A en croire l'Agence internationale de l'énergie (AIE), la baisse de l'offre des pays exportateurs de pétrole et de gaz non membres de l'Opep va rééquilibrer le marché à la suite des contrecoups financiers par des prix ne couvrant plus ou partiellement les investissements. «Le marché pétrolier connaîtra un rééquilibrage partiel à partir du deuxième semestre 2016 avec la baisse plus forte de l'offre dans les pays hors Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep), et un retour de l'Iran moins fracassant que prévu. Les prix bas et la baisse des investissements ont clairement commencé à avoir un impact sur la production de pétrole dans les pays non membres de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole», a estimé l'AIE dans son rapport mensuel sur le pétrole publié vendredi. Face à la persistance des prix bas de l'or noir, et malgré un léger rebond ces dernières semaines, cette production devrait baisser de 750 000 barils par jour (b/j) cette année contre une estimation précédente de 600 000 b/j. L'essentiel de la baisse viendra des Etats-Unis, où seront pompés 543 000 barils par jour en moins en 2016, selon le bras énergétique des pays de l'OCDE. Mais ajouté à une croissance de la demande que l'Agence, basée à Paris, estime à 1,2 million de barils par jour (mbj) cette année, il faudra attendre le second semestre pour que cela ait un effet sur le marché. Fin 2016, le surplus d'offre devrait être ramené à 0,2 mbj, contre encore 1,9 mbj au premier trimestre, ce qui devrait permettre d'achever le rééquilibrage en 2017, avec en ligne de mire une remontée des prix. «Des éléments montrent que les prix pourraient avoir atteint un point bas», estime ainsi l'AIE. Sur fond de discussions autour d'un accord plus étendu entre de grands pays producteurs pour réguler l'offre et d'affaiblissement du dollar, les cours du brut sont repartis à la hausse depuis un mois, évoluant désormais autour de 40 dollars le baril, après être tombé sous les 30 dollars en janvier. Mais l'AIE estime qu'il est «peu probable» qu'un accord sur un gel du niveau de la production «affecte l'équilibre offre/demande de manière substantielle au premier semestre 2016». La production a globalement baissé en février de 180 000 b/j, dont 90 000 b/j parmi les membres de l'Opep à cause d'attaques contre des oléoducs en Irak et au Nigeria. L'Arabie Saoudite a elle maintenu des volumes pompés stables. Mais la production de l'organisation reste supérieure de 1,8 mbj à ce qu'elle était un an plus tôt. «Les producteurs américains ont fermés 106 puits supplémentaires en février (...) et les projets de production ont été abaissés au Brésil, en Colombie, en Chine et au Kazakhstan», constate l'AIE. Le mois de février a aussi eu la particularité d'être le premier mois complet où l'Iran a pu exporter librement son brut, après la levée des sanctions internationales mi-janvier. Comme attendu, la production a augmenté, de 220 000 b/j, selon l'AIE.Et les exportations iraniennes ont bondi de 300 000 barils par jour depuis le début de l'année, estime l'organisme, un chiffre «plus modeste que la hausse de 400 000 b/j annoncée par Téhéran», début mars. Téhéran avait annoncé vouloir augmenter dès la levée des sanctions sa production de 500 000 b/j. Et début mars, le ministre iranien du pétrole, Bijan Namadar Zanganeh, avait indiqué que les exportations de son pays avaient augmenté de 400 000 b/j pendant le mois iranien de Bahman (21 janvier-19 février), pour atteindre 1,75 mbj. La réduction des investissements à l'avenir dans les nouveaux projets prépare le rebond des cours de l'or noir selon le PDG de Total, Patrick Pouyanné.L'analyse de Patrick Pouyanné est crédibilisée par plusieurs analystes du marché pétrolier. Le PDG de TOTAL affirme que «nous sommes clairement confrontés aujourd'hui à une crise de surabondance d'offre, un excès de capacité qui s'explique aussi parce que la demande a été plus faible qu'attendu», a déclaré M. Pouyanné lors d'une conférence organisée dans le cadre de l'International Petroleum (IP) Week. «Chuter de 120 à 30 dollars le baril (depuis la mi-2014) a divisé par quatre le chiffre d'affaires des entreprises» du secteur pétrolier, a-t-il rappelé, estimant que l'ampleur de ce déclin était inédite, y compris par rapport à la crise traversée par le marché au milieu des années 80, et qu'elle avait des conséquences sur l'industrie dans son ensemble, l'obligeant à réagir. Si l'offre est excédentaire actuellement à environ 2 millions de barils par jour (mb/j), à court et moyen termes, elle sera déficitaire, prévoit le patron de Total. «En outre, nous avons des cycles et les cycles se produisent parce que quand les prix sont élevés, nous surinvestissons (...) et nous avons un impact sur la demande. Quand les prix sont bas, nous sous-investissons» et la demande devient positive.