Le football est en train de perdre sa balle. Quant à sa ligue, elle est littéralement disqualifiée. Les entraîneurs étrangers tout comme les nationaux s'étonnent et continuent de s'interroger sur le mal qui ronge notre football. Les joueurs, quant à eux, ils suent avant le coup d'envoi. Des arbitres perdent souvent pied lors des matches exceptionnellement sensibles. «Nos arbitres sont jeunes... Ils n'ont que 24 à 25 ans, ils peuvent commettre des erreurs... Arrêtez de les condamner», s'insurge un invité d'une émission de télévision. La réaction est très vive de la part des invités de cette dernière où ils font remarquer qu'un jeune de 24 ans ne peut arbitrer une rencontre électrique comme un JSK-USMA ou un CRB-MCA... Sans une forte expérience. Des cas d'exemples pleuvent : une main involontaire dans la surface a eu à déchaîner les supporters. Le penalty est exigé quand il arrange le supporter ; dans le cas inverse, il demande la clémence : «Comment veux-tu tenir debout avec les bras collés au corps aussi». Peut-il en aller autrement avec une règle floue et injuste ? Tous les éléments qui concernent la sanction d'une main sont bancals. Comment s'assurer qu'une main est volontaire ? Peut-on défendre, sauter, tacler, avec le bras le long du corps ? Le réflexe : acte volontaire ou pas ? Quant au joueur qui se protège le visage sur coup franc et qui touche le ballon avec son bras, aurait-il dû le prendre en pleine gueule ? L'ambiguïté de ces questions invite à changer complètement de perspective pour appréhender le problème. A défaut de préciser la nature de la faute, si on réfléchissait à la nature de la sanction ? Pour une main dans la surface, la sanction est terrible. C'est penalty direct. Parfois, carton. Alors que généralement, le défenseur n'avait pas fait exprès. De plus, il arrive que cela se passe alors que le centre contré par la main était anodin. En bref, nombreux sont les cas qui invitent à penser qu'un penalty est disproportionné, surtout lorsque la cause de l'intervention de l'arbitre est difficile à appréhender. L'histoire de ces mains qui s'enchaînent sur les 18 mètres provoquent des violences verbales, voire même plus dans certains cas... Un expert en arbitrage souligne, «maintenant, si on veut conserver la nuance entre ce qui est abusé (ou «délibéré») et ce qui ne l'est pas (parce qu'un contre de la main, apparemment volontaire, d'un centre en retrait décisif vers l'attaquant seul au point de penalty, qui serait sanctionné seulement d'un coup franc, ce serait énervant), on le peut aussi. On peut chipoter, pourquoi pas... Ce que je préconise, c'est de persister néanmoins à identifier des faits plutôt que des «intentions». Volontaire ? Réflexe ? Prémédité ? Ce ne doit pas être le problème de l'arbitre, car c'est un problème insoluble.» Un avis non partagé par d'autres professionnels. L'arbitre est responsable. Les professionnels se demandent si nos arbitres ne devraient pas s'engager dans une formation plus poussée avant d'être désigné à arbitrer une rencontre. Ce week-end a été une véritable brochette d'erreurs commises par certains jeunes arbitres inexpérimentés. Ils ont tout simplement malaxés les rencontres. «Ces fautes provocatrices ont de fâcheuses répercussions sur le moral des joueurs... Comment corriger l'erreur de l'arbitrage qui nous fait perdre trois points ? Cela risque à la longue de relancer la mécanique de la violence.» Sur une autre affiche, on remarquera que nos terrains de football deviennent tout simplement des scènes avec en pointe très souvent des didascalies de théâtre. Sur les 90' ou plus, il est permis de constater que des joueurs zélés feignent d'avoir été crochetés ou agressés afin d'obtenir un coup-franc bien placé, un penalty ou l'expulsion d'un joueur adverse. Quand ils cherchent à obtenir des fautes, certains se muent en talentueux comédiens. Des simulations à répétition en agacent plus d'un. Surtout lorsqu'il jette un petit coup d'œil à l'arbitre, comme ces joueurs qui reçoivent des coups sur l'épaule, mais se tiennent la tête. L'on a eu droit plutôt à un autre art qui déçoit celui conjugué par quelques différents acteurs dont des gardiens, joueurs et arbitres. Ces directeurs de jeu qui se trompent ne sont heureusement pas nombreux. Sur ce point précis, lorsque l'arbitre maîtrise la rencontre, il est pris en sandwich par des joueurs, pourtant expérimentés, ceux-là même qui n'admettent pas la faute ou le but. Il s'agit du vice qui permet de tenter de tromper l'arbitre à son avantage et de condamner l'adversaire à un rôle de spectateur, victime impuissante. «Le vice dans le football, c'est l'art de tromper de manière spontanée», reconnaissent les experts de la balle ronde. «Tromper en utilisant le vice serait moins flatteur car cette tactique ne récompense pas un esprit d'initiative tandis qu'elle gratifie la transgression. Cependant, cette filouterie est souvent une prise de risque. Proche du bluff, elle peut être sanctionnée et le défenseur pourra, par exemple, prendre sur lui la possibilité d'être exclu plutôt que de laisser un attaquant marquer.» Par le biais de la question de la tromperie, le football démontre sa triangularité : beau, immonde et souvent absurde. Le football grandit, peut-être que la saison prochaine, il offrira du beau spectacle.