Si une intervention militaire étrangère en Libye serait effective dans les semaines qui viennent, la Tunisie court doublement le risque d'être envahie par la population libyenne mais aussi par les terroristes de Daech. D'ailleurs, le président tunisien Béji Caïd Essebsi s'est inquiété avec la peur au ventre, jeudi, d'une éventuelle intervention militaire internationale en Libye, en proie au chaos, et a demandé à être "consulté" avant toute décision. C'est du moins légitime que le président tunisien demande à être consulté avant toute frappe militaire en Libye. Seulement, lui-même, a manqué au préalable de consulter l'Algérie avant de recevoir le « statut spécial » de membre de l'OTAN, l'an dernier à Washington par Obama. Quand bien même, feu Bourguiba ne manquait jamais de prendre seul certaines décisions sans consulter feu Boumediène sur les questions d'intérêt commun. "Nous sommes informés que les Libyens se préparent, peut-être, à certaines interventions étrangères et à des bombardements pour lutter contre Daech", a déclaré M. Essebsi lors d'une cérémonie de voeux au corps diplomatique en poste à Tunis. "Je dis, et très clairement, aux amis qui pensent à cela de ne pas penser seulement à leurs intérêts. De penser aux intérêts des pays voisins et au premier rang de la Tunisie", a-t-il ajouté. "Avant tout acte de ce genre, s'il vous plaît, consultez-nous, parce qu'il peut vous servir mais nous porter atteinte", a encore fait valoir le chef de l'Etat. Mardi, la coalition internationale réunie à Rome a cependant assuré qu'une intervention n'était pas d'actualité. La Tunisie a de son côté répété à plusieurs reprises être particulièrement touchée par l'instabilité en Libye, où le groupe EI a profité du chaos pour s'implanter. Des médias avaient fait état, ces derniers jours, de la possibilité d'une intervention militaire imminente, menée par la coalition internationale, en Libye. Cependant, le secrétaire d'Etat américain, John Kerry, avait affirmé, mardi, lors d'une réunion de la coalition internationale contre Daech, dans la capitale italienne, Rome, que le président des Etats-Unis était opposé à une intervention militaire en Libye. Une position également partagée par le ministre français des Affaires étrangères, qui avait affirmé, le même jour, que «la France n'est pas disposée à intervenir militairement en Libye». Toutefois, le porte-parole du gouvernement français Stéphane Le Foll, avait affirmé, mercredi que la France pourrait participer à une éventuelle opération militaire en Libye contre Daech. La France ne prendra "pas d'initiative seule" comme elle l'a fait au Mali mais elle pourra participer à une initiative internationale, notamment à la "demande" d'un éventuel gouvernement d'union nationale à Tripoli, a-t-il précisé. Fin 2015, Tunis a fermé pendant 15 jours sa frontière commune, dans la foulée d'un attentat suicide revendiqué par l'EI ayant tué 12 agents de la garde présidentielle. D'après les autorités tunisiennes les auteurs des précédentes attaques sanglantes de l'EI en 2015, au musée du Bardo et à Sousse (60 morts), avaient été formés au maniement des armes en Libye. La Tunisie vient de terminer la construction d'un "système d'obstacles" sur la moitié des 500 km de frontière commune, notamment afin de limiter la contrebande d'armes. De sources officielles, quelque 5.000 Tunisiens se trouvent en Irak, en Syrie et en Libye dans les rangs d'organisations jihadistes.