère de la Justice a commencé à revoir certaines dispositions du Code de la famille. La violence peut prendre plusieurs formes dont des agressions physiques n'entraînant pas forcement des blessures visibles. Par ailleurs, il a été procédé à l'amendement de l'article 330 du code pénal relatif à l'abandon de famille pour ne pas priver l'épouse de ses biens et ressources financières. Pour ce qui est des dispositions relatives à la protection de la femme contre la violence sexuelle, le projet de loi prévoit l'introduction d'un nouvel article criminalisant toute agression attentant à l'intégrité sexuelle de la victime.