Voilà bientôt cinquante-quatre années après l'indépendance de notre pays, qu'une aube de paix s'est levée sur le pays, cinquante-quatre années au cours desquelles se cicatrisèrent progressivement les blessures de la terre et des hommes la mort. Pourtant, les conséquences d'une longue colonisation suivie d'une étendue guerre persistent et gardent toujours dans les zones tampons frontalières de l'ouest et du sud-ouest leur redoutable acuité. La mort, les mutilations, les terribles amputations et autres drames sont légion, et ce, cinquante-années après l'indépendance de l'Algérie. La guerre est finie, mais la mort rode toujours encore le long des frontières, quand on nous fera savoir qu'environ onze (11) millions de mines ont été posées sur 5 676 hectares par les forces d'occupation française à l'Est comme à l'Ouest et le Sud-ouest du pays. Ces trois localisations (zones tampons), où des êtres humains, des hommes, des femmes et des enfants subissent les affres de l'époque coloniale française, et ce, jusqu'a l'heure ou nous mettons sous presse le présent reportage. Malgré les multiples efforts consentis pour déminer les terrains, le danger reste constant, omniprésent, aussi terrible, aussi lâche, aussi imprévu, et menace tous les jours en particularité des enfants et des bergers et autres individus qui s'aventurent sur ces bandes frontalières déshéritées. A la frontière algéro-marocaine, les régions s'étendant de Saidia à Ahfir sont pratiquement déminées. Plus au sud la menace plane, le danger subsiste, des zones entières, qui étaient couvertes de barbelées, ont été entièrement démantelés dans les années 80 par les populations vivant dans la misère et qui ont accès actuellement aux secteurs extraits. Les types de mines dans les lignes de «Morice et de Challe», sont APID-51 et APMB-51/5, tous deux de fabrication française. Djeniene Bourezg, dependant de la wilaya de Naama, situé sur la nationale 06 qui charrie vers la wilaya de Bechar, et a quelques mètres de la bande frontalière avec le royaume chérifien, entre 1992 à 2000, des populations poussées par la misère et l'inégalité sociale qui borne ces territoires défavorisées ont été contraint de procéder à l'arrachage de ce qui reste du barbelé, pour le céder à 30 dinars le kilogramme à des automobilistes qui empruntent cette route nationale. C'était ahurissant de voir des drames pareils dans un pays très riche, ou des populations mettent leur vie en danger et celles des autres a une mort certaine, car aucun indice ne peut actuellement indiquer les endroits ou sont poses exactement les mines antipersonnel. Ce sont des zones de peur ou nul n'ose s'exposer dans les labyrinthes d'une mort certaine. «Nous avons été obligés à l'époque de procéder a l'arrachage du barbelé vu notre précarité, et ce, pour subvenir aux besoins de notre famille. Nous savons que c'était extrêmement périlleux et irréfléchi, mais nous aussi avons nos contraintes et d'une incidence plus palpable comme les frais de la rentrée scolaire, le remboursement des dettes accumulées, la marmite à faire bouillir quotidiennement ...Vous voulez encore ? Explique un autochtone de la région de Djeniene Bourezg. Les traces du barbelé ont pratiquement tous été effacées de ce décor lunaire, pour être revendu à 30 dinars à des passagers et autres automobilistes de la Route nationale 06. Un spectacle de désolation s'offre sous nos yeux ou les actions de mine et les accidents de mine terrestre sont omniprésent a travers tous les secteurs extraits et aucune interdiction a ces accès n'est visible sur le long de cette frontière de la mort. La région est infestée d'engins de la mort, et depuis, cette histoire de barbelé de cuirasse qui a disparu par la main des hommes, la nature a fait que les mines changeant de place au gré des vents, couvertes de terres et de sables et