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De la compétence du changement
Publié dans La Nouvelle République le 04 - 03 - 2016

Tous les hommes sensés se posent légitimement des questions sur le changement lorsque la confusion et l'insécurité s'installent poussant l'homme commun à perdre espoir et sombrer à son tour dans le cynisme et le nihilisme. Lorsque l'homme ne se pose plus de questions ou ne trouve plus de réponses convaincantes alors il se réfugie dans le fatalisme, le déni de vérité ou dans la folie qui fait de lui un instrument supplémentaire dans l'insenséisme.
Celui qui part à la quête d'un crouton de pain n'a besoin que de l'adresse d'un boulanger. Celui qui part à la conquête de son sol ou au devenir de sa communauté ne peut compter sur l'excèdent de ses moyens lorsque le projet de partir et de changer est absent dans ses préoccupations et dans son ingénierie. Celui qui n'a que des moyens et des modèles à imiter sans posséder un désir qui le consume ainsi qu'une envie à la folie d'assouvir son désir n'est pas prêt pour le changement. Lorsque le projet consiste à changer radicalement son âme alors les moyens de changement sont d'une autre nature que la matière et les produits marchands. Ce projet ultime est une quête des plus complexes et une bataille des plus ardues qui soient. Les finalités, les voies et les moyens de ce projet ne relèvent ni de la science ni de la dialectique marxiste. Ils relèvent de la philosophie lorsqu'elle questionne l'homme et son devenir dans le monde sans esprit partisan ni démarche dogmatique ni confinement idéologique. A un niveau meta-philosophique, Ils relèvent de la religion ou plus précisément de la foi lorsque celle-ci n'est pas celle des tartuffes et des bigots. Nous allons de nouveau citer les versets précédents sur la motivation dans leur énoncé global pour voir la dimension spirituelle de la quête humaine qui peut faire changer les choses, car elle s'est libérée des contingences et des accessoires pour se consacrer à l'essentiel : {Si Allah ne motivaient pas les hommes, les uns par les autres, des monastères seraient détruits, ainsi que des synagogues, des oratoires et des mosquées où le Nom de Dieu est beaucoup invoqué. Oui, Allah assiste ceux qui l'assistent. Allah est, en vérité, fort et puissant.} Al Hadj 42 Nous ne parvenons pas à comprendre qu'assister Dieu signifie assister les faibles et les opprimés en instaurant les conditions les plus favorables à l'exercice serein et équitable de la justice, au respect de la dignité humaine, à la solidarité sociale. Nous ne parvenons pas à comprendre que la Salat de ceux qui « assistent Allah » ne se confine pas à l'oraison rituelle, mais qu'elle est ouverture totale et permanente à tout ce qui entretient la liaison sincère avec Allah c'est-à-dire à l'écoute de la Vérité qu'il exprime et de la Réalité qu'il manifeste pour changer ce qui doit être changé : {[Il assiste] Ceux qui, si Nous leur donnons le pouvoir sur terre, s'acquittent de Salat, font l'aumône, ordonnent ce qui est convenable et interdisent ce qui est blâmable. La fin de toute chose appartient à Dieu.} Al Hadj 42 La spiritualité ou les spiritualités (de spiritus esprit en latin et de Rouh esprit en Arabe) n'est pas l'âme qui donne vie et maintient en vie ou la religion par laquelle on se rassemble pour exercer le culte voué à Dieu c'est la vocation humaine qui le singularise des autres créatures par sa faculté à penser, à créer, à imaginer, à aimer, à faire d'une manière sensée utile ou d'une manière poétique et artistique par amour ou par quête de beauté sans utilité apparente, à agir animé par un idéal de justice ou de charité. Toute quête religieuse, philosophique, amoureuse, artistique s'apparente à une quête spirituelle par laquelle l'homme se singularise tout en exprimant l'universel de son esprit. Les projets de changement initiés par les systèmes en place sont menés par des bureaucraties et des technocraties qui ne croient qu'au pouvoir de l'argent, de l'administration et de la technique avec l'illusion de faire le bien au peuple en excluant ce même peuple du choix et du contrôle de ce qui se fait en son nom et pour son bien. Tous les appels au changement venant des islamistes ou des laïcs sont « hérétiques » dans le sens où ils pensent que le changement appartient à l'Homme alors qu'il n'appartient à l'homme que de désirer le changement et d'attendre le changement de Dieu. Marxistes, libéraux ou islamistes se présentent comme les sauveurs ayant l'illusion de parler au nom de Dieu ou de la nation et d'incarner sa