La Ligue algérienne de défense des droits de l'Homme (Laddh) a présenté un rapport dramatique sur l'état des droits de l'Homme en Algérie pour l'année 2015 à l'occasion de la célébration du 67e anniversaire de la Déclaration universelle des droits de l'Homme. Le rapport établi par le secrétaire national chargé des dossiers spécialisés de la Laddh, Houari Kaddour, est dramatique et accablant. Le rapport a souligné que « le système algérien a voulu entretenir l'illusion d'un changement là où la réalité est marquée par la continuité dans la répression, les violations des libertés publiques et des droits de l'Homme. Les Algériennes et Algériens qui revendiquent le respect de leurs droits aussi bien civils et politiques, qu'économiques, sociaux et culturels font l'objet de discriminations, d'arrestations. Depuis le 10 décembre 2014 jusqu'au 7 décembre 2015, les revendications sociales sont d'ailleurs de plus en plus nombreuses avec d'importantes manifestations pour réclamer l'amélioration du niveau de vie». Pour la Ligue, cette situation est perceptible dans différents aspects et domaines. Le premier aspect soulevé dans ce rapport est celui de la pauvreté. «Les différentes études menées sur la pauvreté en Algérie ont montré que 70% des pauvres résident en milieu rural. Globalement, la pauvreté touche deux fois plus les zones rurales que les zones urbaines». Droit au logement et à la santé La politique du logement social, initiée par l'Etat pour venir à bout de la crise dans le secteur, «n'a point diminué d'ampleur», selon la Laddh. Cette dernière a annoncé que «ladite politique n'a pas été à la hauteur des attentes et des revendications contestataires, sans taire l'action de la mafia de l'immobilier, prépondérante dans ce contexte». Concernant la santé, elle a réitéré le droit des citoyens en la matière, non sans s'élever contre la gestion anarchique dans ce secteur, les retards dans la vaccination des enfants, censée les prémunir contre les virus et maladies infectieuses. La Ligue a déploré, par ailleurs, la situation actuelle dans les hôpitaux, dont bon nombre sont confrontés au manque de spécialistes, de moyens logistiques appropriés, non sans omettre aussi d'évoquer les contradictions dans la gestion financière des centres de santé et des salles de soins. Bureaucratie et corruption La Laddh a soulevé plusieurs points dont «la politique de préférence et le droit à l'égalité, le phénomène bureaucratique, le phénomène du suicide, la criminalité et vol qui prend une ampleur menaçante dans une société inégalitaire, augmentation du trafic de stupéfiants et des points de ventes illicites de boissons alcoolisées, le droit au logement, le droit à la santé, les droits de l'enfant, parité entre les sexes, violence contre les femmes... ». Elle a également souligné que le phénomène de la corruption continue «de ronger les rouages de l'Etat et une grande partie de la société. Il a pris, ces derniers temps, des proportions alarmantes. Il n'y a pas aujourd'hui une institution qui échappe au phénomène de la corruption et de la dilapidation des deniers publics». Le bureau national de la Ligue algérienne de défense des droits de l'Homme (Laddh) a ainsi voulu par ce rapport préciser que «de nombreuses anomalies minent la législation algérienne en la matière et encouragent la persistance de passe-droits et autres combines». La Laddh donne quelques exemples : «Près de 74% des salariés sont recrutés grâce au favoritisme et à la corruption, selon l'Office national des statistiques. Droit de réunion et de manifestation Durant l'année en cours, La Laddh a affirmé que «diverses manifestations ont été interdites et plusieurs autres réprimées», accompagnées d'arrestations et parfois, au recours à l'emprisonnement de manifestants. Pourtant, atteste-t-elle, les contestations populaires expriment souvent un ras-le-bol, principalement des zones rurales isolées, privées d'eau, de gaz, de communications et de voies adéquates de transports. Sans oublier les problèmes d'emploi et de formation et celui de la détérioration du pouvoir d'achat. Pour conclure, le bureau national de la Ligue souligne «sa totale désapprobation de l'état dans lequel se trouve aujourd'hui la situation dégradante des droits de l'Homme en Algérie. Son entière solidarité avec l'activité militante des différentes catégories travailleuses et le soutien de leurs justes revendications légitimes est soulignée. La Ligue ne manque pas de souligner sa condamnation ferme de la violence qui est devenue courante dans le milieu social et sa solidarité agissante avec les victimes. Par ailleurs, elle exprime son rejet total des pratiques scandaleuses de la corruption et de tous les agents vecteurs de proliférations de maux sociaux et fléaux attentant aux bonnes mœurs et menaçant de dépravation les jeunes générations montantes de notre pays en peine de reconstruction et en quête de projets promotionnels multidimensionnels aux fins d'une mise à niveau plus ou moins équitable, au diapason de l'évolution des autres wilayas et contrées de l'Algérie souveraine».