L'interdiction de l'octroi des avances sur salaires, une des mesures prises par la Fédération algérienne de football (FAF) pour réduire le nombre des requêtes formulées par les joueurs des ligues professionnelles auprès de la commission de règlement des litiges (CRL), pourrait ne pas être respectée à la lettre, selon des présidents de clubs. Le président de la FAF, Mohamed Raouraoua, a parlé de plus de 130 cas de contentieux financiers traités par la CRL cette saison, un chiffre qu'il a estimé très élevé non sans tirer la sonnette d'alarme. C'est dans l'optique justement de réduire sensiblement le nombre de ces dossiers que le bureau fédéral a décidé de certaines mesures lors de sa réunion de vendredi dernier, dont l'interdiction de payer des avances sur salaires aux joueurs. «C'est une décision à saluer. Personnellement j'y adhère, mais le problème se situe dans son application. Je doute fort d'ailleurs que tout le monde consente à la respecter. Le projet de plafonnement des salaires, initié l'été 2014 puis rapidement voué à l'échec, devrait donner matière à réfléchir», a déclaré à l'APS Abdelkrim Hamiti, le nouveau président du CS Constantine. Face aux problèmes financiers énormes auxquels font face les clubs des deux paliers professionnels, le ministère de la Jeunesse et des sports, en collaboration avec la FAF avaient proposé un projet de plafonnement des salaires. Ce projet a été vite abandonné à cause de l'attitude des présidents des clubs eux mêmes qui n'ont jamais montré de bonnes intentions pour «jouer le jeu». «Tout repose sur une confiance mutuelle entre les joueurs et leurs présidents. Une confiance qui, malheureusement, est loin d'être instaurée entre les deux parties, d'où l'insistance des joueurs avant chaque début de saison de bénéficier d'avance sur leurs salaires», a encore expliqué Hamiti. Légiférer la mesure Pour sa part, le président de l'ES Sétif, Hassen Hamar, pense que la «bataille» qu'engagent les dirigeants de clubs lors de chaque mercato pour engager tel ou tel joueur, encourage la pratique en question. «Dans le souci de (chiper) tel ou tel joueur à un autre président de club, l'on propose une avance sur salaires, quelque fois importante, pour convaincre le joueur ciblé à signer dans sa formation», avoue le patron de l'Aigle noir. «Et comme cette pratique est devenue monnaie courante chez nos dirigeants, nous nous retrouvons dans l'obligation d'y recourir tous, pour ne pas avoir par la suite des problèmes avec les supporters qui ne nous ménagent pas en cas d'échec dans le recrutement d'un élément faisant l'objet de convoitises de la part de plusieurs équipes en même temps», regrette encore Hamar. Le président de Paradou AC, Kheireddine Zetchi, dont l'équipe n'est pas confrontée à ce genre de problème pour avoir tout le temps misé sur son propre produit, a appelé à «légiférer» l'interdiction de l'avance sur salaires. «Il faudra adopter une loi dans ce sens au cours de l'assemblée générale de la Ligue de football professionnel, tout en l'accompagnant de textes comportant des sanctions à l'encontre des clubs réfractaires», a suggéré Zetchi. Le premier responsable du nouveau promu en Ligue deux a estimé, en outre, qu'en agissant de la sorte, l'on assure «l'application stricte» de cette nouvelle mesure, et lui éviter de connaitre le même sort réservé au projet de plafonnement des salaires. Zetchi a enfin regretté que les présidents des clubs n'aient pas «banni» eux mêmes le recours à des avances sur salaires au profit des joueurs alors qu'ils sont les principaux victimes d'une telle pratique, comme l'atteste du reste la situation très délicate que traversent leurs formation sur le plan financier.