Entre la réalisation d'un nouveau port de pêche à la plage de la Caroube à Annaba ou procéder à une extension du port de Chétaïbi pour les uns et redonner à celui de la Grenouillère sa vocation initiale de port de plaisance pour les autres, les avis des décideurs divergent. Pour l'heure, la tendance penche du côté de l'extension du port de pêche de Chétaïbi. Cette infrastructure devrait connaître un développement dans le cadre de la stratégie nationale portuaire à l'horizon 2030. Celle-ci n'a épargné aucune région côtière du pays. La démarche ne prévoit pas de délocaliser les activités économiques liées à la pêche.Telles sont les propositions avancées par le ministère des Transports. C'était lors de la journée de présentation de ladite stratégie dans sa dimension nationale et régionale succédant à une multitude de sorties sur le terrain du ministre chargé du secteur de Boudjema Talai. Ce qui devrait nécessiter, du côté de son homologue des travaux publics, des investissements assez importants pour le renforcement des infrastructures et de la logistique, pour aussi lancer un projet de réalisation de quais consacrés aux navires de croisière et places réservées aux véhicules du transport touristique avec le maintien de l'activité de la pêche. Le projet de l'extension du port de Chétaïbi figure déjà au programme de l'Agence nationale des ports. Cette institution a prévu de mobiliser une enveloppe budgétaire de plusieurs milliards en vue de le matérialiser à l'horizon 2030. Depuis, c'est la longue attente avec la baisse sensible et constante des activités de la pêche dans cette commune enclavée en bordure de mer. Pour bon nombre de spécialistes de l'économie, l'extension projetée est à même de les redynamiser du fait des surfaces d'amarrage prévues. Est-ce l'avis du ministre des Transports Boudjema Talai ? Contacté, il a estimé : «je suis sur une solution plus rationnelle donc plus économique. Elle tient compte de la réalité des besoins et de la stabilité des activités actuelles qui pourraient être délocalisées mais dans un rayon riverain». Ce réalisme indique que le ministre s'abstient de faire dans la précipitation même si les propositions de développement de ce port imposent la création d'une nouvelle station de carburant et celle d'une aire pour le tourisme de croisière. Leur implantation est prévue dans la localité de Sidi Akacha à la limite de la frontière des deux wilayas Annaba-Skikda. Compte tenu des potentialités existantes dans cette zone, la démarche offre un plus à ces possibilités. Valorisées et optimisées celles-ci sont appelées à desservir un large hinterland régional. Ainsi étendue, la nouvelle infrastructure portuaire pourrait jouer le rôle de quais à conteneurs. Que préconise le ministère ? A- t-il les moyens financiers pour lancer ce projet ? Là aussi, Boudjema Talai a son idée. Il en livre quelques détails : «Tout est à revalider, compte tenu des contraintes évoquées. Il reste que l'équilibre entre les wilayas est incontournable. On en parlera dès que les solutions seront préconisées». Dans cette même stratégie de développement et de transformation, l'on a programmé une recomposition des espaces grâce à une extension extérieure au bénéfice du secteur de la pêche et des activités associées. Il est question de réflexion sur la réalisation d'un terminal de croisière extérieur à proximité de l'actuel port de pêche de Chétaïbi. Celui-ci devrait jouer le rôle de marina et de zone touristique. Bon nombre d'armateurs, constructeurs et hommes d'affaires étroitement liés aux activités import/export ont soulevé l'importance de devoir adapter cette stratégie aux nouveaux défis que connaît la région en matière d'activités maritimes. Ils ont insisté sur l'importance de prendre en considération cette stratégie pendant la phase d'étude, du phénomène de l'érosion et la nécessité de l'harmonisation avec le schéma directeur de la commune de Chétaïbi. Surtout que Chétaïbi est classée dans le lot des huit plus belles baies au monde. C'est dire qu'il est grand temps de mettre un terme aux hésitations et de chercher le financement nécessaire pour une réelle relance des activités portuaires dans toutes les régions portuaires du pays. A commencer par le renforcement des capacités du port de Chétaïbi dans la sphère nationale et régionale ainsi que la consolidation des infrastructures d'accueil et du transport touristique en Algérie. S'il adhère à la démarche, Boudjema Talai n'en a pas moins souligné que : «il faut préserver le caractère touristique de Chétaïbi qui mérite croisière et marina. Je connais bien la région et je ferai tout pour préserver ses équilibres y compris économiques ». Pour l'heure, on en est au stade de projet et tout porte à croire que ce projet intéressant au plan économique et social, attendra des années avant d'être matérialisé.