se confondant aux pierres, et il faudrait une éternité pour déterrer cette calamité meurtrière. Les enfants, devant cette situation pareille font les frais de la bêtise des hommes et sont souvent la proie facile d'engins de la mort qui les épie comme une sorte de ‘jeux sans frontières». La zone occidentale avec le royaume du Maroc, c'est-à-dire la bande frontalière Ouest et Sud Ouest contient plus de 1 840 499 de mines couvrant 2 640 hectares, encore comprenant les lignes de «Morice et de Challe» qui se prolonge 700 kilomètres de Marsa Ben M'hidi a Bechar via El Aricha, Mechria, Ain Sefra, Djenien Bourezg et Béni-Ounif. Une estimation aussi élevée des chiffres et de leur réalité fait un idéal éclairé sur le type d'engin meurtrier enfoui sous terre par les forces d'occupation francaise, qui sont des mines à pression antipersonnel indétectable (APID-51) (mines encriers) et mines antipersonnel métalliques bondissantes (APMD-51/55) détectables. La zone frontalière avec la Tunisie, qui s'étale de l'est jusqu'au Sud- Est du pays contient plus de 1.555.5000 mines couvrant 3036 hectares suivant la ligne de «Morice», longue de 400 kilomètres d'Annaba a Negrine par Souk-Ahras, Tébessa, Elma Labiod, et Bir El Ater.Elle inclut également la ligne de ‘Challe' d'Oum Tboul a Souk Ahras via El-Ayoun, El Assal Ain, Taref et Bouhadjar et se prolonge au Sud d'El Kouf a Négrine. Les mêmes types de mines sont posés à l'Est qu'à l'Ouest du pays, avec une densité des mines sur les lignes de la frontière Est comme de la frontière Ouest varie de 0,8 à 3,5 mines par mètres linéaires. Faute d'une cartographie fiable, les chiffres des mines antipersonnel disséminés à partir des deux bandes frontaliers du pays, n'ont jamais été répertoriés avec exactitude. La guerre a certes, pris fin en 1962, mais cela ne veut pas dire pour autant que le chiffre des victimes ait été arrêté, où plus de trois millions de mines posées par la France coloniale continuent de faire des ravages parmi les populations des zones déshéritées. Les spécialistes algériens, y compris ceux des pays étrangers contactés après l'indépendance pour procéder au déminage eurent un travail de précision laborieux a entreprendre vu que l'armée d'occupation n'ayant laissé aucun plan, aucun document signalant les terrains minés. Des 1958, des éléments spécialisés de l'Armée de libération nationale(ALN), débutèrent de déminer les terrains en utilisant la fourche pour les mines «encriers» indétectables. Pour les mines «bondissantes» de fabrication américaines et françaises, où le système de sondage a la baïonnette était appliquee, detectees, neutralisés puis extraites ces mines qui étaient utilisées contre l'ennemi. Mais ce n'est qu'en 1961 que le 1er bataillon de déminage de l'ALN fut créé. Composé de trois compagnies legeres, ce bataillon avait pour mission de créer des ouvertures dans les réseaux des lignes de «Challe et Morice», pour permettre aux équipes d'acheminement d'armes de traverser les zones minés Depuis cette date, ce bataillon a fait beaucoup parler de lui jusqu'au 5 juillet 1962, date laquelle notre pays a été totalement libéré des griffes des forces d'occupation française. En 1962, se pose la problématique de la suppression des barbelés de façon de permettre aux paysans de récupérer leurs terres . Il fut fait appelé a des techniciens étrangers et a leur materiel,notamment a des soviétiques et a des italiens communément appelé la «SBAREC».Les premiers , aidés par les bataillons de l'Armée nationale populaire, procédèrent à l'enlèvement des barbelés et à la neutralisation des champs de mines dans une proportion d'environ 49%. Quant à la «SBAREC» ,qui en date du 04 août 1963 passa un marché avec le ministère des travaux publics, elle fit de telle sorte que le travail entreprit était à refaire à 100%. En effet, selon les