Le gisement de déchets en tant que source de richesses, s'ils sont valorisés pour devenir une nouvelle matière première ou semi-produit pour l'industrie, par leur récupération et leurrecyclage, n'est pas exploité comme il le faut. C'est ce que pense Abdelkader Touzi, professeur en bioénergie et biomasse, qui était, hier matin, l'invité de la rédaction de la Chaine III de la Radio nationale. Il plaide pour le concept de valorisation durable et intégré des déchets ménagers dont la quantité, selon ses chiffres, atteint les 6,8 millions de tonnes par an et une grande partie se retrouve dans les 63 000 décharges sauvages éparpillées sur le territoire national et dont on ne tire, souligne-t-il, aucune plus-value, dans la mesure où à peine 5%, une proportion dérisoire, sont traités. Ailleurs, ajoute-t-il, ils génèrent des sous-produits. Abdelkader Touzi estime entre 23 milliards et 25 milliards de dinars le marché du recyclage des déchets en Algérie, avec la création de richesses et d'emplois. Il considère que l'Etat a à gagner à faciliter les investissements dans ce créneau en libérant et en encourageant cette activité. Il fait remarquer qu'avec l'aide des scientifiques et des chercheurs, les déchets peuvent asseoir les bases d'une forte industrie de recyclage et de transformation pour autant qu'on leur accorde un réel intérêt. Au préalable, il faut apprendre aux ménages à faire le tri des déchets avant de les jeter. Il fait constater que la loi relative à la gestion et à l'élimination des déchets promulguée en décembre est restée lettre morte à ce jour alors que des expériences de recyclage et de valorisation des déchets ont parfaitement réussi dans de très nombreux pays à l'étranger. Il déplore que le compost soit importé de l'étranger alors qu'il est possible de le produire chez nous à partir des déchets organiques. Il donne, par ailleurs, l'exemple des pneus qui peuvent être recyclés de diverses façons ou celui des millions de peaux des moutons égorgés à l'occasion de Aid El-Adha, qui sont exportées vers le Maroc ou l'Italie où elles sont transformées en produits de cuir que nous importons ensuite. Il a également évoqué la problématique des déchets spéciaux dont la production annuelle s'élève, dit-il, à 2,5 millions de tonnes, alors qu'il y a, précise-t-il, plus de 4 millions de ces déchets en stock. Les déchets sont un élément essentiel de ce que l'on appelle l'économie circulaire qui consiste à «faire plus et mieux avec moins» en transformant le déchet de l'un en une ressource pour l'autre, c'est-à-dire en renforçant la politique de recyclage de déchets. Pour cela, il faut sortir de l'économie «linéaire», qui commence au départ avec l'extraction des ressources et se termine à la fin avec le déchet, en passant par la production et consommation. Pour y arriver, il y a un long chemin à faire.