Le ministre des Finances a souligné que la situation financière du pays n'est pas catastrophique. Certes, dit-il, les ressources financières ont diminué mais d'un autre côté, le pays dispose d'une épargne et n'a presque pas de dettes. « Les banques ont eu un stock de ressources en 2015 qui a dépassé les 7 milliards de dinars. Ce qui nous met à l'aise durant quelques années. Il ne faut pas oublier que nous avons le Fonds de régulation des recettes. C'est un fonds de stabilisation destiné exclusivement aux dépenses d'investissement », explique-t-il. Il a rappelé que « nous sommes actuellement en quête de ressources de financement alternatives qui s'inscrivent dans une politique à trois voies, à savoir, l'optimalisation de la fiscalité notamment et l'endettement interne ou externe. L'endettement, n'est ni une maladie ni un tabou. C'est l'usage de cet endettement qui peut représenter un risque. C'est un levier de croissance quand il est bien utilisé. Il ne s'agit pas de savoir comment s'endetter mais comment mobiliser des ressources au moindre coût, avec moins de risques et à long terme », explique-t-il. L'endettement, pour lui, doit faire l'objet d'une étude et ne doit pas comporter de risques. Et surtout, ne doit pas être conditionné. « C'est l'entreprise qui s'endette et non l'Etat. Il doit être calibré par rapport au rendement. L'endettement est une voie d'avenir », estime-t-il, en assurant que cette politique à trois voies commence à donner des résultats. La fiscalité ordinaire va doubler la fiscalité pétrolière en 2016 Pour cette année, le ministre des Finances préconise une hausse des recettes fiscales ordinaires. Il a assuré qu'elles vont doubler celles de la fiscalité pétrolière. « Nous avons comme objectif d'atteindre cette année 3200 milliards de dinars de fiscalité ordinaire contre 1600 milliards de dinars de fiscalités pétrolière », précise-t-il. Il fait savoir que grâce à la bancarisation des ressources des ménages, des acteurs économiques et de l'informel, 140 milliards de dinars ont pu être collectés. « C'est le résultat des deux mesures des pouvoirs publics, à savoir le paiement par chèque pour les véhicules et l'immobilier, et la conformité fiscale volontaire », dit-il. Il signale que ces 140 milliards de dinars sont « sains », et proviennent aussi des commerçants qui n'étaient pas organisés. « C'est une opportunité pour l'informel de rentrer dans le formel », déclare-t-il en annonçant l'organsation, le 27 mars, de journées portes ouvertes sur la fiscalité. Ce sera l'occasion, selon lui, de faire connaître les nouveautés. « C'est pour dire que tout cet argent bancarisé est sécurisé. Les services des impôts travaillent dans le cadre de la loi et cette dernière couvre cet argent tout au long de 2017. Le FMI encourage cette bancarisation », observe-t-il. Il a annoncé la réactivation à partir du 27 mars, de la mesure qui annule les pénalités dans le cas de retard de paiement d'impôts. A condition que les personnes concernées paient 50% de leurs dettes et souscrivent un échéancier pour le reste. « Nous allons vers le recouvrement à l'amiable, ensuite, vers le recouvrement forcé et après, peut-être vers l'effacement des dettes », précise-t-il. L'emprunt obligataire ouvert durant six mois Pour revenir à l'endettement, le ministre confirme que l'emprunt interne sera lancé dès le mois prochain, avec un taux d'intérêt de 5%. A ce propos, il a tenu à préciser que ce taux n'est pas « antireligieux », car les gains seront partagés. « L'argent qui vient de cet emprunt est destiné aux projets économiques. L'Etat partage les gains avec tous ceux qui participent à l'emprunt obligataire qui sera ouvert durant six mois », soutient-il. Outre les gains directs qui seront partagés, Benkhalfa fait référence aussi aux gains indirects qui découleront de cet emprunt. Les retombées fiscales, en l'occurrence. « Au début de leur emprunt, des pays ont emprunté à plus de 50% de leur PIB alors que nous, nous somme seulement à 1% de notre PIB. Nous devons absolument cesser les gains de rente et réduire les dépenses. Nous avons atteint 70 milliards de dollars de dépenses. C'est trop pour le pays, il faut donc reculer. Mais pas sur l'essentiel évidemment. Les médicaments par exemple », affirme-t-il. Rationaliser aussi, d'après lui, le système de subventions pour qu'il soit plus équitable sans pénaliser la solidarité nationale. Il révèle dans ce contexte qu'un certain nombre de prix sont entrain d'être corrigés sans porter atteinte aux 13 millions d'Algériens aux faibles revenus. « Le coût du système de subventions ne doit pas être au-dessus de nos moyens », prévient-il. Il a appelé, par ailleurs, les détenteurs de fortunes à investir au lieu de se « réfugier » dans l'or et l'immobilier. « Nous ne voulons pas imposer d'impôt sur les fortunes. Nous ne voulons pas traquer les détenteurs mais qu'ils investissent. La valeur du dinar dépend de la compétitivité économique et non de la tarification », conclut-il. Farida Belkhiri Gestion électronique des importations La gestion des importations passera à l'électronique à partir de la fin de la semaine prochaine, d'après le ministre des Finances. « Aucune domiciliation ne se fera sur papier. La gestion électronique des importations sera appuyée par une banque de données commune entre les banques, les douanes et les services des impôts. Désormais, deux chiffres seront utilisés, le numéro de l'identification fiscale et le numéro de l'identification nationale. Cela permettra de maîtriser les flux des importations », indique-t-il. Cette gestion donnera ainsi, selon lui, de l'aisance aux opérateurs économiques tout en mettant fin à la surfacturation. « Dans deux mois, il y aura moins de possibilités de surfacturation et d'importations fictives. Les opérateurs vont payer leurs impôts via le système de télédéclaration à partir du mois de juin », annonce-t-il. Il souligne que l'acte d'investir doit être plus profitable que celui d'importer. « C'est ce que nous encourageons dans la loi de finances pour 2016 et c'est ce que nous continuerons à faire pour celle de 2017. Douze filières d'activité économiques sont ouvertes à l'investissement sans impôts, afin de pousser les Algériens à investir au lieu d'importer », dit-il. F. B. Vers un nouveau fonctionnement des bureaux de change La banque d'Algérie s'attelle actuellement à apporter des changements dans le fonctionnement des bureaux de change. « La banque a pris conscience de l'inefficacité de l'ancien fonctionnement de ces bureaux. Une fois que tout sera mis en place, les acteurs concernés seront avertis », indique le ministre des Finances.