informations que nous avons décortiqués grâce a des rapports exposés par des spécialistes étrangers, qui superviser l'opération de déminage de 1962, comportait plusieurs imperfections et anomalies. Il fallait d'abord arracher les barbelés a l'aide de chars, de labourer le terrain ,puis passer dessus avec des tracteurs exerçant sur le sol une pression supérieure a celle d'un homme pesant 100 kilogramme. Certes, il y eut de nombreuses explosions, mais il en demeure pas moins que les terrains ne furent pas entièrement déminés. Par ailleurs, de nombreuses mines placées à l'extérieur de zones barbelées, n'ont pu être détruites. Depuis que les forces d'occupation ont disséminés les mines le long du barrage electrifié, dit «Ligne Challe(1959) et Morice (1958)», a ce jour les victimes se compte par milliers, soit environ 50 000 tuées et 89 000 mutilés pour la plupart des natifs résidants dans ces zones déshéritées mais aussi des nomades disséminés aux limites du territoire algérien, qui revendiquent le plus le droit de vivre en paix, de connaitre enfin la liberté. Mais ils ont surtout besoin de chasser de leurs pensées, l'ombre de la mort qui plane, qui les épie et qui s'abat sur eux à chaque faux mouvement. Zouia, Djebel-Asfour, Sfisifa, Ain-Sefra, Dzira, Moghrar, Djeniene Bourezg, et ce, jusqu'a Tébessa, qui détient a elle seule le chiffre macabre de plus de 6 000 victimes a ce jour, n'ont bénéficié d'aucune aide conséquente aux rescapés pour faire valoir leurs droits de victimes civiles de la guerre de libération nationale. Les autorités algériennes comme francaises, ne veulent plus entendre parler de cette nouvelle caste de personnes avec des incapacités lourdes de séquelles. Concernant la réintégration sociale et économique de ces survivants ou plutôt de ces miraculés du colonialisme français, demeure peu ou proue souhaitable ou les programmes d'action sociale sont caducs, voir inexistantes dans ces zones de la mort infectés de mines, d'ou une mauvaise coordination a l'époque avec le «CICR». Dans un autre contexte, il est important de souligner que durant la décennie noire, des secteurs ont été nouvellement extraites par les différents groupes terroristes qui sévissaient a travers le territoire nationale, principalement dans le nord du pays, à l'exemple de la wilaya de Mascara, Relizane, Saida, Tizi-Ouzou, Ain Defla, Skikda ect. Une nouvelle carte de mine terrestre a été établie, d'où un nombre indéterminé d'engins explosifs artisanales enfoui sous terre par la horde terroriste, qui ont, par la même occasion extrait des milliers de mines antipersonnel disséminé à travers les deux bandes frontaliers, pour les acheminer dans les régions du nord ciblés par le terrorisme. Selon des sources dignes de foi, les autorités algériennes estiment avoir neutralisé 8 000 000 millions de ces mines entre 1963 et 1988, et un peu plus de 218 000 depuis 2004. On estime, que trois des 11 millions de mines antipersonnel dissimulées par l'armée française n'ont pas été désamorcées. Personne ne peut donner le chiffre exact des mines antipersonnel dissimulées a travers les deux bandes frontaliers, et ce, malgré que la France a tardivement daigné de remettre la fameuse cartographie en 2007 des mines posées par l'armée coloniale française, où cinquante quatre années après l'indépendance de l'Algérie, la France expansionniste continue de tuer, ou le refus de la repentance de la part de l'ancienne puissance coloniale demeure de mise. Ce refus de repentance de la France, demeure que : cinquante-quatre après l'indépendance de notre pays, la France, pays de la liberté, de l'égalité et de la fraternité, se cache sous un double langage qui irrite : sa passion du droit, son mépris de nos droits, et ce, en bannissant les crimes qui ont été commis contre le peuple algérien durant 132 ans de colonialisme.