Le département d'Etat américain a mis en garde ses citoyens vendredi contre les voyages dans la région sud-est de la Tunisie près de la frontière libyenne au motif que les groupes terroristes affiliés à l'Etat islamique (Daech) ont ciblé les forces de sécurité tunisiennes et les sites touristiques de la région. L'avertissement, qui est plus grave que l'alerte de voyage publié, il y a un mois, appelle les citoyens américains à éviter de voyager près de la frontière libyenne ou dans les régions montagneuses de l'ouest de la Tunisie et de faire preuve de prudence dans tous les endroits fréquentés par les touristes en Tunisie. Les citoyens américains sont invités à éviter les rassemblements politiques, les grandes foules et les manifestations et d'être attentifs à la possibilité d'enlèvement, selon le ministère US des Affaires étrangères. « Les voyageurs qui envisagent des déplacements à l'intérieur de la Tunisie devraient évaluer les conditions et les itinéraires à emprunter lors de la mise au point des plans de voyage, » conseille le département d'Etat. » Plus particulièrement, tous les voyages au sud de la zone militaire dans le Sud du pays doivent être coordonnés à l'avance avec les autorités tunisiennes », ajoute-t-il. D'aucuns se demandent de quels touristes américains parlent le département d'Etat US. Quand bien même la destination Tunisie est désertée par ces principaux clients étrangers, notamment américains, depuis les attentats du musée du Bardo en mars et Sousse en juin 2015. Faut-il encore que ces touristes américains dont parle le département d'Etat US soient d'abord visibles dans le Grand Tunis et les stations balnéaires avant de les dissuader d'effectuer un tourisme saharien ou se rendre aux régions frontalières avec la Libye ou aux régions montagneuses de l'ouest, allusion faite aux frontières avec l'Algérie. Or, aucun touriste américain ne s'est déplacé, par le passé, dans ces régions montagneuses près des frontières algériennes. Pressentant que "cette année la demande va s'exprimer de façon tardive", l'Office national tunisien du tourisme (ONTT) prépare une "mission d'expertise" consistant à emmener des voyagistes et des journalistes français à constater sur place l'amélioration de la situation sécuritaire et des infrastructures touristiques tunisiennes. "Eductour" Ce déplacement se fera avant la fin mai, tandis qu'une campagne de communication auprès du grand public sera diffusée entre temps "pour susciter la curiosité", explique M. Hamam. En outre, une centaine d'agents de voyages français participeront fin mai à un "éductour", pour tester les offres d'hébergement locales. La France n'est pas le seul pays visé: début mars, plus de 400 agents de voyages russes ont ainsi pris part à un "éductour" à Djerba, et d'autres sont déjà programmés à Hammamet, ou encore à Sousse. La Tunisie accueillera aussi en avril un congrès des agents de voyages hongrois, ainsi qu'un "méga éductour d'agents de voyages algériens", énumère le directeur de l'ONTT, qui a également fait le déplacement au salon ITB à Berlin début mars pour sonder les voyagistes allemands. L'enjeu est crucial pour la Tunisie, dont 7% du produit intérieur brut (PIB) est directement généré par le secteur du tourisme, durement affecté par les attentats de 2015: les recettes du secteur ont chuté d'un tiers l'an dernier, le nombre de visiteurs européens plongeant de plus de moitié.