Le projet de réalisation d'une unité de production de réduction directe d'une capacité de deux millions de tonnes/an d'acier n'est plus d'actualité au niveau du complexe sidérurgique ArcelorMittal Algérie ElHadjar (Annaba). C'est ce qui ressort de plusieurs sources concordantes proches du dossier. Les mêmes sources ont indiqué qu'aucun fait matériel n'est venu concrétiser les affirmations faites par le ministre de l'Industrie et des Mines, Abdessalem Bouchareb, lors de la conférence de presse qu'il a animée au complexe sidérurgique El-Hadjar le 5 octobre 2015 quant à la récupération de la totalité des actions du capital social de la société par le gouvernement algérien. «A compter de ce jour, le groupe ArcelorMittal n'est plus concerné par la gestion de l'entreprise AMA devenue propriété à 100% algérienne», avait annoncé le ministre. Quatre mois après, les représentants indiens du groupe leader mondial de l'acier tiennent toujours les rênes de la direction générale et des affaires. Mieux, leur directeur général Mukund Kulkarni décide de la totalité des actes de gestion sans que nul des représentants du gouvernement algérien dont le groupe Imetal conduit par Ali Lemboub, ne trouve à redire. D'où les informations qui se croisent et s'entrechoquent quant à la stratégie mise en pratique pour faire échec au programme de réhabilitation des installations (PRI). Rappelons que l'Etat algérien a engagé plus de 720 millions de dollars pour ce PRI appelé à porter à plus de 1 million de tonnes/an la production de l'acier liquide. «Rien n'a été fait des objectifs fixés pour la 1re phase du programme de réhabilitation. Même les Italiens de «Feretti», les Ukrainiens et les Sud-africains de «Jet-Démolition» sollicités pour des opérations de sous-traitance sont confrontés à des difficultés à avancer dans l'exécution de la 1re phase dudit programme concernant la réfection du HF, la PMA et de l'aciérie. Et comme pour bien montrer que le dossier ArcelorMittal Algérie nage dans le flou, voilà que le ministre des Transports Boudjemaâ Talaï enfonce le clou en affirmant à l'issue de sa visite à Tindouf : « Les complexes sidérurgiques algéro/turc de Bithioua (Oran) et celui algéro-qatari de Bellara (Jijel) seront approvisionnés par la mine de fer de Ghar Djebilet (Tindouf). C'est dans ce cadre que sera réalisée une voie ferrée longue de 950 km devant relier ces deux sites. Les importantes réserves minières existantes à Ghar Djibilet susceptibles de permettre le développement économique hors hydrocarbures du pays, requièrent pour leur transport, la mobilisation de moyens modernes». Cette déclaration n'a pas échappé aux travailleurs de AMA. Ils ont été étonnés de ne pas entendre citer leur outil de travail à Annaba. A partir de là, les langues des cadres et agents se sont déliées. Pour les uns, la réalisation de l'unité réduction directe est annulée. Il y a ceux, proches du conseil syndical qui parlent d'annulation des élections syndicales. «Prévues pour être organisées à la fin de ce mois de février, les élections syndicales ArcelorMittal n'auront pas lieu jusqu'à la fin de l'année 2017 avec maintien des membres actuels» assure-t-on. Dire que l'alerte est générale au niveau de l'entreprise AMA, ne serait pas excessif. D'autant que les mois de retard, dans la concrétisation des objectifs du PRI, devraient se répercuter négativement sur l'exploitation des ateliers en termes de paiement des salaires, des impôts et taxes, des approvisionnements des services et au niveau des sous-traitants. A eux seuls, ceux-ci comptabilisent plusieurs centaines de travailleurs. Tous risquent la mise au chômage. Entre temps, le Turc Tosyali Holding, le plus grand producteur d'acier et de fer du secteur privé en Turquie a réalisé la plus grande usine sidérurgique privée à Bethioua. Ses ambitions devraient être dépassées par la société mixte «Algérienne Qatarie Sidérurgie (AQS)». Celle-ci a pris possession du projet sidérurgique de Bellara en cours de matérialisation. Rappelons enfin que le dossier Gold Mining Algéria, la société mixte créée par Sonatrach et une multinationale australienne est toujours sous enquête. Cette dernière qui devait lancer l'exploitation de la mine de Amesmessa (Tamanrasset), n'a pas investi un seul sou. Pis, elle est à l'origine d'un préjudice financier d'un milliard de dollars commis au préjudice du Trésor public algérien. Aussitôt empoché ce montant, elle a disparu corps et biens. Le groupe ArcelorMittal, lui aussi, n'a pas investi un seul cent depuis son avènement en Algérie en 2001. Et pourtant, il est toujours là, seul maître à bord au complexe sidérurgique El- Hadjar.