Face au constat négatif de la majorité des institutions internationales, le gouvernement algérien, loin des discours euphoriques de certains responsables économiques, contredisant la réalité, réagira t-il afin d'améliorer le climat des affaires. Certes, la révision constitutionnelle consacre plusieurs articles aux libertés économiques. Mais une loi n'est qu'une loi fut –elle la Constitution. Le grand problème face à une bureaucratisation croissante et à la mentalité rentière sera l'application sur le terrain. 1.-La révision de l'ensemble du dispositif de promotion des exportations hors hydrocarbures et les nouvelles mesures permettant de renforcer cette activité, sachant que ce segment des exportations ne représente que 5% des exportations globales , avec les dérivés d'hydrocarbures et la cellule de suivi des exportations hors hydrocarbures qui sera installée prochainement au niveau du Premier ministère, seront -t- elles efficaces sans une vision stratégique des co-partenariats avec des groupes étrangers contrôlant les circuits commerciaux mondiaux ? Car selon les donnes officielles du gouvernement, outre a diminution du nombre d'exportateurs privés contrairement aux discours euphoriques, le constat économique de l'Algérie de 2015/2016 est le suivant : les exportations hors hydrocarbures ont également baissé à 2,063 milliards usd en 2015 contre 2,582 mds usd en 2014 (-20,1%). Et environ 83% du tissu économique est constitué de petits commerces/services et 95% du tissu productif de PMI/PME d'organisations familiales peu initiées au management stratégique avec une concurrence mondiale féroce. Tout cela pose forcément le problème des libertés économiques afin d'avoir des entreprises algériennes compétitives en termes de coût/qualité. Car si la liberté économique en Algérie a augmenté entre 1990 et 2005, elle s'est réduite depuis. L'indice évalue les économies sur la base de dix facteurs de liberté économique, pondérés de façon égale : liberté d'entreprise, liberté des échanges, poids des taxes et impôts, dépenses du gouvernement, stabilité monétaire, liberté d'investissement, dérégulation financière, protection de la propriété privée, lutte contre la corruption et libéralisation du travail. 2.-En 2004 l'Algérie a été classée par Heritage et le WallStrett Journal 100ème sur 155 pays avec une note de 34,9 sur 100, à la 124ème place en 2005, en 2006 116ème sur 161 pays avec une note de 34,6 sur 100, en 2010 105 eme positions sur 179, avec une note de 56,9 sur 100 et en 2012 , elle a été classée 140ème sur 179 pays avec une note de 51,1 sur 100. En 2013, l'Algérie dans le rapport annuel de l'indice de liberté économique établi par l'Institut Fraser, a été classée la 142 ème position sur les 152 Etats. Le rapport avait noté à cette époque que les institutions économiques algériennes ne respectent encore trop peu les piliers de la liberté économique avec une note de 40 sur 100. Parmi les facteurs favorisant la liberté économique, ces derniers retiennent la taille du gouvernement, la structure juridique du pays en matière de protection des biens de propriété, la valeur de la monnaie, le libre-échange avec les pays du reste du monde et la réglementation des crédits, du travail et des entreprises. Les réformes initiées ces dernières années n'ont donc apporté qu'un léger assouplissement dans les procédures de création et de gestion d'entreprises, à en croire cet index. Dans le rapport 2014, l'Algérie arrive à la 146ème place au bas du classement mondial. 3.- Le rapport qui vient de paraitre, le 25 janvier 2016 classe les 178 pays étudiés en 5 grandes catégories sur une échelle allant de 40 points (les moins libres) à 100 points (les plus libres) : « libres » (80-100 points), « plutôt libres » (70-79,9 points), « modérément libres » (score 60-69,9 points), « plutôt pas libres » (50-59,9 points) et « réprimant la liberté » (40-49,9 points). L'Algérie a été déclassée de onze places, la 157ème position sur 178 pays. Le rapport 2015 place l'Algérie dans la catégorie des pays où la liberté économique est « réprimée » avec un score global de 48,9 points, soit 1,9 point de moins que l'an dernier. Selon ce rapport, l'économie algérienne a pris une trajectoire décroissante au cours des cinq