Une baisse de 50% dans la contrebande de carburant et celle des produits subventionnés a été enregistrée aux frontières ouest durant le premier trimestre de l'année. Lancé le 25 janvier dernier, le plan gendarmerie spécial frontières dit «Lala Maghnia» semble exercer une impressionnante pression sur l'activité de la contrebande sur toute la bande frontalière ouest notamment celle dépendant de la wilaya de Tlemcen, plaque tournante de multiples trafics depuis la fermeture des frontières entre les deux pays. Plusieurs familles des deux côtés de la bande frontalière continuaient à se rendre visite illicitement sans que cela ne cause d'énormes problèmes même si quelques produits notamment le carburant et les produits alimentaires subventionnés traversaient la frontière d'une manière illégale que les habitants des frontières ne considéraient nullement comme un «crime économique». Cela avant que la contrebande ne prenne de l'ampleur en devenant une activité criminelle organisée pratiquée par des réseaux entre les deux pays où d'énormes quantités de carburant notamment sont exportées illégalement vers le Maroc portant atteinte à l'économie nationale en général et à la disponibilité du produit pour les nationaux en particulier. En effet, des dispositifs de surveillance et de lutte ont été mis en place et renforcés en permanence afin de maîtriser la situation face à une mafia qui s'est spécialisée en la filière. L'étude de la carte de criminalité en général et celle du trafic transfrontalier en particulier dans la région a mené les services de la Gendarmerie nationale à réfléchir sur un plan plus efficace lancé à partir de Maghnia. Il consiste, selon les explications du commandant de groupement de gendarmerie de Tlemcen, le colonel Mohamed Salah Refada, au renforcement des ceintures de sécurité tout en commençant par le tracé frontalier. En effet, les tranchées effectuées depuis près de deux années le long de la frontière pour empêcher le passage des véhicules et d'autres moyens de transports de marchandise viennent d'être retapées pour devenir plus larges et plus profondes réduisant considérablement les chances de tout transit. Ces tranchées, bien qu'elles ne soient pas très esthétiques pour les 45 villages frontaliers trouvent leur importance dans les résultats obtenus dans les semaines qui ont suivi leur réaménagement. Les avis des habitants de ces villages concernant ce dispositif diffèrent entre ceux qui témoignent d'un recul, voire disparition totale de la contrebande et ceux qui considèrent que les autorités devraient trouver des alternatives à ce «commerce» à partir duquel vivaient leurs familles, à savoir, que la région ne compte presque aucune usine ou autres moyens pour absorber le chômage. L'agriculture demeure la seule alternative mais pas à la portée de tous, vu le manque de moyens et d'aides notamment en ce qui concerne l'irrigation, en plus les jeunes de ces villages se disent ne pas être obligés à devenir agriculteurs mais doivent avoir plus de choix comme ceux des autres villes. La bonne nouvelle est que nos interrogations sur ce point ont obtenu une réponse relativement rassurante : la zone industrielle de Beni-Damou devra être «redynamisée prochainement» au profit de la population frontalière. Démolition de 38 dépôts de stockage de produits destinés à la contrebande Visitées samedi et dimanche, les zones frontalières dépendant de la wilaya de Tlemcen connaissent tout un nouveau décor: mur barbelé côté marocain et d'énormes tranchées côté algérien font constater une séparation concrète entre les deux territoires. Outre les tranchées, la Gendarmerie nationale a renforcé la présence des gardes-frontières le long de la frontière par un renforcement de postes avancés, une réduction des distances entre ces postes et la mise en place de camps de GGF près des villages frontaliers ainsi que la mobilisation en permanence par le 2e commandement régional d'Oran d'un hélicoptère pour la surveillance des frontières à Tlemcen ainsi que plusieurs unités d'intervention selon les besoins. Le colonel Refada nous informe, également, qu'en coordination avec les services de la wilaya, il a été procédé à la démolition de pas moins de 38 hangars près des frontières où tous types de marchandises notamment le carburant et les aliments subventionnés destinés à la contrebande sont entreposés. Il explique que des personnes transportaient avec des registres de commerçants d'importantes quantités de marchandises qui dépassent largement les besoins des localités pour les stocker avant de les «exporter» illégalement vers l'autre côté de la frontière. Une décision qui ne semble pas trop plaire à ces «commerçants» qui n'admettent pas qu'il s'agit de la contrebande mais de «gain de vie légitime». En effet, les multiples démolitions font partie du nouveau décor de la région et semblent exercer une réelle pression sur les spécialistes en contrebande. Le plan «Lala Maghnia» ne s'arrête pas à la bande frontalière mais touche l'ensemble du territoire de la wilaya puisque en s'éloignant du tracé vers la ville, la deuxième ceinture de sécurité fait progressivement son apparition par des patrouilles, des points de contrôle sur l'ensemble des axes routiers, des brigades territoriales et différents dispositifs planifiés par la gendarmerie ou en coordination avec les services de douane dont des points de contrôle mixtes. Ceci sans oublier la mobilisation l'année dernière d'une brigade de recherche et d'investigations qui suit les traces de tout renseignement et détecte de près les mouvements suspects permettant de résoudre plusieurs affaires de crime organisé et le démantèlement de multiples réseaux spécialisés notamment en narcotrafic. En termes de résultats, le colonel Abdelhamid Kerroud, responsable de la communication au commandement de la gendarmerie, explique le bilan trimestriel faisant état d'une réduction de 50% dans tous les trafics et est le fruit «d'une mobilisation efficace permettant d'exercer une pression sur les réseaux et de maitriser l'hémorragie de la contrebande». A titre indicatif, les saisies de carburant durant le premier trimestre de l'année avoisinaient les 120 000 litres contre 460 000 durant la même période de l'année 2015. Aussi, le centre de distribution de carburant de Remchi qui enregistrait 4 400 camions citernes par jour reçoit actuellement une moyenne de 2 250 engins par jour suite à la baisse de la demande. En effet, les 68 stations-services de la wilaya consomment moins rapidement leur réserve qui arrivent à tenir jusqu'à une semaine alors qu'auparavant elle tenait au maximum cinq heures sans oublier les interminables files d'attente qui ont carrément disparu. En somme, la crise du carburant n'est plus ressentie dans cette wilaya longtemps considérée comme étant la plaque tournante de la contrebande de cette matière. Les saisies de drogues et de produits alimentaires ont également connu une baisse notable, à savoir, que même les prix de certains produits ont connu une baisse sur le marché. Les initiateurs de plan «Lala Maghnia» ont, par ailleurs, tenu à souligner que le choix de l'appellation vise à redonner à cette ville son image historique glorieuse ternie par les activités illicites aux frontières algéro-marocaines.