Le débat sur la qualité des Mig 29 livrés par la Russie à l'Algérie fait irruption au moment où le lexique militaire est enrichi par une nouvelle terminologie, la cyberguerre. Ce concept qui annonce la révolution dans le monde militaire déclasse totalement «la quincaillerie» des Rafales français et les Mig «frelatés» de Russie. C'est la troisième génération dans la doctrine militaire depuis la Première Guerre mondiale. Celle-ci avait laissé tomber l'infanterie de cavalerie pour passer à la baïonnette avant de l'abandonner au profit de ses chars, des bateaux et des avions. Ces derniers sont à leur tour aujourd'hui obsolètes au yeux des nations qui surfent sur un autre registre. La nouvelle doctrine militaire intègre la cyberattaque comme une composante des stratégies de guerre. Bien évidemment, les Américains à la pointe dans ce domaine. En 2002 déjà, le président George W.Bush signait la directive présidentielle sur la sécurité nationale. Cette directive ordonnait au gouvernement américain de préparer des plans nationaux de lutte électronique offensive contre des ennemis potentiels. En mars 2005, au cours d'une audience au Sénat américain, l'US Strategic Command (Stratcom) révélait l'existence du Joint Fuctional Component Command for network Warfare (Jfccnw). Il s'agit tout simplement d'une unité composée de «hackers» au service de l'armée américaine, dont la mission prioritaire est la protection des réseaux du ministère de la Défense américaine. Il apparaît donc clairement que la cyberguerre est incontestablement une option de la politique étrangère américaine. La Chine n'est pas, en reste, de cette nouvelle stratégie puisqu'elle travaille efficacement pour atteindre le rang des grandes puissances sur l'échiquier international. Depuis 1990, le géant asiatique développe ses capacités de cyberguerre. La volonté de la Chine est de se concentrer sur les failles technologiques adverses. Malgré son marasme économique, la Russie conserve de réelles capacités en matière d'espionnage et possède toujours d'importantes ressources, notamment humaines. Les capacités de cyberguerre russes ont été mises en lumière depuis le milieu des années 90 et trouvent leur illustration dans le cadre du conflit tchétchène. De même que l'Inde promet des surprises dans ce domaine de pointe. En effet, le projet de réforme de l'armée indienne, datant de 1998, prévoyait qu'avant 2002 tous les officiers supérieurs devraient être formés à l'informatique. En 2002 est née l'Université de défense nationale (National Defense University) dont l'objet est la guerre de l'information et la révolution numérique. Récemment, les premiers diplômés d'une licence en informatique sont sortis de cette université. Avec de pareils procédés, il est possible aujourd'hui de paralyser tout un pays sans pour autant l'attaquer avec des armes conventionnelles, comme les bombes et les missiles. Des spécialistes militaires pensent qu'une cyberattaque sur les infrastructures sensibles pourrait sérieusement déstabiliser l'économie d'un pays. Elle peut avoir des interactions imprévisibles: autant une attaque traditionnelle engendre des effets et des dommages immédiats, autant une attaque cyberterroriste peut induire des effets innombrables, comme la rupture d'approvisionnement en électricité, des perturbations dans les transports, les télécommunications et même paralyser les places boursières. C'est à ce niveau que se situe aujourd'hui le débat sur les armes et «les guerres nouvelles». L'Algérie, malgré son désir d'acquérir une capacité offensive dans ce domaine, reste très en retrait. Pour l'instant, le débat est réduit à la qualité des Mig29.