Le ministre des Affaires maghrébines, de l'Union africaine et de la Ligue des Etats arabes, Abdelkader Messahel, s'est rendu, hier, à Damas, capitale syrienne, pour présider le Comité de suivi algéro-syrien. C'est le premier responsable algérien qui se rend en Syrie depuis le début du conflit qui a mené plusieurs pays dans des débats houleux, entre ceux qui sont pro-gouvernement Bachar Al-Assad et ceux qui soutiennent l'opposition. Il est probable que cette visite soit critiquée comme l'a été celle de son homologue en Algérie, le ministre syrien des Affaires étrangères, en mars dernier. Par contre, en analysant l'envers du décor de cette visite historique, elle semble y avoir un aspect favorable pour la diplomatie algérienne. Cette apparition d'un haut responsable algérien dans un pays comme la Syrie donne au pays plus d'allure, marque son autorité et son indépendance dans la prise des décisions. En effet, la diplomatie algérienne n'a reçu de feu vert de personne pour effectuer cette visite. L'Algérie a été claire et nette, dès le début, elle ne se mêle pas des affaires des autres. La visite du ministre des Affaires maghrébines, première en son genre depuis le déclenchement de la guerre en Syrie, vient dans une conjoncture qui confirme la position de l'Algérie quant à la résolution des conflits par le dialogue et non pas par les armes. En effet, le climat en Syrie ne promet pas une fin prochaine et une transition vers la paix tant que les armes sont toujours levées. Rien qu'hier, 14 civils ont été tués à Alep dans de nouveaux bombardements. La province d'Alep, théâtre de combats entre armée, terroristes et combattants kurdes, connaît depuis début avril une escalade de violence avec des affrontements impliquant pratiquement tous les belligérants de la guerre qui a fait plus de 270 000 morts depuis 2011. Comité de suivi algéro-syrien Cette visite entre dans le cadre de la 2e session du Comité de suivi algéro-syrien. Cette réunion a été co-présidée par Abdelkader Messahel et le ministre syrien de l'Economie et du Commerce extérieur, Hammam El-Jazairi, durant laquelle les deux parties ont examiné les différents abords de la coopération bilatérale et les moyens de la promouvoir, selon un communiqué du ministère des Affaires étrangères. Lors de sa visite à Damas, le ministre des Affaires maghrébines s'est entretenu avec de hauts responsables syriens sur la situation prévalant dans la région et les développements régionaux et internationaux d'intérêt commun. Cette visite, particulière en son genre sur le plan politique international, vient confirmer la position neutre de l'Algérie dans le règlement des conflits. En effet, la partie algérienne ne prend part à aucun clan, elle a toujours réaffirmé sa neutralité. La politique de «non-ingérence» Au cœur de la crise syrienne, la diplomatie algérienne reste catégorique quant à sa décision d'opérer pour un règlement des conflits, en évitant le recours aux armes. Pour l'Algérie, la stabilité et la paix, que ce soit en Syrie ou en Lybie ou n'importe quel pays touché par la guerre civile, sont tributaires du dialogue politique. La politique algérienne de non-ingérence dans les affaires internes des autres pays a été marquée par la visite en Algérie, en mars dernier du ministre syrien des Affaires étrangères, Walid El-Moallem. Peu après cette visite, l'Algérie a reçu des critiques de pas mal de pays, l'accusant de prendre position. Pour dissiper tout malentendu, le président de la République, Abdelaziz Bouteflika a dépêché en début du mois en cours un émissaire en Arabie Saoudite. Il s'agissait de son conseiller spécial, Tayeb Belaïz, qui avait porté un message au roi Salmane Ben Abdelaziz Al-Saoud. Le chef de l'Etat avait réaffirmé dans son message les positions de l'Algérie vis-à-vis de certaines questions sensibles que connait la scène arabe sont sous-tendues par son legs historique quant à la non-ingérence dans les affaires internes d'autres pays, et ne sont pas, contrairement à ce qui pourrait être perçu, une opposition à des partenaires arabes.