Des dizaines de familles de harraga disparus en mer ou détenus dans les geôles tunisiennes ont tenu, hier dans la matinée, un sit-in de protestation devant le consulat de Tunisie à Annaba. Ils étaient soutenues dans leur action par le président de l'Association des familles des haraga portés disparus, Kamel Belabed. «Libérez nos enfants, rendez-nous nos enfants», criaient-ils devant le consulat en question. De nombreuses familles sont toujours à la recherche de leurs fils portés disparus ou retenus par les services pénitentiaires en territoire tunisien. De toute évidence, ces parents, es pères et des mères, contestent les mesures souveraines des autorités de Tunis qui ignorent leur problématique. Le consul tunisien à Annaba a reçu deux représentants des familles de haraga et une requête lui a été remise. Et comme à chaque fois, le diplomate tunisien a promis de la remettre aux autorités tunisiennes compétentes. L'avocat des familles de haraga, Me Zerguine Kouceila, a lancé un ultimatum d'une semaine aux autorités tunisiennes pour libérer lesdits détenus, sinon une plainte à l'encontre de l'Etat tunisien sera déposée au tribunal de Genève. L'avocat a souligné qu'un recours va être déposé auprès de l'ONU. «Nous allons faire recours aux mécanismes de protection des droits de l'homme, plus exactement les procédures spéciales de l'ONU pour déposer une nouvelle fois 90 plaintes contre l'Etat tunisien devant le groupe de travail contre la disparition forcée. Le 17 mai prochain, je serai à Genève pour rencontrer le président du groupe de travail contre les disparaitrions forcées», a indiqué l'avocat des haraga. Une personne noyée et huit autres disparues au large de la Tunisie Le 31 janvier 2016 a été dramatique pour 14 candidats à l'immigration clandestine qui ont pris le large à bord d'une embarcation en bois équipée d'un moteur à partir de la plage de Sidi Salem. Selon nos informations, la majorité de ces haraga originaires des villes d'Annaba et d'El Tarf ont vu leur embarcation chavirer dans les eaux territoriales pour être interceptée ensuite par les gardes-côtes de la marine nationale au lieudit Segleb, une plage située à la frontière algéro-tunisienne. Presque tous sont portés disparus et seules cinq personnes ont survécu au naufrage. Parmi les 8 individus qui se sont certainement noyés, un corps a été repêché lors d'une opération de sauvetage qui a duré toute la nuit à l'aide de quatre semi-rigides de la marine nationale et 4 maîtres nageurs dépêchés par l'unité de la Protection civile de la wilaya d'El Tarf qui n'ont pas réussi à repêcher les autres corps, nous a-t-on informé. Depuis le mois de décembre 2015, le phénomène de l'immigration clandestine a repris avec force comme ce fut le cas depuis son extension durant l'année 2006. L'exploit qu'avaient des jeunes du quartier de la Plaine-Ouest d'Annaba avec 21 embarcations de fortune qui avaient pris le large et qui sont arrivés sur l'autre rive pendant la période de décembre à janvier 2016 a poussé de nombreux candidats à tenter leur chance. Soit 200 candidats ont réussi à atteindre l'autre rive de la Méditerranée et environ 250 autres ont été interceptés durant cette même période, révèle-t-on.