Il y a cinq ans, le président tunisien montait dans un avion avec femme et enfants, destination Djeddah, en Arabie saoudite. Le dictateur a été trahi par ses proches collaborateurs complices dans un coup d'Etat fomenté par certains services secrets étrangers. C'est à Sidi Bouzid en décembre 2010 que tout a commencé. Un vendeur ambulant s'immole par le feu pour dénoncer la misère et c'est toute la Tunisie qui s'embrase. Chômage, pauvreté, exclusion sociale, la situation morose du pays pousse des milliers de personnes dans les rues, « le printemps arabe »- comme on a voulu l'appeler-, est en marche. La vérité est que Mohamed Bouazizi n'était qu'un bouc émissaire. Cinq après, le président Béji Caïd Essebsi fait le bilan. " Il y a des études internes qui disent que 73% des Tunisiens sont optimistes car ils voient que la situation sécuritaire s'améliore en permanence et que le gain le plus important obtenu depuis la révolte populaire c'est la liberté." Jeudi, sur l'avenue Bourguiba à Tunis, ils manifestent à nouveau. Ici même il y a cinq ans, ils défilaient en criant "dégage" au président Bel Ali. Malgré l'ambiance festive, il y a encore des revendications. Les Tunisiens, du moins, peu d'entre eux, ont commémoré ce jeudi 14 janvier, le 5ème anniversaire de « la Révolution du Jasmin » qui a fait tomber le régime dictatorial de Ben Ali sous lequel on ployé 23 ans durant les Tunisiens privés de liberté et de démocratie. Les thèmes et slogan mobilisateurs de l'époque ont été « la liberté, la dignité et le travail » des revendications toujours d'actualité 5 ans après la déclenchement de la révolution qui a créé une onde de choc dans le monde arabe entraînant un bouleversement du paysage politique de la région. Mais si la Tunisie se débat toujours dans des difficultés économiques, elle a réussi à faire d'importantes avancées en se dotant d'une Constitution et d'institution pérennes. Contrairement aux autres pays du « printemps arabe » tels que la Libye, la Syrie ou e Yémen où la guerre a provoqué le chaos dans ces pays. Enfin, des représentants de la société civile et des habitants de Sidi Bouzid ont organisé, jeudi, un sit-in à la place Mohamed Bouazizi avant de parcourir, lors d'une marche organisée, les artères principales de ville pour s'arrêter par la suite devant le siège du gouvernorat. Ils réclament également la proclamation de la date de 17 décembre une fête nationale pour célébrer « la révolution » affirmant que le 14 janvier est la commémoration de la jour de la défaite du président déchu Zine El Abidine Ben Ali qui est un jour de victoire pour le peuple tunisien. Des attentats jihadistes depuis 2011, l‘état d'urgence mais aussi des élections libres et le prix Nobel de la paix en 2015: entre fierté et désilllusions, ces Tunisiens célèbrent les cinq ans de leur "Printemps". Le couple Ben Ali, leur fils Mohammed, 11 ans, et leur fille Halima, 22 ans sont toujours les hôtes des Saoudiens. Malgré les condamnations à plusieurs années de prison et à de fortes sommes d'amendes, le couple est à l'abri à Djeddah, ville portuaire sur la mer Rouge. Un mandat d'arrêt international et deux demandes d'extraditions ont été émises par Tunis. Mais, au nom de l'hospitalité et de la miséricorde islamique, l'Arabie saoudite n'extrade pas les ressortissants musulmans. En contrepartie, Ben Ali est contraint à la plus grande discrétion. Il n'est jamais apparu en public, n'a jamais donné d'interview et les seules photos qui ont été diffusées depuis sa fuite de Tunis l'ont été par l'intermédiaire du compte Instagram de son fils, compte qui a été supprimé depuis.