Le club constantinois El-Mizher el-masrahi a honoré, samedi, le comédien Antar Hellal et, à titre posthume, les acteurs disparus Abderrezak Ayad et Djamel-Eddine Aoubad, au cours d'une émouvante cérémonie organisée au Théâtre régional de Constantine (TRC). La cérémonie qui a réuni des artistes, des amis, des compagnons de route et des proches des comédiens, ainsi que des férus du 4e art, a permis de mettre en exergue le parcours de ces artistes et leur contribution à l'émergence du théâtre dans l'antique Cirta. L'acteur Djamel Dekkar, évoquant Abderrezak Ayad (1955-2003), a longuement évoqué un «passionné de l'art» qui a débuté sa carrière en tant qu'amateur dans la troupe du théâtre du Petit Monde, destiné aux enfants, qui avait vu le jour à Constantine dans les années 1970 Le personnage «Boubou» qu'incarnait Abderrezak et le duo qu'il composait avec Noureddine Bechekri, dans «Nounou et Boubou» a marqué les esprits et a précipité l'adhésion de l'artiste à l'équipe du TRC, avec un première distribution dans la pièce «Hada Idjib hada» en 1976. Puisant dans les souvenirs qui jaillissaient de lui, Dekkar a rappelé l'intransigeance d'Ayad avec le personnel du théâtre au sujet de «l'image professionnelle que le théâtre doit véhiculer». Evoquant quant à lui Djamel-Eddine Aoubad (1945-2013), appelé affectueusement «Hou» en référence à un personnage qu'il a incarné dans une pièce théâtrale produite dans les années 1960 par le Centre régional de l'activité culturelle (Crac), l'acteur Aissa Reddaf a souligné que cet artiste a marqué la période de la décentralisation du théâtre avec des productions du TRC telles que «Hasna et Hassane». De nombreux autres artistes ont égrené leurs souvenirs au sujet d'Aoubad, rappelant notamment qu'il passa du statut d'acteur à celui de régisseur du TRC, pour faire preuve de beaucoup de talent dans la gestion des affaires du TRC, la répartition des tâches et la préparation des plans de médiatisation de ses productions. Ses amis se sont souvenus que bien avant la présentation des pièces, Aoubad arrivait à assurer des tournées pour la troupe dans la plupart des villes du pays. Son fils, Mahdi a rappelé cependant, avec une pointe d'amertume, que son père a vécu ses derniers jours avec «un sentiment de marginalisation». Quant à Antar Hellal, le plus truculent de tous, son parcours sera remarquablement résumé par cette phrase du comédien Noureddine Merouani : «Antar est né pour faire du théâtre». Merouani a notamment évoqué son ami, parlant d'un «vrai monstre de la scène», pour rappeler le passage de la troupe du TRC en Egypte, en 2003, dans le cadre Festival du théâtre expérimental du Caire. Antar y avait décroché le prix d'interprétation masculine dans la pièce « Diwan El Adjeb» et avait ébloui les membres d'un jury composé de plusieurs «bêtes de scène», s'est souvenu Noureddine Merouani. Créé en février dernier, à l'initiative d'acteurs du TRC, le club El- Mizher El-Masrahi est présenté par ses fondateurs comme un espace de rencontres, d'échanges, d'initiation et de formation, ouvert à toutes les compétences.