Ces dernières semaines, plusieurs hauts responsables de l'armée américaine ont annoncé avoir considérablement musclé leurs attaques contre l'organisation Etat islamique (EI) sur Internet. Ces opérations sont pilotées par le Cybercommand, une unité placée auprès du Pentagone, pour ce qui constitue sa première véritable opération depuis sa création, il y a six ans. Selon la presse américaine, c'est notamment la première fois que des ordres offensifs précis sont adressés à cette unité chargée de la «cyberguerre». Usurper l'identité des combattants de l'EI Organisés en petites unités opérationnelles, à la manière des forces spéciales, les hackers de l'armée américaine ont pour objectif de perturber la chaîne de commandement de l'EI, mais aussi d'interrompre ou dérouter les flux financiers internes, comme la paie des combattants. Bref, «perturber le fonctionnement quotidien de l'EI», comme l'écrit le New York Times, un cran au-dessus d'une simple surveillance des communications. Toujours selon le quotidien de la côte est, les pirates – après avoir longuement espionné les commandants djihadistes de l'organisation – sont désormais en mesure d'usurper leur identité afin d'envoyer les combattants sous leurs ordres dans des zones où l'armée américaine peut plus facilement les frapper. Les hauts responsables américains ont confirmé à plusieurs reprises, ces dernières semaines, l'existence de ces cyberattaques menées contre l'EI. C'est le ministre de la Défense, Ashton Carter, qui a ouvert le bal, le 29 février. Les hackers américains ont pour mission «de surcharger les réseaux de communication de l'EI» et de leur faire «perdre confiance» dans leurs moyens de communication, a-t-il expliqué. «Nous perturbons les communications au sein de leur chaîne de commandement», reconnaissait Barack Obama depuis le siège de la CIA, le 13 avril. «Les objectifs sont d'interrompre la chaîne de commandement de l'EI, de perturber sa capacité à faire circuler de l'argent», a répété de son côté le ministre de la Défense Ashton Carter lors d'une longue audition devant la commission des forces armées du Sénat américain, jeudi 28 avril. Le chef d'état-major interarmées, le général Joe Dunford, a indiqué, le même jour, que les Etats-Unis tentaient même «d'obtenir un isolement virtuel» des djihadistes.