dernières années, précisant que son score global reste inférieur à la moyenne aussi bien régionale que mondiale. D'ailleurs, l'Algérie occupe le 14e rang parmi les 15 pays de la région Moyen-Orient et Afrique du Nord, devancée par le Bahreïn (73,4 points), l'Arabie Saoudite (62,1 points), la Jordanie (69,3 points) et le Qatar (70,8 points), la Tunisie (57,7 points), le Maroc (60,1 points), l'Egypte (55,2 points), Yémen (53,7 points), la Mauritanie (53,3 points). Au niveau africain, excluant la Libye, l'Angola est classée à la 158ème position, le Tchad (165ème), la République centrafricaine (166ème). Le rapport explique le score de l'Algérie et les pays similaires par les lacunes en matière de la gestion des dépenses publiques qui continuent à être soutenues par le secteur des hydrocarbures et que la moitié des transactions économiques s'opèrent sur le marché informel. Le rapport note les obstacles majeurs à la mise en œuvre d'affaires œuvre d'affaires qui découragent les investisseurs dont la bureaucratie, le marché du travail rigide caractérisé par un taux de chômage élevé chez les jeunes et la « mainmise de l'Etat sur le marché financier » les banques publiques ayant octroyé 80% de tous les crédits attribués aux entreprises. En résumé après le score négatif du WallStreet Journal, quotidien très influant dans le monde des affaires, ainsi qu'en 2015 de plusieurs institutions internationales dont le récent rapport du Word Economic Forum, bon nombre de rentiers accuseront encore des ennemis extérieurs de l'Algérie. Rappelons le classement du The Global Competitiveness 2015-2016 » qui justifie le classement de l'économie par l'inflation, l'instabilité politique et l'innovation défaillante en Algérie. L'Algérie a perdu 7 places par rapport à la précédente édition (2014-2015), où le pays était classé 79e et avait gagné 21 places par rapport à l'année 2013-2014 (100e). Pour la taille du marché, elle a été classée 37ème, pour l'équilibre macro-économique mais l'enquête a été réalisée avant l'analyse de l'impact de la baisse des recettes de Sonatrach sur les équilibres financiers, elle a été classée 38ème place, pour l'efficacité des institutions le classement est de 99ème, pour l'efficacité des infrastructures son classement est de 105 ème, pour l'enseignement supérieur/formation le classement est de 99 ème, pour l'efficacité du marché des biens, 134ème, pour l'efficacité de l'éducation/santé, 99ème, pour l'efficacité du marché financier, 135ème, pour l'efficacité du marché dut travail, 135ème, pour l'efficacité de l'innovation technologique, 126ème. Or ce bilan pour l'Algérie est très loin des potentialités du pays et elles sont énormes renvoyant au mode de gouvernance. Il s'agira pour l'Algérie, face à la chute du cours des hydrocarbures qui sera de longue durée, devant approfondir la réforme globale, les réformes structurelles, libérer l'ensemble des énergies créatrices qui seront douloureuses entre 2016/2020, supposant la nécessaire cohésion sociale(1). Il s'agira d'avoir une vision stratégique et de favoriser libertés condition sine qua non de l'émergence de véritables entreprenants déconnectés du transfert de rente, qui devront faire face à la concurrence internationale, en ce monde impitoyable où toute Nation qui n'avance pas recule. L'Algérie est à la croisée des chemins : soit réussir les réformes ou aller vers le FMI horizon 2018. Est donc posé cette problématique stratégique. Existe-t–il une réelle volonté politique de changement porté par des forces sociales pour le développement des libertés économiques, sociales et politiques ? Dans l'histoire récente de l'Algérie, la question des réformes – quelles soient économiques ou politiques – a donné lieu, en raison des enjeux qu'elles représentent, à l'élaboration de stratégies antagoniques qui œuvrent à la défense et à la promotion de ces dernières ou, au contraire, à leur blocage et, à défaut, à leur perversion ou à leur ralentissement. En bref comme je viens de le déclarer dans une interview à la télévision ENNAHAR le 05/02/2016 , l'Algérie sera de que les Algériens voudront qu'elle le soit. Le mal est en Nous et la guérison dépend avant tout de Nous, impliquant un large Front National sans exclusive, tolérant nos divergences.