volonté. L'homme n'a pas vocation d'être le Messie sauveur, religieux ou laïc, mais d'être la créature animée par une quête qui donne sens à son existence et lui fait valoir le mérite pour que Dieu, par Sa Miséricorde, le sauve dans ce monde et dans l'autre monde. L'homme n'est pas le sauveur de l'homme, il est le devenir de l'homme, sauvé ou perdu, selon la représentation qu'il se fait de l'Homme et de son rapport à Dieu. Le devenir est une affaire de temps lorsque le temps est compris comme conscience c'est-à-dire « déchirement de la conscience entre le passé (la mémoire), le présent (l'attention) et l'avenir (l'attente) ». Plus le temps est étendu, dense et intense plus l'élan humain sera haut et loin, et moins il aura tendance à se corrompre et à s'épuiser. Mais aussi plus est durable et efficace la continuité entre la mémoire identitaire et historique, l'investissement idéique, affectif et spirituel au présent, et la promesse ou l'espoir dans l'avenir configuré en projet de salut dans une perspective mondaine de civilisation ou métaphysique de Paradis. Attendre les résultats d'une élection politique, les produits d'une réforme sociale et économique, le changement d'une Constitution, la mort et le remplacement d'un président, l'aboutissement d'une révolution, l'avènement d'un homme nouveau, le salut existentiel ou le salut ultime dans l'au-delà sont un ensemble d'attentes différentes qui ne peuvent être des fins en soi, mais des processus emboités les uns dans les autres par une logique claire, une démarche cohérente et une vision saine et lucide. La cohérence, la lucidité et l'efficacité sans émotion et sans désir de ce que Raja Garaudy appelle le réenchantement du monde (par la spiritualité) ne protègent pas du désenchantement de la logique cynique technicienne ou de l'opportunisme pragmatique du politicien. Face à des revendications de changement, nous devons donc être capables de lire le projet qui porte ce désir et d'écouter les appels qui invitent au changement pour nous interroger tant sur la quête qui les anime que sur les quêtes qu'ils suscitent. S'il n'y a que des slogans sous habillage islamiste, ou progressiste sans projet et sans quête, l'entreprise de changement ne sera ni viable ni crédible avec certainement des risques de chaos bien réels. Les hommes, leurs projets et leurs appels ne sont pas des marchandises qu'on évalue à l'emballage ou des moutons qu'on évalue à la toison, mais des perspectives qu'on évalue par les quêtes qu'elles sous-tendent et les finalités vers lesquelles elles tendent. Nous ne jugeons pas la noblesse des intentions, mais la qualité des démarches : sont-elles en adéquation avec le lieu et avec le temps ? Sont-elles cohérentes et efficaces ? Sont-elles viables ? L'attente ou l'espérance ne sont ni des vœux ni des souhaits de triomphe partisan, de réussite sociale, de succès mondains ou de pouvoir politique dans la seule perspective matérialiste et politicienne, mais la quête de la sérénité pour tous dans ce monde accessible à tous et le bonheur dans l'autre dans le sens de la Parabole de Jésus fils de Marie: « Il en est du Royaume de Dieu comme d'un homme qui aurait jeté du grain en terre qu'il dorme et qu'il se lève, nuit et jour, la semence germe et pousse, il ne sait comment. D'elle-même, la terre produit d'abord l'herbe, puis l'épi, puis plein de blé dans l'épi. Et quand le fruit s'y prête, aussitôt il y met la faucille, parce que la moisson est à point. » Le temps est sans doute le concept (ou la réalité) philosophique, religieuse et scientifique la plus complexe non seulement à comprendre, mais à évaluer dans la démarche historique et anthropologique afin d'apprécier l'utilité d'une activité humaine, l'efficacité du sacrifice d'une génération d'hommes, la portée d'un message prophétique, la cohérence et la pertinence d'une démarche, la justesse et le sens d'une éducation ou d'un choix stratégique. L'archéologie, l'histoire et l'anthropologie ainsi que l'étude des textes anciens peuvent nous donner matière (imparfaite et incomplète) à réflexion et à évaluation de la mémoire humaine et des effets des anciennes civilisations sur le présent et sur le passé récent. Toutes les disciplines scientifiques peuvent nous aider à évaluer raisonnablement la faisabilité, la viabilité et l'efficacité technique et économique de l'activité humaine, mais quels sont les normes et les critères pour évaluer l'effort et l'attente d'un peuple ? Est-ce que les indices socio-économiques des Nations unies sont objectifs et structurants ? Au niveau d'un peuple il s'agit