L'homme de culture et journaliste, Tahar Benaïcha est décédé samedi à Alger à l'âge de 90 ans des suites d'une longue maladie. Hospitalisé à l'hôpital de Douéra, depuis une vingtaine de jours, il est décédé vers 22h. Il a été enterré, dans sa ville natale de Guemmar dans la wilaya d'Oued Souf (Sud-est). Le président de la République Abdelaziz Bouteflika a adressé un message de condoléances à la famille de Tahar Benaïcha dans lequel il a souligné que le défunt était une véritable encyclopédie, un journaliste sérieux et un illustre homme de culture. «J'ai appris avec une profonde affliction le décès de l'illustre écrivain et homme de culture le professeur Tahar Benaïcha. Dans cette douloureuse épreuve, je vous présente mes sincères condoléances et l'expression de ma profonde sympathie, priant Dieu Tout Puissant de lui accorder sa Sainte miséricorde et de vous assister ainsi que l'ensemble de la famille culturelle», écrit le président Bouteflika dans son message. «Tahar Benaïcha était un journaliste sérieux et un illustre homme de culture qui s'intéressait à la littérature, au patrimoine et à la civilisation islamique. Il était une véritable encyclopédie et une référence pour les chercheurs». «Je sais la douleur incommensurable provoquée par la disparition de Tahar Benaïcha chez ses proches, mais aussi chez toute une génération de chercheurs pour qui il était une référence», a ajouté le président de la République. «La mémoire populaire algérienne est aujourd'hui orpheline et ne trouve sa consolation que dans les milliers d'articles produits dans des dizaine de titres de la presse depuis les années quarante et les programmes télévisés à travers lesquels il a fait découvrir des pans de l'histoire de la civilisation islamique en Europe, en Andalousie et en Afrique», a précisé le président Bouteflika. «La disparition de Tahar Benaïcha nous incite à nous remémorer sa lutte de longue haleine dans la presse nationale aux côtés des géants qui ont mis leur plume au service de la libération, de l'indépendance et de la critique constructive», a ajouté le chef de l'Etat, précisant que pour l'Algérie «il n'y avait guère de différence entre la lutte par les armes et la lutte par la plume, les deux ayant frayé un chemin vers l'indépendance et la gloire de l'Algérie». «En cette douloureuse épreuve qui est également la nôtre et face à cette peine immense que nous partageons, je ne puis que vous exprimer ma sympathie et ma compassion, en formant le vœu que les écrits du défunt soient perpétués par une relève tout comme il l'a fait avec ses prédécesseurs», a écrit le président Bouteflika. «Puisse Dieu Tout-puissant accueillir le défunt en Son vaste paradis et assister les siens en cette pénible circonstance», a conclu le chef de l'Etat. Des hommes de culture lui rendent hommage Des hommes de culture et de médias ont rendu hommage dimanche à l'intellectuel et journaliste algérien, Tahar Benaïcha, décédé samedi soir à Alger à l'âge de 91 ans, le qualifiant d'«un des plus importants acteurs» de la scène culturelle en Algérie. Le ministre de la Culture, Azzedine Mihoubi, a salué «la pensée, la vision» ainsi que l'esprit de «critique constructive» du journaliste et de l'intellectuel Tahar Benaïcha, tout en rappelant ses nombreuses contributions dans le mouvement national, pendant la guerre de libération et après l'indépendance. «La scène culturelle et médiatique algérienne perd un de ses plus importants acteurs», écrit le ministre dans un message de condoléances, soulignant que le défunt s'était autant intéressé à «l'histoire culturelle, au patrimoine qu'à la politique» de l'Algérie. Le ministre de la Communication, Hamid Grine, a également présenté dans un message ses condoléances à la famille du défunt . L'ancien ministre et Moudjahid, Lamine Bechichi, a, de son côté, rendu hommage à un «véritable intellectuel», en rappelant ses travaux sur «la civilisation musulmane et ses plus importantes étapes historiques», en particulier en Afrique et en Asie centrale. Le président de l'association «El-Djahidhya» et ami du défunt, Mohamed Tin, a évoqué, pour sa part, un «brillant intellectuel depuis les années 1950 lorsqu'il dirigeait une troupe de théâtre», tout en rendant hommage au «Moudjahid» et au «penseur» qui, dit-il, «a défendu des vérités et des idées», objet de «polémiques» parmi les intellectuels de son époque. Né en 1925 dans la ville de Guemmar à Oued-Souf (sud-est), Tahar Benaïcha a rejoint, après des études primaires, l'université Zeïtouna (Tunisie) en 1942 et avant de s'installer à Alger en 1949. Militant au PPA (Parti du peuple algérien), il rejoint le FLN (Front de libération nationale) après le déclenchement de la guerre d'indépendance en 1954. Journaliste depuis les années 1940, il s'est fait connaître à travers ses contributions dans des journaux et revues comme «Assa Moussa» - dont il fut le fondateur- ou encore «Révolution et Travail» l'organe de l'Union générale des travailleurs algériens (Ugta) après l'indépendance. Grand voyageur, notamment en Afrique de l'Ouest et en Asie centrale, et féru d'histoire de la civilisation musulmane, il réalise également une série documentaire sur les zaouïas en Algérie pour la télévision algérienne. Le défunt était également connu pour ses prises de positions en faveur du socialisme dont il fut un des plus ardents défenseurs parmi les intellectuels en Algérie. Tahar Benaïcha a été inhumé dimanche dans sa ville natale.