L'Orchestre symphonique national (OSN), dirigé par le maestro ukrainien Volodymyr Sheiko a animé, mercredi à Alger, un concert marqué par la prestation époustouflante de la concertiste algérienne Louiza Hamadi au piano, et la participation exceptionnelle de la soprane ukrainienne Olha Fomichova et son compatriote, le ténor Dmytro Kuzmin. Habitué à se produire sur la scène de la salle Mustapha Kateb du Théâtre national Mahieddine Bachetarzi (Tna), Volodymyr Sheiko a vite pris les choses en main dans un concert dédié aux grandes oeuvres de l'Opéra universel, devant un public recueilli, venu nombreux apprécier le génie créatif de grands noms de la musique classique universelle. En présence du ministre de la Culture Azzedine Mihoubi, une dizaine d'oeuvres réunissant les compositeurs, Frantz Liszt, Gioachino Rossini et Giuseppe Verdi a été rendue par l'OSN et ses invités, combinant la douceur des mélodies avec l'agilité du doigté et les belles prouesses vocales. Louisa Hamadi au piano, bien inspirée et entièrement dans ses partitions, a mis en valeur ses qualités techniques, exécutant dans une prestation de haute facture très applaudie par le public, le «Concerto No 1 pour piano et orchestre en Mi bémol majeur» du compositeur hongrois Frantz Liszt (1811-1886), une pièce de référence pour les pianistes, à l'exercice classé difficile par les grandes écoles de musique dans le monde. Le public qui a souhaité voir la concertiste algérienne interpréter d'autres oeuvres a apprécié la qualité supérieure d'exécution de Louiza Hamadi, alliant la maîtrise et la dextérité, à la tendresse et la subtilité dans des phrasés rapides et très techniques, marqués par leur complexité mélodique. Marquées de technique et de pureté, les voix, aux tessitures larges de la soprane Olha Fomichova et du ténor Dmytro Kuzmin ont pris le relais, se donnant la réplique dans des oeuvres célèbres de l'Opéra universel écrites par le grand compositeur italien Giuseppe Verdi (1813-1901). Les pièces choisies de tableaux séparés des opéras «Rigoletto» (1851) et «La Traviatta»(1853), déclinées respectivement en trois et cinq mouvements, ont permis à l'assistance d'apprécier, près de deux heures durant, la justesse et la puissance d'interprétation des vocalistes savourant ces moments de musique inédits, dans la délectation des sens et la convivialité. Alliant la féminité des modes mineurs aux tons relevés des gammes majeurs, les instrumentistes de l'OSN ont excellé par leur professionnalisme, alternant lenteur et rapidité dans des mouvements nuancés, à ascendances régulières, à l'instar du rendu dans la pièce «La pie voleuse» Gazza, du compositeur italien Gioachino Rossini (1792-1868). La dernière partie a été réservée à deux pièces du patrimoine algérien : «Abaden Omri» et «Kacentina Hiya Gharami», arrangées par Hocine Bouifrou, suscitant de l'entrain chez le public qui s'est relâché, poussant des youyous et battant la mesure avec les mains. L'entrée payante n'a pas dissuadé le public nombreux à faire le déplacement, estimant qu' «il est temps de se mettre aux normes en payant sa place, car c'est la meilleure manière, selon un mélomane, de contribuer à la promotion de la culture». Distinguée de plusieurs prix internationaux, Louiza Hamadi a suivi des études en Espagne, d'abord au Conservatoire de Ferraz à Madrid, avant d'intégrer l'Ecole de musique Katarina Gourska dans le même lieu, puis le Conservatoire supérieur de Aragon à Saragosse. Après une formation de concertiste à l'Ecole supérieure de musique Reina Sofia, elle est depuis 2012 pianiste concertiste dans le cadre du projet «Davidsbundler», de l'intitulé éponyme d'une suite de 18 pièces pour piano, d'un degré de difficulté supérieur, écrites en 1837 par le compositeur allemand Robert Schumann (1810-1856). Décoré «Personnalité émérite des Arts de l'Ukraine» en 2003 et de l'ordre du Saint-Prince Vladimir Legrand en 2005, le maestro Volodymyr Sheiko occupe, entre autres hautes fonctions qu'il a exercé, celle de Chef d'orchestre principal et directeur artistique de l'Orchestre symphonique de la radio ukrainienne. Créé en 1992, l'Orchestre symphonique national, dirigé depuis 2001 par Abdelkader Bouazzara, a été lancé en 1997 sous la baguette du regretté maestro Abdelwahab Salim, disparu le 26 novembre 1999. Regroupant actuellement près de quatre-vingt musiciens, l'Osn s'attelle à promouvoir la musique symphonique en Algérie, à travers des tournées organisées sur tout le territoire, la ville de Djanet étant la dernière en date à le recevoir. Le même concert est programmé jeudi à Constantine dans le cadre de la manifestation «Constantine, capitale de la Culture arabe 2015».