La contestation sociale au centre-ouest de la Tunisie s'embrase de nouveau. Elle risque même de s'étendre dans d'autres régions. Plusieurs centaines de manifestants réclamant des emplois ont été dispersés par la police à Kasserine, dans le centre-ouest de la Tunisie, quelques jours après le décès d'un jeune chômeur dans cette région déshéritée. Tout a commencé dimanche après le décès controversé d'un jeune chômeur. En réaction au décès de Ridha Yahyaoui, plusieurs dizaines d'habitants avaient exprimé leur colère devant le siège de la préfecture de Kasserine. Lundi, entre 150 et 200 personnes ont manifesté sur l'avenue Habib Bourguiba à Tunis, à l'appel de l'UDC et de l'Union générale des étudiants de Tunisie (UGET). Hier, quatorze personnes ont été légèrement blessées, à Kasserine, région défavorisée et noyau de la contrebande du centre-ouest de la Tunisie, lorsque la police a dispersé des manifestants réclamant des emplois, et ce, quelques jours du jeune chômeur. Dans la même journée du mardi, entre 500 et 1000 personnes se sont rassemblées devant le siège du gouvernorat en scandant «Le travail est un droit». «Certaines ont lancé des pierres, d'autres sont montées sur le toit du gouvernorat. La police les a dispersées avec des gaz lacrymogènes», a indiqué le responsable du ministère, qui a toutefois confié que la situation était «stable» en milieu de journée. Police et armée se sont déployées devant le siège du gouvernorat où des habitants ont coupé l'une des principales rues de la ville avec des pneus en feu. Les participants ont appelé les autorités à agir davantage contre le problème de l'emploi chez les jeunes, en particulier dans les régions de l'intérieur, les premières à s'être soulevées avant 2011 contre le régime de Zine El Abidine Ben Ali. Le couvre-feu décrété, mardi soir dans la ville de Kasserine, a été élargi pour toucher les villes de Thala et Feriana, du même gouvernorat, suite à des affrontements qui ont eu lieu entre forces de l'ordre et citoyens revendiquant leur droit à l'emploi et au développement, dans la soirée du mardi 19 janvier. A noter également les protestations qui sont apparues dans la délégation de Meknassi, dans le gouvernorat de Sidi Bouzid, où des jeunes ont protesté mardi soir par solidarité avec les jeunes de Kasserine. Les manifestants ont bloqué la route nationale RN14 reliant Sfax à Gafsa, en incendiant des pneus usagés qui ont été jetés sur la voie publique pour empêcher la circulation par cette route. Les mouvements de protestation à Kasserine se sont poursuivis dans la soirée du mardi malgré l'annonce du couvre-feu dans tout le gouvernorat de 18h à 5h du matin. Cependant un retour au calme a été constaté, tard dans la nuit du mardi 19 au mercredi. De son côté, le directeur régional de la santé, a indiqué que 246 protestataires ont été blessés, suite à des confrontations avec les forces de l'ordre. Il a précisé que toutes les personnes blessées ont quitté l'hôpital régional de Kasserine, après avoir reçu tous les soins nécessaires. La même source a affirmé que 3 sécuritaires et 1 militaire, ont également été blessés.Les autorités n'ont pas tardé à réagir pour tenter de calmer les esprits. Ainsi, le Premier ministre Habib Essid avait autorisé l'ouverture d'une «enquête sur les circonstances de l'élaboration de cette liste afin de prendre les mesures nécessaires». Par ailleurs, la sanction n'a pas tardé. C'est le délégué du gouvernorat de Kasserine qui en a payé les frais. Il a été vite limogé. «Au vu des circonstances ayant entouré l'établissement de la liste des chômeurs à Kasserine, le traitement de la question des diplômés du supérieur et la mort du jeune Ridha Yahyaoui, le chef du gouvernement Habib Essid a décidé de démettre le premier délégué de la ville de son poste», a annoncé la présidence du gouvernement dans son communiqué. Ce n'est pas la première fois que Kasserine, qui reste l'une des régions «les plus pauvres» de Tunisie, est le théâtre de tensions sociales.