Le chaos en Libye et les perspectives pas optimistes quant à l'évolution de la situation sécuritaire suscitent l'inquiétude de la communauté internationale partagée sur la manière à adopter pour faire face à la réalité sur le terrain. Le chaos provoqué par l'intervention militaire étrangère en Libye, en particulier de la France, il y a quatre ans, a plongé ce pays dans le désordre, l'insécurité et l'instabilité, favorisant l'installation d'organisations terroristes comme Al Qaïda et l'Etat islamique (EI/Daech). Imitant leurs acolytes sévissant en Syrie et en Irak, ces terroristes installés désormais en Libye, kidnappent et décapitent toute victime dont l'assassinat peut leur assurer une médiatisation large utile à leur propagande. La décapitation de 21 chrétiens égyptiens par Daech en Libye fait partie de cette «stratégie» terroriste qui tente d'obtenir une intervention militaire étrangère en terre libyenne pour appeler à «l'occupation» et au «djihad» et recruter parmi les terroristes de la région, renforcement qui, conjugué à la disponibilité d'armes et d'argent, accroîtrait la capacité de nuisance de cette organisation. L'ingérence militaire ayant eu lieu en Libye, il y a quelques années, a grandement profité aux organisations terroristes puisque elle leur a permis de s'installer dans un pays livré au chaos. Quelle option sera retenue, cette fois, par la communauté internationale pour la Libye ? L'intervention militaire étrangère sera-t-elle, encore une fois, retenue, au risque de faire le jeu des terroristes qui ne manqueraient pas de faire dans la victimisation et attirer d'autres terroristes, dont les Tunisiens et les Libyens partis faire le djihad en Syrie et en Irak ? Le groupe arabe à l'ONU, lui, devait présenter hier un projet de résolution demandant la levée des restrictions sur les armes pour le gouvernement libyen reconnu par la communauté internationale, a indiqué la diplomatie égyptienne dans un communiqué. L'Egypte, qui avait annoncé vouloir demander à l'ONU une intervention militaire internationale contre l'EI en Libye, semble faire marche arrière après s'être heurtée à la réticence des puissances occidentales, lesquelles privilégient dans l'immédiat une solution politique. Par l'intermédiaire de la Jordanie, le seul membre arabe non permanent du Conseil de sécurité, le groupe arabe va présenter un projet de résolution comprenant les éléments proposés par l'Egypte, y compris la demande de lever l'embargo sur les armes pour le gouvernement légitime, afin de lui permettre de lutter contre le terrorisme, a indiqué dans un communiqué le ministre des Affaires étrangères, est-il rapporté. Ce projet de résolution demande également une surveillance accrue par les mers et par les airs, pour empêcher l'arrivée d'armes aux milices armées, poursuit le communiqué, qui ne fait pas mention d'une intervention militaire. L'unique solution à la crise libyenne est une solution politique, a déclaré hier le ministre italien des Affaires étrangères Paolo Gentiloni, mettant en garde contre une éventuelle «fusion» entre l'Etat islamique et d'autres milices locales. «La détérioration de la situation sur place requiert un changement de rythme de la part de la communauté internationale avant qu'il ne soit trop tard», a déclaré le ministre devant les députés italiens. «L'unique solution à la crise libyenne est une solution politique», a-t-il dit. L'Italie souhaite que la réunion du Conseil de sécurité des Nations unies, prévue hier à New York, fasse prendre conscience de la nécessité de «redoubler les efforts pour favoriser le dialogue politique» en Libye.
Prudence Les appels à une intervention militaire internationale en Libye, principalement égyptiens, ont été reçus avec prudence par les grandes puissances occidentales qui plaident pour une solution politique et la formation d'un gouvernement d'union. L'Egypte a été soutenue par la France dans sa démarche de demander l'accord de l'ONU en faveur d'une intervention militaire internationale en Libye. Le président François Hollande avait, pourtant, estimé, il y a quelques mois, que la meilleure option pour trouver une solution au chaos libyen est le dialogue et la réconciliation. Le président Abdelfattah Al Sissi avait, lui également, annoncé, à partir de l'Algérie, qu'il opte pour une solution pacifique et politique pour la Libye. La France et l'Egypte sont-elles tombées dans le piège de Daech les poussant à cette ingérence militaire ? De grandes puissances occidentales, dont l'Italie, ont rendu publique mardi une déclaration commune dans laquelle elles affirment la nécessité d'une solution politique en Libye et appellent à la formation d'un gouvernement d'unité nationale qu'elles sont prêtes à soutenir. La formation d'un gouvernement d'unité nationale «constitue le meilleur espoir pour les Libyens», souligne la déclaration. En outre, selon des diplomates, pour qu'il y ait une intervention militaire internationale en Libye, il faudra une demande formelle du gouvernement libyen. Or, la Libye a pour l'instant deux gouvernements et parlements rivaux, l'un proche de la coalition Fajr Libya et l'autre reconnu par la communauté internationale et siégeant à Tobrouk, à la frontière avec l'Egypte, est-il noté. La Russie et la Chine sont de leur côté très réticentes à l'idée d'intervenir sous bannière onusienne. Moscou a toujours reproché à l'ONU d'avoir outrepassé son rôle en adoptant des résolutions qui ont mené à l'opération internationale en Libye provoquant le chaos actuel dans ce pays. L'Algérie, comme beaucoup d'autres pays voisins à la Libye, prône le dialogue dans le cadre du respect de la souveraineté de la Libye et du renforcement des ses institutions à travers la réconciliation nationale et refuse catégoriquement l'idée d'une intervention militaire. Le ministre des Affaires étrangères, Ramtane Lamamra, a affirmé cette semaine que l'agression terroriste ayant ciblé des ressortissants égyptiens innocents en Libye, en appelle à l'intensification des efforts pour encourager les Libyens à s'engager dans le dialogue. La communauté internationale tombera-t-elle dans le piège de Daech en retenant l'option militaire qui ne servirait ni la Libye ni les pays de la région ?