davantage de civilisation c'est-à-dire de capacité à se civiliser et à exporter sa civilisation. Il faudrait donc se prononcer, même en l'absence de chiffres, sur la propension d'un peuple (gouvernants et gouvernés, gens du commun et élite) à rayonner sur le plan de la mentalité, de la géographie, de l'histoire, de l'économie, de la culture. Selon Malek Bennabi, la culture est une ambiance générale, elle ne se mesure donc pas et elle ne se décrète pas, elle se constate. Par expérience, nous pouvons dire que le peuple qui ne produit pas sa motivation et sa dynamique de changement n'est ni civilisé, ni cultivé ni apte à se civiliser ou à se cultiver. J'ai, dans un autre article, expliqué le sens de « pôle de rayonnement » que je donne à l'Oumma Wassata du Coran, cette nation qui devient énergie civilisatrice et force centripète qui attirent vers elle tout le bien et qui mobilisent toutes les possibilités de progrès dans son environnement. Nous ne pouvons pas faire transformer la communauté des compagnons du Prophète (Qsssl) en sphinx qui renait de ses cendres, mais nous pouvons et nous devons nous mobiliser contre ce qui risque de nous advenir en mal et pour ce qui pourrait nous advenir de bien si bien entendu nous parvenions à faire une lecture réaliste et véridique tant du bien et du mal que du changement. Le démagogue, le politicien, le technocrate et le bureaucrate, prisonnier du système dominant dans lequel
ils évoluent et ils perpétuent ne font que des programmes de futur. Ce futur est limité à leurs imaginations sans spiritualité, à leurs expériences limitées et à leur absence d'esprit critique faute de contestation dont il faut prendre garde et de responsabilité à qui rendre des comptes. Ils agissent sur des zombies consentant. Ils reproduisent en pire le système immobile et ses inerties. Même leurs opposants s'enferment dans la même logique : ils font de la politique un casino de promesses et un cirque de programmes. Tous sont dans la perspective étroite et déformée de ce qui va « marcher » dans leur futur programmé. Ce futur programmé ne s'inscrit pas dans le temps historique, car il n'est pas dans le déchirement de la conscience entre la mémoire du passé, l'attention à l'effort du présent, l'attente de ce qui va advenir ou devenir. L'avenir est une pleine ouverture responsable à ce qui vient produite par notre effort collectif, notre désir de changement et la volonté divine qui imprime à l'histoire humaine ses drames et ses résolutions, son sens et ses sanctions. Le futur est une représentation de ce qu'on croit qui va arriver alors que l'avenir est ce qui va venir par la grâce divine pour récompenser ou par son châtiment pour punir : « O toi qui est condamné à revenir vers moi (Abed). Toi tu veux et Moi Je veux, mais il n'adviendra que ce que je veux. Si tu agréés ce que Je veux Je te comblerais dans ce que tu veux, mais si tu refuses ce que Je veux il n'adviendra que ce que je veux et je te ferais souffrir dans ce que tu veux ». L'éthique du changement c'est de penser et d'agir pour des fins nobles et des causes justes par amour de la noblesse et de la justice, par conviction, et dans l'attente que la récompense vienne maintenant ou plus tard selon les termes, les délais et les conditions décidés par Allah. Penser et agir librement et avec conscience sans esprit partisan, ni trahison, ni complot. Sur quels principes construire donc l'alternative pour que l'alternance devienne un phénomène réel, normal et structurant le changement libertarien et l'innovation civilisatrice ? Sur la dénonciation et la critique des « ismes », sur l'inspiration du « que faire » de Lénine ou sur l'incitation au chaos et au meurtre de Qaradhawi ? L'expérience a montré ses limites. Il serait peut-être temps d'approcher la Vérité sous ses différentes manifestations et sous l'angle le plus large pour embrasser les invariants que partagent non seulement les hommes et les peuples, mais aussi les civilisations qui se sont succédé. Une fois admis le principe de l'Alternance il faudrait revenir plus en détail sur les principes invariants qui ont permis à des empires de durer des milliers ou des centaines d'années puis de disparaitre. Les mythes et les utopies fondateurs qui ont présidé à l'émergence des civilisations ne peuvent être que des quêtes humaines potentialisées en un idéal incarné dans une communauté (société, groupe, religion) qui cultive le double salut, à la fois salut existentiel dans ce monde et salut métaphysique dans l'au-delà. (A suivre)


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