Cinq ans après le renversement du régime de Ben Ali, la Tunisie renoue avec la violence. Un climat d'instabilité y règne depuis quelques jours, à Kesrine notamment, où un couvre-feu a été décrété. Un couvre-feu a été décrété hier à Kasserine, ville du centre-ouest de la Tunisie, où 14 personnes ont été blessées lorsque la police a dispersé des manifestants réclamant des emplois. La situation à Kasserine est tendue depuis le décès samedi d'un chômeur de 28 ans, Ridha Yahyaoui, qui s'était électrocuté après être monté sur un poteau près du siège du gouvernorat pour protester contre son retrait d'une liste d'embauche dans la Fonction publique. Dans la matinée d'hier, près de 500 personnes selon des médias - un millier d'après un responsable du ministère de l'Intérieur - s'étaient rassemblées devant le siège du gouvernorat en scandant «Le travail est un droit». «Certains ont lancé des pierres, d'autres sont montés sur le toit du gouvernorat. La police les a dispersés avec du gaz lacrymogène», a déclaré le responsable du ministère. «Quatorze personnes se trouvent à l'hôpital régional, toutes pour des blessures légères», a par la suite indiqué le gouverneur de Kasserine, Chedly Bouallègue. Le ministère de l'Intérieur a annoncé en fin d'après-midi qu'un couvre-feu avait été imposé à Kasserine de 18h00 à 05h00 du matin à compter du 19 janvier». La situation était «stable» à la mi-journée, selon le responsable du ministère, mais des habitants avaient coupé l'une des principales rues de la ville avec des pneus en feu et l'armée s'était déployée devant le siège du gouvernorat. Dimanche, suite au décès de Ridha Yahyaoui, plusieurs dizaines d'habitants avaient déjà exprimé leur colère en brûlant des pneus dans la ville. Lundi, 150 à 200 personnes avaient également protesté sur l'avenue Habib-Bourguiba à Tunis, en brandissant des portraits du jeune homme. Un haut responsable du gouvernorat de Kasserine a été limogé à la suite de ce décès et la présidence du gouvernement a annoncé l'ouverture d'une enquête. Kasserine, l'une des régions les plus pauvres de Tunisie, a plusieurs fois connu depuis la révolution de 2011 des mouvements de protestation dégénérant parfois en affrontements violents avec la police sur fond de misère et de chômage.