Contrairement à ses prédécesseurs le président Hollande va participer cette année aux cérémonies du 19 Mars 1962, jour du cessez-le-feu en Algérie et officiellement la Journée nationale du souvenir et de recueillement à la mémoire des victimes civiles et militaires de la Guerre d'Algérie et des combats en Tunisie et au Maroc. Avant lui, aucun président de la République n'avait osé assister à ces commémorations et c'est la première fois qu'un président français va participer aux célébrations du cessez-le-feu au lendemain des accords d'Evian, a indiqué un communiqué de l'Elysée. De nombreuses associations en France ont contesté cette date. Les associations de rapatriés estiment que le 19 mars est celui d'une défaite de la fin de la guerre ou la fin de l'engagement des autorités françaises dans la défense de leurs ressortissants et le début des violences dont furent victimes les Français d'Algérie et les supplétifs engagés aux côtés de la France, notamment les harkis, souligne-t-on. De nombreuses réactions ont été affichées du côté des associations d'anciens combattants. Bernard Coll, président de jeunes pied-noirs natifs d'Alger, a affirmé que «François Hollande est en totale contradiction. Il avait reconnu la faute et la responsabilité de la France dans l'abandon des rapatriés et harkis, ce qui implique une reconnaissance des crimes du 19 mars» dénonçant une posture purement électoraliste. Les harkis montrent leur haine contre la France et l'Algérie L'Union nationale des combattants (UNC), qui réunit 200 000 membres de Harkis, célèbre chaque 5 décette, cette journée instaurée par Jacques Chirac, en hommage aux morts pour la France, et non le 19 mars. «Par respect pour les milliers de pieds-noirs massacrés et la chasse aux harkis, nous ne serons pas présents devant François Hollande à cette journée», a affirmé Philippe Schmitt, directeur de l'UNC. «François Hollande est en train de tourner le dos à une partie de la communauté nationale, il ne reconnaît qu'une seule souffrance, celle des Algériens et jete un voile d'ombre sur les drames des harkis et des Français d'Algérie. Il pourrait embrasser toutes les mémoires en se rendant aux commémorations du 5 décembre», ajoute-il. La décision de François Hollande de s'associer à ces commémorations est accueillie avec joie du côté de la Fédération nationale des anciens combattants en Algérie, Maroc et Tunisie (FNACA). «Cette démarche s'inscrit dans l'esprit de réconciliation et de rapprochement avec l'Algérie, à laquelle le souvenir des harkis et des pieds-noirs sera évidemment associé», explique au Figaro, Guy Darmanin, le président. Or, la communauté des harkis en France croit encore à leur symbole qui est le bachaga Boualem. Celui-ci est né en 1906 à Souk Ahras, et issu d'une famille qui avait soutenu la présence française en Algérie à l'époque. En 1956, il avait formé l'un des premiers bataillons de harkis, dans la région de l'Ouarsenis (nord-ouest de l'Algérie), en soutien à l'armée française contre le FLN. Après la signature des accords d'Evian, il a été rapatrié par l'armée française pour s'installer avec sa famille dans le village de Mas-Thibert, à côté d'Arles, dans le sud-est de la France. Dès son arrivée, il œuvre pour permettre à de nombreux harkis de venir en France. Selon Abderahmen Moumen, chercheur au Centre des recherches historiques des sociétés méditerranéennes en France, après le 1er novembre 1954, l'armée française avait renforcé ses troupes avec les «Goumiers», des groupes mobiles de police rurale puis les harkis qui se sont placés du côté de l'armée coloniale au nombre de plus de 400 000 personnes en février 1961. Avant, l'effectif des harkis était de 28 000 hommes. En décembre 1958, les forces de l'ordre françaises comprenaient alors, globalement, 88 000 supplétifs musulmans. A noter enfin que trois ans et demi plus tard, lors de la proclamation du cessez-le-feu, un rapport transmis à I'ONU évaluait le nombre des musulmans pro-français menacés à 263 000 hommes, soit 20 000 militaires de carrière, 40 000 militaires du contingent, 58 000 harkis, 20 000 moghaznis, 15 000 membres des GMPR et GMS, 60 000 membres de groupes civils d'autodéfense et 50 000 élus, anciens combattants, fonctionnaires, informe-t-on.